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Bourgogne, des rendements au-delà de toute attente

La vigne - n°106 - janvier 2000 - page 0

L'année 1999 restera dans les mémoires bourguignonnes pour son exceptionnelle générosité. L'interprofession prévoit une récolte de 1,54 millions d'hectolitres, supérieure de 9,7% à la moyenne des cinq années précédentes. Les vignes n'avaient pas porté autant de raisins depuis 1982. Mais cette fois, la maturité est à la hauteur des rendements: elle aussi dépasse nettement les niveaux habituels. Les vendanges ont commencé de bonne heure, vers le 10 septembre dans les secteurs les plus précoces. Dix jours plus tard, lorsque le temps se dégradait, une grande partie de la récolte était en cuve. Les pluies n'ont affectée que les derniers arrivages.Au fur et à mesure de l'achèvement des fermentations, les Bourguignons découvraient des vins de très belle tenue. Certes, ils avaient déjà récolté des millésimes plus concentrés. Mais le 1999 ne manque de rien. L'abondance ne l'a pas desservi. Il offre une structure souple, des arômes expressifs et les rouges présentent des couleurs soutenues. Cette agréable surprise a soulevé des difficultés, alimenté des discussions, des inquiétudes et, pour finir, des polémiques. Que faire des cuvées réussies dépassant les rendements autorisés? 'Cela m'aurait fait mal au coeur d'envoyer du vin à la chaudière, explique un vigneron de la côte de Nuits. Les mauvaises années, on admet de distiller pour préserver la qualité. Mais là, on n'entre pas du tout dans ce cas de figure.'Il fallait revoir les rendements. Plusieurs syndicats en ont fait la demande au Comité national de l'Inao. Les communales, les premiers crus rouges et blancs de Côte-d'Or ont ainsi obtenu 40% de PLC (plafond limite de classement), un chiffre jamais atteint. De toutes les dérogations, celle-ci, de par son ampleur et les appellations concernées, a suscité les plus vives discussions au sein de la profession. Certains, peu nombreux, ont estimé qu'une augmentation de 40% était indigne des crus de la région. D'autres craignent qu'elle alerte les faiseurs d'opinion en mal d'articles saignants. Les responsables locaux les rassurent en soulignant que ces journalistes auront peu de grains à moudre car le millésime est réussi et les 40 hl/ha, rendement de base pour les rouges, augmentés de 40%, ne font jamais que 56 hl.Les syndicats des appellations communales et des premiers crus de Côte-d'Or s'y sont pris à deux reprises pour déterminer leurs rendements. En septembre, au vu de la charge et du niveau de maturité, ils avaient demandé au Comité national de l'Inao 30% de PLC. Ils avaient obtenu gain de cause. En novembre, ils réclamaient 40%, ce qui leur fut à nouveau accordé. Les rendements des appellations régionales et des mâcons rouges (bourgogne, bourgogne grand ordinaire, passe-tout-grains, mâcon, mâcon suivi d'un nom de commune et mâcon supérieur) et ceux des grand crus de Côte-d'Or ont, eux aussi, été fixés en deux temps: 20% de PLC en septembre pour tous; en novembre, 30% pour les grands crus et 25% pour les régionales et les mâcons. En revanche, Chablis et les hautes-côtes s'en sont tenus aux 30% accordés dès le mois de septembre.Malgré ces ajustements, 'dans toutes les déclarations de récolte, il y a des dépassements', observe-t-on à l'Inao de Dijon. Une conclusion s'impose: il faudra réviser les rendements de base qui datent des années 70. Le sujet sera à l'ordre du jour de toutes les réunions syndicales.L'abondance du millésime ne déplaît à personne, sur tout pas au négoce pour le quel il était temps que les caves se remplissent afin de mettre fin à l'envolée des prix. Avec 10% de progression, le chablis a connu l'évolution la plus sage.Les cours moyen de l'aligoté, du bourgogne et du mâcon supérieur rouges ont gagné 20% pendant la campagne 1998-1999. Les pièces de Puligny-Montrachet, de Vosne-Romanée ou de Meursault ont connu la même hausse. Quant à l'indice de l'interprofession qui intègre toutes les appellations, il a grimpé de 17%.Cette campagne avait démarré sur les chapeaux de roue. 'A la fin décembre 1998, toutes les transactions sur le millésime 1998 étaient signées, rappelle Guy Sarrazin, président de la Confédération des associations viticoles de Bourgogne. Le marché était fait lors de la vente des vins des Hospices de Beaune.' Rien de tel cette année. Fin décembre, très peu de villages et de crus avaient quitté les chais des producteurs. Les transactions n'avaient porté que sur les appellations régionales. Elles se concluaient sur la base de cours stables alors que le négoce avait souhaité revenir aux cours de 1997-1998.Durant la campagne 1998-1999, les sorties de propriété ont connu un mouvement inverse de celui des cours: elles ont baissé. Il était temps car lors des deux précédentes saisons, les Bourguignons avaient vendu plus de vins qu'ils n'en récoltaient. De plus, les sorties n'ont pas toutes été commercialisées car les ventes, tant en France qu'à l'exportation, ont reculé. Les négociants ont ainsi reconstitué une partie de leur stock. Dans un tel contexte, la campagne en cours promet d'être bien plus sereine que les précédentes.

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