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Les insecticides inégaux face à la cochylis

La vigne - n°107 - février 2000 - page 0

De nombreux essais de lutte contre la cochylis de deuxième génération ont été menés en Bourgogne et en Beaujolais. Ils permettent de préciser les performances de différents produits et les conditions d'utilisation les plus adaptées.

De 1994 à 1999, les différents services techniques de Bourgogne et du Beaujolais ont travaillé conjointement, au sein du Groupe régional d'études viticoles (Grev), pour étudier les moyens de lutte contre la cochylis de deuxième génération (G2). En effet, ce papillon, au comportement assez aléatoire, pose davantage de problèmes que l'eudémis. Par exemple, dans les conditions des vignobles septentrionaux, il n'existe pas de corrélation entre les populations des deux premières générations. Le traitement en deuxième génération est donc préventif et systématique. Dans le contexte actuel de recrudescence des populations de cochylis, on a pu observer des défauts d'efficacité des produits dans les conditions de la pratique.

Les différents services du Grev ont donc mis en place des expérimentations sur quatre départements (Rhône, Saône-et-Loire, Côte-d'Or et Yonne) à partir de 1994. Dix modalités ont été expérimentées afin que chaque produit ou famille de produits autorisé sur cochylis soit représenté. Les essais ont été considérés comme exploitables dès lors que l'infestation des témoins dépassait trente chenilles de cochylis pour cent grappes. Les applications ont été réalisées en début de vol, en début de ponte ou au stade tête noire, selon les préconisations. Les résultats des essais sont rapportés dans l'infographie ci-dessus. On y trouve l'efficacité moyenne constatée sur les différents essais, le résultat minimum et la valeur maximale. En effet, chaque matière active a été testée entre quatre et douze fois. Pour mesurer les performances de chacune, on regarde l'efficacité moyenne mais aussi la régularité d'action. De ce point de vue, le fénoxycarbe (Inségar) appliqué en début de vol, modalité 3, donne d'excellents résultats: 86% d'efficacité en moyenne sur les chenilles avec un minimum à 72% et un maximum à 100%. Les essais menés en Champagne par les services techniques de l'interprofession confirment l'efficacité de ce produit.
Les organophosphorés, modalités 4 et 5, donnent des efficacités de 76 et 77% avec des résultats réguliers. Les pyréthrinoïdes, modalités 6 et 7, et le carbamate, modalité 8, présentent des efficacités un peu inférieures de respectivement 70, 68 et 65% mais les résultats sont plus irréguliers. Les Bacillus thuringiensis, modalités 9 et 10, donnent des résultats moyens, de 51 et 58% d'efficacité, et variables. Le lufénuron, modalité 2, assure une protection moyenne de 60% mais avec une variation importante. Les moins bonnes performances sont obtenues avec le flufénoxuron, modalité 1. L'efficacité moyenne est ici de 49%, avec une variation des résultats de 6 à 81%. Sur cette même matière active, un positionnement en début de vol - plutôt qu'en début de ponte - a été testé afin de voir si une application plus précoce pouvait améliorer l'efficacité ou la régularité d'action. Ce n'est pas le cas.
Pour le fénoxycarbe, les techniciens ont souhaité tester un positionnement en début de ponte. Ce produit est habituellement utilisé en début de vol, ce qui oblige à renouveler l'application en cas de vol long. Un positionnement en début de ponte permettrait d'éviter un renouvellement. L'application en début de ponte a donné des résultats intéressants et l'expérimentation devrait se poursuivre pour obtenir la confirmation de ces tests.
Un autre essai, toujours mené dans le cadre du Grev, concerne le problème du renouvellement des traitements. En 1999, sur un vol de cochylis étalé, quatre modalités ont été comparées: fénoxycarbe en début de vol, flufénoxuron et lufénuron en début de ponte, quinalphos au stade tête noire.

Un premier comptage a été réalisé à la fin de la persistance théorique des insecticides pour calculer leur efficacité. A ce stade, et compte tenu des règles de décision habituelles, un renouvellement aurait dû être effectué. Cela n'a pas été fait et un deuxième comptage a été réalisé vingt et un jours plus tard. Dans le témoin, le nombre de chenilles a doublé entre les deux comptages. Dans les quatre modalités traitées une seule fois, on constate que l'efficacité des insecticides se maintient, voire même s'améliore! Dans le cas du flufénoxuron, on reste cependant à un niveau très nettement inférieur aux autres produits.
Il semble donc que la persistance d'action soit supérieure à celle annoncée. De nouvelles expérimentations permettront d'approfondir la question et de confirmer ou non ces résultats.
Comme nous l'avons vu, les différents produits assurent une protection inégale, mais l'efficacité ne constitue pas l'unique critère de choix. En effet, le coût, la polyvalence d'action (sur la cicadelle ou la pyrale) et le respect de la faune auxiliaire doivent aussi être pris en compte.

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