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Roussillon, la préparation de la reconstruction

La vigne - n°106 - janvier 2000 - page 0

Pour beaucoup de vignerons du Roussillon, 1999 marque une prise de conscience: pour sortir de la crise du rivesaltes, il faut reconvertir et cesser d'espérer une 'relance magique' de la consommation. Les stocks de l'appellation représentent plus de deux ans de commercialisation. Les gros consommateurs de rivesaltes sont âgés et ne sont pas remplacés par les jeunes générations.Le plan de restriction de la production, lancé en 1996, arrive à son terme (voir encadré). Il a été globalement appliqué, sauf la partie sur la reconversion en vins de pays (VDP). Sur les 1 000 ha prévus, seuls 200 ha ont été reconvertis. Les vignerons se sont trouvés face à un problème réglementaire: impossible d'avoir des aides en zone d'AOC pour planter des cépages qui ne se trouvent pas dans le décret d'appellation. Or, celui-ci ne comprend pas les variétés commercialement porteuses, tels que le chardonnay, le merlot, le cabernet... Après moult négociations avec l'Inao, les vignerons espèrent un arbitrage favorable du ministère. Beaucoup s'accordent à dire que 'ce premier pas' qu'est le plan rivesaltes ne suffit pas et qu'il faut 'aller plus loin'. Reste à savoir comment s'organisera cette aide à la viticulture avec la future OCM (Organisation commune du marché).La nomination en août 1998 du médiateur, Jacques Berthomeau, a mis un peu d'ordre dans l'imbroglio des intérêts en présence. 'Au niveau du négoce, nous nous étions accordés sur un code de bonne conduite commerciale. Il était convenu que les premiers prix se feraient sur l'appellation de repli Grand Roussillon afin de permettre la valorisation de l'AOC Rivesaltes. L'idée était d'éviter que celle-ci descende au-dessous des 1 000 F/hl. Les prix se sont maintenus jusqu'au premier trimestre 1999, période à laquelle un opérateur a trouvé que l'écart entre le grand-roussillon et le rivesaltes devenait trop important et a rompu l'accord' explique-t-il. Après quoi, la spirale de la chute des prix a repris: le rivesaltes est passé de 980 F à 850 F/hl et le grand-roussillon de 850 F à 700 F/hl. 'Si l'on tient compte de la dévalorisation des stocks et du manque à gagner, on a perdu 400 MF' estime un professionnel.Face à ces baisses, dire que la situation s'améliore semble exagéré, d'autant que pour les côtes du Roussillon, les producteurs ont essuyé les mauvaises conditions climatiques de 1998 et 1999. Pourtant, certains estiment 'qu'à quelque chose, malheur est bon', que la crise aura changé les mentalités et permis de mettre les choses à plat. Tout d'abord, la délimitation de l'aire Rivesaltes a été avalisée par l'Inao en mai 1999, à Mâcon.'Ce qui avait été délimité, c'est l'aire Grand Roussillon. L'aire Rivesaltes est venue s'y superposer, sans aucune procédure de délimitation parcellaire spécifique', explique Laurence Rouzaud, du centre Inao de Perpignan. Pour remédier à cette lacune, une commission d'enquête, présidée par Hubert Bouteiller, producteur en Gironde, a été nommée. Elle a fixé les critères à partir desquels les experts vont travailler. Aujourd'hui, l'aire Rivesaltes couvre 80 000 ha et sur la partie cultivée en vignes, 10 000 ha sont consacrés à la production de rivesaltes.Autre décision politique: la fusion du Comité interprofessionnel des vins doux naturels (CIVDN) et du Groupement interprofessionnel de promotion (GIP) côtes du Roussillon. 'Nous préparons les règlements intérieurs. Sur le fond, le projet ne pose pas de problème car la plupart des opérateurs font des VDN et des côtes. Sur la forme, ce sera long. Le CIVDN a un statut particulier (loi 200) qu'il faut transformer selon la loi de 1975, relative aux structures interprofessionnelles. Après quoi, on pourra fusionner avec le GIP', explique Armand Ulrich, président du CIVDN depuis juillet.Dernière décision importante: la réalisation d'un audit de la viticulture roussillonnaise. 'Pour organiser le redressement, il nous faut un classement typologique des producteurs qui fasse prendre conscience de la diversité des situations individuelles. On ne peut pas proposer la même aide à un vigneron de 60 ans, sans successeur, faisant du VDN pour arrondir sa retraite et à un jeune exploitant ayant investi et comptant vivre de sa profession, explique Jean-Luc Pujol, président de la Confédération des vins doux naturels. Jusqu'à présent, les pouvoirs publics ont raisonné en terme de 'crise du rivesaltes' alors qu'il faut avoir une approche globale de la situation viticole des Pyrénées-Orientales'. Les résultats de l'audit sont attendus pour le printemps.

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