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Prévenir les tendinites

La vigne - n°103 - octobre 1999 - page 0

La prévention des douleurs périarticulaires porte sur la préparation physique, l'organisation du travail, sur le choix du sécateur et son entretien.

Dans le vignoble, la durée de la période de taille tend à s'allonger, que ce soit du fait d'une spécialisation des tâches au sein des équipes ou d'une augmentation des surfaces. 'Il y a quinze ans, une personne pouvait vivre avec une dizaine d'hectares dans notre région ; aujourd'hui, il en faut le double. Bien souvent, les chefs d'exploitation n'ont plus d'ouvriers permanents ; ils font appel à des tailleurs à façon en appoint. Mais il n'est pas rare de voir des vignerons qui taillent 15 ha à eux seuls durant la saison', souligne un conseiller viticole du Languedoc.La maîtrise des coûts amène à rechercher une augmentation de la productivité du travail, mais cela peut se traduire par des problèmes de santé lorsque le corps est soumis à de rudes efforts. Un tailleur donne en moyenne, 10 000 coups de sécateur par jour, durant trois mois. Ce rythme intensif peut entraîner une inflammation des tendons au niveau des articulations du poignet, du coude ou de l'épaule, provoquant des douleurs lors du mouvement ou des fourmillements nocturnes.'Les tendinites apparaissent souvent durant la première semaine, quand le corps n'est pas encore entraîné, ou en fin de saison, lorsqu'il a trop forcé. Pour les éviter, il vaut mieux commencer en douceur les premiers jours, le temps de se faire le poignet, et alterner ensuite dans le courant de l'hiver différents types de travaux, pour laisser aux articulations la possibilité de se reposer de temps en temps', explique Yvon Gabignon, médecin à la MSA de la Marne. Au quotidien, le démarrage doit être progressif. Les massages avec une pommade chauffante avant de commencer le matin ont un effet bénéfique, de même que le port d'une bande souple au poignet, qui évite à l'articulation de se refroidir tout en la maintenant dans l'axe du bras.Pour prévenir les problèmes, il faut utiliser un sécateur bien adapté à la main et au travail à effectuer. Les sécateurs manuels ne doivent pas être trop grands pour la main de l'utilisateur et pour les gauchers, ils doivent avoir une forme spécifique.L'ergonomie est importante. Les manches tournants, par exemple, répartissent l'effort musculaire sur les cinq doigts et facilitent le geste. Pour ne pas trop tirer sur les tendons, il faut éviter de forcer avec un sécateur à une main sur un sarment de gros diamètre et penser à faire suivre à la vigne un sécateur à deux mains. Les sécateurs assistés évitent les efforts de coupe, mais ont l'inconvénient d'être plus lourds, ce qui finit par fatiguer aussi le poignet et le bras.Autre point essentiel à ne pas négliger, l'affûtage des lames. 'Avec un sécateur manuel, il faut deux fois plus d'efforts pour couper un sarment si la lame n'est pas bien aiguisée', souligne Josyan Marcet, de chez Sandvik. Cette entreprise a récupéré en fin de campagne une série de lames de sécateurs manuels, qu'elle a étudiées et testées. Près de la moitié n'avaient pas été affûtées ; parmi celles qui l'avaient été, le résultat n'était pas toujours bon. 'Pour rafraîchir le tranchant, il faut respecter un angle de 20 à 25° entre la lame et la pierre, l'aiguiser en partant de la base pour aller vers l'extérieur et vers la pointe ; la pression doit être légère et régulière. Après avoir donné dix ou vingt coups de pierre, il faut retourner la lame et donner deux ou trois coups légers pour enlever le morfil et éviter qu'il n'encrasse le tranchant', explique-t-il.Les pierres naturelles et les pierres reconstituées doivent être humidifiées, alors que les pierres en céramique s'utilisent à sec. La fréquence d'affûtage dépend de la dureté du bois, du type de taille et du rythme de travail. En moyenne, il faut affûter au moins une fois par demi-journée. Cela ne prend que deux ou trois minutes, largement rattrapées par la suite, le travail étant plus rapide lorsqu'il demande moins d'efforts. Le nettoyage et le graissage quotidien facilitent la coupe, de même que le réajustage régulier de la lame sur la contre-lame.'Pour diminuer la fréquence d'affûtage, nous avons mis au point un revêtement spécial des lames, qui sera disponible cette année sur nos sécateurs électriques', explique-t-on chez Felco. Car les sécateurs assistés ont aussi besoin d'être affûtés! Lorsque le tranchant s'émousse, la coupe n'est plus franche. Cela gêne la cicatrisation et facilite la pénétration des maladies. Les lames s'usent plus vite et les pièces mécaniques forcent, pouvant réduire la durée de vie du sécateur.Sur les systèmes pneumatiques, il est toujours possible d'augmenter un peu la pression pour compenser le manque de tranchant, mais sur les électriques, c'est l'autonomie qui se trouve réduite. 'Le sécateur consomme quatre fois plus de courant lorsque la lame est mal aiguisée', explique Daniel Delmas, de chez Infaco. Pour préserver la qualité de coupe, il faut affûter sur toute la largeur du biais de façon à conserver l'angle de pénétration de la lame. L'affûtage ne doit pas être concentré sur le milieu de la lame, car cela tendrait à l'aplatir. La courbe produit un effet de tirant qui facilite la pénétration dans le bois. Elle doit donc être conservée le plus longtemps possible.

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