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Le kieselgur s'utilise et s'élimine avec précaution

La vigne - n°105 - décembre 1999 - page 0

La manipulation des terres de filtration exige des précautions pour préserver la santé de l'utilisateur. Leur élimination soulève des difficultés liées à la préservation de l'environnement.

Nous avions une autorisation pour mettre nos diatomées à la décharge de la commune jusqu'en 2002, mais en 1998, elle a fermé ses portes, explique Emmanuelle Pouchard, de la cave coopérative de Rauzan (Gironde). Avec une production de 16,5 tonnes de diatomées en 1998-1999, la coopérative a alors pris l'option de l'épandage. Elle a fait appel à Agro Développement, une société spécialisée qui se charge d'épandre les 539 tonnes de boues issues du traitement des effluents de cave et les diatomées. Coût de l'opération : 143 000 F, dont 13 000 F pour les diatomées.Cet exemple montre à lui seul la plupart des problèmes auxquels on se heurte lorsqu'il est question d'éliminer les terres de filtration. Tout le monde estime qu'il vaut mieux les traiter à sec et éviter de les rejeter dans les effluents de la cave. 'Parce que les polluants organiques se trouvent déjà concentrés à l'état solide et qu'il est inutile de diluer cette pollution', dit Pierre-Yves Allard, de l'agence Loire-Bretagne. Cependant, beaucoup de caves jettent encore leurs terres usagées dans les égouts. Pour celles qui prennent l'option du traitement à sec, les obstacles ne manquent pas 'et il n'existe pas de solution globale', insiste Joël Rochard, de l'ITV d'Epernay.Le traitement à sec peut emprunter deux voies : la mise en décharge ou l'épandage. La première voie se heurte à une incertitude liée à la fameuse date butoir du 1er juillet 2002. C'est une loi, celle du 13 juillet 1992, qui la mentionne. A partir de cette date butoir, la mise en décharge sera limitée aux seuls déchets dits 'ultimes'. Un déchet est considéré comme tel lorsqu'il ne peut plus être valorisé ou traité dans des conditions techniques et économiques acceptables.Les diatomées sont-elles des déchets ultimes? A deux ans de l'échéance, 'on n'a pas plus de précisions', avoue Valérie Mouton-Ferrier, de l'ITV d'Epernay.Par ailleurs, il faut savoir que l'on 'n'attire pas les mouches avec du vinaigre'. Si on veut confier l'élimination de ses terres à un prestataire de service, ce n'est pas en lançant un appel d'offre que les candidats afflueront.Le kieselgur est un produit humide, hétérogène et dispersé sur le territoire. Autant d'obstacles à la rentabilité d'une filière de recyclage ou d'élimination! Au regard des expériences qu'il a pu suivre ou dont il a eu connaissance, Joël Rochard tire deux enseignements. Le premier, c'est que les circuits de recyclage avec valorisation concernent essentiellement des kieselgurs très chargés en tartre. Le second, c'est que dans la plupart des cas, le prestataire qui a pris en charge le kieselgur intervenait déjà pour d'autres activités plus intéressantes. En Gironde, Francis Boutes, de la société Agro Développement, dit à quelques nuances près la même chose quand il explique que 'Agro Développement assure l'épandage des terres de filtration de la coopérative de Rauzan dans le cadre de l'épandage de ses boues'. Si la collecte et le stockage des deux produits sont séparés, en revanche, ils sont mélangés au moment de l'épandage.La cave de Rauzan ne recherche pas une valorisation marchande de ses diatomées. Elle veut s'assurer qu'elles sont éliminées de manière fiable. 'C'est le premier intérêt de travailler avec une filière identifiée', insiste une autre cave de Champagne. Sécurité alimentaire oblige, cette fiabilité environnementale est aujourd'hui indissociable d'une fiabilité sanitaire. D'où une kyrielle d'analyses 'pour vérifier l'absence d'éléments toxiques dans les terres de filtration', souligne Francis Boutes. Le risque paraît mince mais une attitude scrupuleuse est indispensable. Elle prévaut dans les caves où les consignes de sécurité quant à l'utilisation des diatomées se sont renforcées au fil des années. 'Il faut les considérer comme un produit chimique, explique un fabricant, et comme tout produit chimique, il faut s'en protéger.'En la matière, le risque n'est pas liée aux diatomées elles mêmes, mais à la silice qu'elles contiennent. On sait depuis longtemps qu'elle est nocive par inhalation. 'L'utilisateur est face à aux risques de silicose et de cancer', explique Bernard Populus, de la MSA en Côte-d'Or. Le risque est à son optimum lors de l'ouverture et du vidage du sac. C'est là qu'il y aura dégagement de poussière et inhalation.'Il faut porter un masque antipoussière de type P3', insiste ce médecin. Dans le classement officiel (P1 à P3), le masque P3 est celui qui laisse passer le moins de particules. 'En parallèle, il faut travailler en ayant de l'ordre, insiste le docteur Wagner, de la MSA du Haut-Rhin. Ne pas laisser traîner les sacs, ne pas verser à côté de la cuve de brassage du filtre, ne pas balayer ce qui aurait pu tomber...' La prévention passe également par la lecture des étiquettes apposées sur le sac et par celle des fiches 'données sécurité' fournies par le fabricant, qui apporteront des précisions quant à l'utilisation du produit et du risque le concernant.

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