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Assurer la traçabilité grâce à l'informatique

La vigne - n°107 - février 2000 - page 0

On assiste au développement de logiciels qui permettent un suivi de la production jusqu'à la commercialisation. Ceux qui investissent y voient un intérêt commercial, technique et administratif.

A une époque où le concept de traçabilité est sur toutes les lèvres, l'outil informatique représente un allié considérable pour 'tracer' le parcours d'un produit. Depuis quelques années, les Sociétés de service et d'ingénierie informatique (SSII) s'intéressent au secteur vitivinicole. Le lancement de logiciels spécifiques permet d'enregistrer les données liées à la production du raisin (identification des parcelles, traitements phytosanitaires, pratiques culturales...), à la vinification (opérations de cuverie, traitements oenologiques, analyses...) et à la gestion commerciale.Peu à peu, ces produits se 'démocratisent'. Les premiers prix se situent entre 3 000 à 5 000 F HT pour un logiciel de gestion parcellaire ou de vinification. Ce type d'investissement engendre parfois des dépenses complémentaires: nouveaux postes informatiques, achat de modules spécifiques, éventuellement relevé GPS...Souvent, les professionnels s'équipent dans le cadre de démarches Iso. La coopérative de Beaucaire (Gard) vient d'investir dans Géotrace, un logiciel mis au point par l'Adasea du Gard (1), et envisage aujourd'hui d'élargir sa certification à l'amont.Cette volonté de suivre l'élaboration du vin est un gage de sécurité. Elle participe à une démarche commerciale. Thierry Gasco, chef de cave chez Pommery, a travaillé avec l'entreprise Pac Informatique (Marne) pour mettre au point un logiciel de gestion de cuverie. 'On a déjà un suivi de l'amont pour le parcellaire de notre vignoble. Il nous reste à travailler la traçabilité chez nos partenaires livreurs', explique-t-il. Aujourd'hui, la maison champenoise s'enorgueillit de pouvoir retrouver, en cas de défaut sur un lot (environ 14 000 bouteilles), l'origine d'un problème (tracé amont) et d'en connaître les répercussions (tracé aval). 'On a fait des simulations. Il nous a fallu quarante-huit heures pour récapituler les deux tracés. En cas de crise, on pourrait le faire en moitié moins de temps.' De quoi éviter les problèmes de Coca-Cola...L'informatique est l'outil idéal pour gérer la masse d'informations, corollaire de toute démarche de qualité. 'Cet investissement n'est pas nécessaire pour une petite exploitation où le vigneron travaille tout seul. Dans ce cas, le mieux est d'avoir tout dans la tête, sourit un jeune professionnel. Quand on est plusieurs sur l'exploitation, la traçabilité informatique permet de bien faire circuler l'information. Pour les grosses structures, c'est quasiment incontournable pour éviter de crouler sous les archives.'L'intérêt administratif est inhérent à l'outil informatique. Plus originale, l'utilisation des logiciels comme une aide à la décision technique. 'C'est très important lorsque l'on fait des essais', explique Pascal Cailleau, vigneron dans les coteaux du Layon (Maine-et-Loire), équipé depuis un an de Lavilog, mis au point par la société Lamouroux (Gironde). 'Avant de décider un changement de type de taille, on va pouvoir analyser tous les éléments à prendre en compte: comparer les temps d'exécution, les rendements, la qualité du vin...'Des propos partagés par Patrick Ducournau, propriétaire dans le Madiran (Sud-Ouest), utilisateur de Wine, logiciel de Colsa Informatique (Landes). 'L'informatique vous entraîne à vous poser des questions. On peut recouper des informations qui seraient tombées dans l'oubli, analyser concrètement les conséquences d'un effeuillage ou d'un rognage, d'essais de fumure, de désherbage...' Tous reconnaissent qu'un bon professionnel pressent l'impact de son travail, mais 'les logiciels de traçabilité rationalisent le savoir-faire'. Cela permet de connaître parfaitement ses coûts de production, d'utiliser de façon optimale ses produits phytos ou oenologiques.Chaque médaille ayant son revers, il ne faut pas occulter les inconvénients de cet investissement. Communiquer avec son prestataire de service en est un. Cette 'mise en relation' est complexe et explique pourquoi les logiciels, surtout ceux de gestion de cuverie, se développent par grandes régions viticoles. Certaines SSII mettent en avant la 'spécialité' de leur domaine de compétences, comme CDER informatique et Pac informatique, toutes deux situées dans la Marne et travaillant le secteur viticole champenois. Les progrès dans la communication du 'couple' informaticien-vigneron ont permis d'améliorer les dernières versions de logiciels.Il ne faut pas non plus oublier l'investissement humain: le temps de saisie des données est important, surtout au début. Une fois la base prête, il faut l'alimenter. Selon la taille du domaine, cela prend une à deux heures par semaine.La traçabilité informatique nécessite une rigueur qui n'est pas toujours facile à appliquer. Au niveau du logiciel de gestion de cave, le principal problème est celui des cuves en vidange. 'Quand un négociant achète 200 hl, sur une cuve qui en fait 250, il faut reloger les 50 hl restants pour éviter une oxydation. Il faut procéder avec méthode car ces 50 hl, qui ont un certain suivi, ne doivent pas venir se noyer dans un ensemble qui aurait un historique totalement différent. Idéalement, il faut reloger le solde dans une cuve de même capacité', explique un vigneron. Encore faut-il avoir l'équipement adéquat. Lorsque cela n'est pas possible, il est préférable de négocier avec l'acheteur le retrait d'un volume plus important que celui initialement prévu pour permettre une gestion optimale de la cuverie. Pas toujours évident...(1) Adasea: Association départementale pour l'aménagement des structures des exploitations agricoles.

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