La mise en place et l'évolution des moyens de formation et de d'information ont suivi les mutations du métier de vigneron. Plus il est devenu complexe, plus le besoin d'apprendre s'est fait sentir.
Le vigneron d'aujourd'hui cultive, vinifie, vend, parle parfois anglais, compte, gère son exploitation, encadre ses salariés et doit s'adapter aux évolutions de plus en plus rapides des techniques et des lois... Mais comme cet homme-orchestre n'a pas la science infuse, il se forme : tout d'abord à l'école avant de s'installer, puis tout au long de sa carrière par des stages. Il s'informe également par le biais des conseillers, des réunions et des publications interprofessionnelles, syndicales ou nationales.Il y a un siècle, les formations en viticulture n'étaient pas légion. On trouvait l'école d'agronomie de Montpellier et les écoles pratiques d'agriculture. L'école pratique d'agriculture et de viticulture de Beaune (l'ancêtre du lycée) s'est ouverte en 1885, après l'arrivée du phylloxéra dans la région. On s'en doute, ces écoles étaient réservées à un petit nombre. Ce n'est que dans la seconde moitié du XXe siècle, lorsque le métier a commencé de changer, que de nouvelles voies de formation se sont mises en place. Le diplôme d'oenologue a été créé en 1955. Les oenologues avaient alors une image de chimistes, appelés uniquement au chevet des vins malades. 'Depuis une vingtaine d'années, ils sont devenus des acteurs à part entière de la filière, constate un responsable de formation. On prend un laborantin pour faire les analyses et un oenologue pour faire du vin. Ils remplissent un véritable rôle de conseil et d'assistance.'Le BTSA viti-oeno a aussi été mis en place dans les années 60 dans les lycées de Beaune, Bordeaux et Montpellier. Depuis, des classes se sont ouvertes dans toutes les régions viticoles. Au cours des années, le public a changé. La proportion de jeunes issus du milieu viticole a diminué : au lycée de Beaune, ils représentaient 80% des effectifs il y a quinze ans, contre 40% aujourd'hui. Le constat est le même à Blanquefort et à Montpellier. Un préstage a d'ailleurs été mis en place dans ce dernier établissement avant l'entrée en BTS afin de permettre aux jeunes qui n'ont jamais mis les pieds dans une vigne ou dans une cave de se familiariser avec le sujet. Les formations par apprentissage, assez mal considérées il y a peu encore, sont désormais très demandées. De nombreux cursus sont aussi ouverts aux adultes par le biais de la formation continue.Pour ceux qui sont déjà installés, des stages sont mis en place peu à peu dans toutes les régions en fonction des demandes.En Champagne, les premières formations proposées par le SGV (Syndicat général des vignerons) datent de la création de la TVA, de la convention collective et du bénéfice réel il y a trente ans. 'La diversité et la complexité des problèmes auxquels les adhérents se trouvaient peu à peu confrontés justifiaient ces formations', indique le responsable de la question au syndicat. Depuis dix-sept ans, le SGV a mis en place un programme complet. Les thèmes varient selon le contexte. Au milieu des années 90, la demande en formation commerciale était forte. Désormais, les préoccupations se tournent surtout vers l'environnement.D'autres syndicats ont choisi de laisser la formation aux organismes spécialisés. Dans les côtes du Rhône, le syndicat avait mis en place des formations il y a dix ans pour satisfaire la demande ; peu à peu, il a passé la main. En Loire-Atlantique, les formations sont chapeautées par la chambre d'agriculture. 'On dépasse désormais le simple apport de connaissances pour aller vers davantage d'échanges entre les participants', constate le responsable des formations. On passe de la formation à la formation-action au cours de laquelle les participants s'impliquent et cherchent à mettre en pratique leurs nouvelles connaissances. En Bourgogne, le GJPV (Groupe des jeunes professionnels de la vigne) a lancé son programme en 1984, avec des thèmes sur la commercialisation et l'oenologie.Aujourd'hui, plus de trente stages sont proposés. Mis en place par les professionnels en fonction des besoins ressentis sur le terrain, ils collent parfaitement à la demande. Aux stages s'ajoutent, dans toutes les régions, des soirées ou des journées d'information sur des thèmes définis.L'ITV, créé en 1948, remplit une mission de recherche et de développement et constitue une source importante de connaissances pour la filière. Enfin, encore plus près du terrain et des préoccupations des exploitants, on trouve les techniciens et conseillers, qui se chargent à la fois de mener des expérimentations très pratiques et d'en diffuser les résultats. Certains d'entre eux se sont d'ailleurs regroupés au sein d'un centre d'étude technique agricole qui leur permet de mieux faire circuler l'information technique d'un vignoble à l'autre.'On n'a jamais eu tant d'informations qu'aujourd'hui et tant de mal à communiquer, constate pourtant un conseiller. C'est pourquoi il est essentiel de favoriser le contact entre les professionnels, à l'occasion de stages, de démonstrations de matériels ou de réunions d'information. Car chacun d'entre eux a des connaissances à partager avec les autres.'