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Après dix ans d'essais les filtres tangentiels ont fait leurs preuves

La vigne - n°103 - octobre 1999 - page 0

En vertu des idées communément admises sur la filtration, les filtres tangentiels devraient nuire aux vins. Or, il n'en est rien. Il est grand temps de revoir certaines théories fumeuses et dépassées.

Les preuves sont là. A la sortie d'un filtre tangentiel, les vins sont aussi bons, voire meilleurs qu'à la sortie d'un filtre à terre. Ces appareils sont un paradoxe. Ils contredisent totalement les idées reçues sur la filtration. Leurs membranes ont des pores de 0,2 micron. Ceux des cartouches les plus fines mesurent 0,45 micron. Or, ces cartouches sont dites stérilisantes. A lui seul, ce qualificatif suffit à faire peur, car le vin ne saurait être stérilisé, même pas pour assurer sa conservation.De plus, les filtres tangentiels brassent des volumes énormes avant de libérer quelques gouttes de vin brillant. Ils devraient donc dépouiller en vertu du fait que plus les pores d'une membrane sont fins, plus ils retiennent de substance. Ils devraient matraquer, car chaque brassage comporte un risque d'oxydation et de perte de gaz carbonique. Mais en l'occurrence, ces deux principes ne s'appliquent pas. Les filtres tangentiels respectent les vins. Le temps où ils provoquaient des échauffements inconsidérés et où ils retenaient couleur et tanins est révolu. C'était au début des années quatre-vingt, lorsque les premiers essais eurent lieu. Depuis, d'intenses recherches sur les membranes ont permis de trouver des matériaux adéquats. Ce fait est d'autant plus difficile à admettre qu'en l'espace de quelques années, un idéal s'est imposé auprès des critiques et des vignerons : celui de ne pas filtrer les rouges. On ne conçoit plus d'élaborer autrement un grand vin de cette couleur. Et cette conception déteint sur l'ensemble des productions, même les plus modestes.Elle fait porter sur la filtration le soupçon d'abaisser tous les vins rouges en les privant de matières agréables au goût et utiles au vieillissement. Pourtant, elle est bel et bien nécessaire à la clarification et à la stabilisation de ceux qui doivent être mis sur le marché rapidement. Et la filtration tangentielle y parvient d'un coup, là où les autres procédés requièrent de s'y reprendre au moins trois fois. En cela, elle est révolutionnaire. Elle a ravi les cavistes qui y ont goûté. Mais cette merveille conçue par des ingénieurs ne se contente pas de heurter les schémas de pensée des commentateurs influents. Elle inquiète aussi les financiers. Comment l'amortir? Pour un débit équivalent, elle représente un investissement sans commune mesure avec les filtres à terre, qu'elle prétend remplacer. Comment l'amortir : d'abord, en arrachant de bonnes remises et de sérieuses garanties de durée de vie aux constructeurs. Ils se bousculent à l'entrée des chais, du moins les plus en vue. Bien des affaires se sont traitées 15% en dessous des tarifs officiels. Les sommes en jeu se chiffrant en centaines de milliers de francs, une négociation réussie rapporte gros. Dans ce bras de fer, les vignerons sont en position de force. Les constructeurs ont encore besoin d'étoffer la liste de leurs références. Il leur reste à convaincre le monde viticole que l'épouvantail des 0,2 micron n'est qu'un minuscule tigre de papier et que leurs équipements s'amortissent malgré leur coût très élevé. Etant donné les a priori actuels, ils ont encore fort à faire, bien que les mentalités changent lentement en leur faveur.

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