ImprimerUn essai récent montre que les vins charnus n'ont rien à craindre de la filtration tangentielle.
Trois ans de suite, l'ITV d'Angers a comparé la filtration tangentielle à la filtration sur terre. Ces essais ont eu lieu dans des caves du Val-de-Loire lors du printemps ou de l'été suivant la récolte. Ils ont porté sur des volumes de 30 à 2 000 hl. Chaque lot a été partagé en deux. Une moitié fut confiée au caviste afin qu'il la traite avec la terre de son choix. L'autre moitié fut filtrée au travers d'un appareil prêté par Koch Romicon, Pall, Sartorius ou Vaslin-Bucher.Trois mois après, les vins sont dégustés. La comparaison tourne à l'avantage des tangentiels. En mai et juin 1999, six vins de 96 et 97 passent une seconde fois devant un jury. Quatre d'entre eux avaient été jugés égaux au départ. Ils le sont encore. Deux autres avaient été préférés à l'issue de la filtration tangentielle. Le premier, un anjou rouge de 97, obtient la même note que sa contrepartie filtrée sur terre. Le second, un saumur blanc de la même année, est à nouveau mieux apprécié.Que la filtration tangentielle réussisse aux blancs, les travaux de l'ITV n'en apportent que la confirmation. Qu'elle convienne aux liquoreux, le fait est moins bien établi. Mais régulièrement, des éléments nouveaux viennent le consolider. Il suffit de voir les domaines qui s'en équipent : ils comptent parmi les plus prestigieux.Le château Suduiraut (Preignac, Gironde) a franchi le pas en 1997. Il a testé quatre marques. Aucune ne s'est distinguée lors des dégustations. Ce constat rejoint celui de l'ITV d'Angers qui a jugé les matériels comparables. Le château a fait affaire avec Seitz, dont l'offre était la plus attrayante. 'Les années difficiles, nous avons des vins qui ne déposent pas, confie Alain Pascaud, le régisseur. La filtration tangentielle rend leur goût plus net.' Le procédé présente un autre avantage, appréciable pour les vins qui combinent le SO2 : il élimine les levures. Alain Pascaud peut ainsi les réentonner afin qu'ils poursuivent un élevage long. La fermentation ne risque pas de redémarrer. Cependant, les bonnes années, les filtrations précoces ne sont pas nécessaires et, avant la mise en bouteille, des plaques lâches suffisent. Le filtre Seitz n'a pas d'utilité.Restent les rouges. Là, les travaux de l'ITV d'Angers sont plus originaux. Selon une idée courante, cette couleur redouterait plus que les autres la filtration tangentielle. Or, les saumurs, les anjous ou le chinon n'en ont pas souffert. Bien d'autres observations montrent que les craintes ne reposent sur rien. Un cru classé du Bordelais a constaté qu'une filtration précoce sur un appareil tangentiel était moins traumatisante que sur terre. Malgré cela, il a abandonné l'idée de s'en équiper. Il s'est orienté vers un élevage long, au terme duquel une plaque lâche assure l'absence d'impuretés dans ses vins clarifiés naturellement par le temps, puis un collage.'Avec les rouges de bonne structure, nous n'avons aucun problème, confirme Jean-Marie Portier, du groupement de producteurs Univitis (Les Lèves-et-Thoumeyragues, Gironde). En revanche, avec les vins un peu maigres, blancs ou rouges, c'est plus délicat.' Cette entreprise s'est équipée chez Pall, après avoir essayé d'autres marques sans avoir vu de différences sur le plan de la qualité. Là encore, c'est la meilleure offre qui fut retenue.