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La mécanisation, une avancée capitale

La vigne - n°104 - novembre 1999 - page 0

Après les tracteurs et la pulvérisation au cours de l'après-guerre, l'apparition de la machine à vendanger en 1970 fut un détonateur. Dans la foulée, la plupart des travaux se sont mécanisés.

En comparant des photos de travaux viticoles du début du siècle (p.62-63) à celles d'aujourd'hui, une chose saute aux yeux : le nombre de personnes affairées à la tâche! Des paires de bras jadis, des automates de nos jours. C'est une tendance lourde de ce siècle qui se termine : la machine a, en partie, remplacé l'homme. C'est le recul de la pénibilité du travail. 'La première forme de mécanisation fut de gratter la terre entre les ceps', rappelle Jean Renaud (80 ans), auteur D'un siècle de tracteurs agricoles. D'abord, avec une simple bêche, ensuite avec le cheval et la charrue (1880-1890). En 1900, quelques engins à vapeur sillonnent les campagnes, puis le moteur à explosion prend le relais. Certains paysans, par crainte, y mettent cependant le feu... En 1915, il y a 2 000 tracteurs en France. L'un des premiers tracteurs étroits est de la marque Citroën. Les pulvérisateurs à dos (Vermorel) sont déjà là. Jusqu'en 1945, on voit des motoculteurs et des treuils dans les vignobles en pente. L'un des apports clés de l'époque est le début des pneumatiques montés en série (1932).Dès 1945, les aides amenées par le plan Marshall donnent un coup de fouet à l'équipement dans l'Hexagone. En 1956, les pouvoirs publics encouragent le Diesel, et ce moteur s'impose. L'hydraulique se généralise et le tracteur devient un outil à tout faire... comme le cheval auparavant : labours, traitements, apports organiques... C'est l'arrivée du tracteur-enjambeur qui permet à la viticulture de rattraper son retard relatif sur les grandes cultures. Nous sommes à la fin des années 50. Le constructeur bourguignon Bobard en est l'un des symboles. Toute la viticulture septentrionale et bordelaise est intéressée : on va plus vite et surtout on peut faire les travaux, en particulier les traitements, au bon moment.Ce sont les années où les plus grands constructeurs mondiaux (Renault, Fiat, Ford...) s'intéressent à notre filière. La notion de 'tracteur vigneron' émerge : plus petit, étroit et de moindre puissance.Pour diffuser l'information, c'est le début des grandes démonstrations spécialisées : La Valette, près de Montpellier, Cadillac en Gironde... 'On y a très souvent vu des moutons à cinq pattes.', indique un ancien. On maîtrise mieux la liaison tracteur-outil, les appareils de culture et ceux de traitements. 'Il n'y a que depuis vingt ans que les vignerons ont pris conscience qu'on pouvait traiter mieux..., estime un fabricant de pulvérisateurs. Nous ne leur avons pas toujours dit 'stop' non plus... Ce sont plus les mentalités que les techniques qui ont évolué. Dans ce domaine, l'avenir pourra être d'effectuer en un seul passage un traitement de couverture et un localisé.''Ce qui paraissait inimaginable est arrivé en 1970, commente un technicien, la machine à vendanger.' La première automotrice débarque dans le Midi. C'est une américaine (Chisholm-Ryder) avec secouage latéral, convoyeurs de vendange à tapis et nettoyage par ventilation. Dans l'Hexagone, au cours de cette même décennie, Braud, Coq, Femenia, Howard et Vectur se lancent dans l'aventure. Les ventes s'envolent avant de se stabiliser. Aujourd'hui, 70% des 880 000 ha français seraient récoltés de la sorte.'Si on peut le faire pour la vendange, pourquoi pas pour la taille, l'autre tâche 'dévoreuse' de main-d'oeuvre, se sont interrogés de nombreux vignerons. C'était le déclic, analyse Jean-Pierre Pettavino, directeur général de Pellenc (Vaucluse). Ce fut alors les prétailleuses et, dans la foulée, la taille assistée.'Au cours des années 80, l'épamprage, le rognage, l'effeuillage... ont suivi. De nombreuses PME ont investi dans ces matériels spécifiques, l'amélioration des revenus aidant. Nous avons même le liage. D'après les spécialistes, la viticulture hexagonale est la plus mécanisée du monde. Du côté des tracteurs, c'est l'homme qui est au centre des préoccupations, avec le confort et la sécurité. On en vend moins mais ils sont mieux équipés. L'électronique embarquée est partout. La viticulture de précision est sur toutes les lèvres. 'La deuxième phase de la mécanisation sera plus intelligente, indique-t-on chez Pellenc, plus mesurée, plus scientifique avec d'importants investissements dans la recherche et le développement.' L'avenir, c'est aussi le retour au travail du sol.

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