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Vers une pénurie de greffons de qualité

La vigne - n°107 - février 2000 - page 0

Les 1 744 ha de vignes-mères de greffons ne suffisent pas à satisfaire la demande croissante de la viticulture. Des vignerons sont obligés de se rabattre sur des plants de qualité moyenne ou des clones qui ne satisfont plus aux critères actuels.

Les vignerons français vont-ils manquer de plants de qualité? Probablement, si rien n'est fait pour favoriser la production de greffons qualitatifs. Certes, il a toujours existé un déséquilibre sur quelques variétés entre la disponibilité du matériel végétal et la demande des vignerons. Mais depuis quelques années, le problème touche un plus grand nombre de variétés.
Les raisons sont multiples. Avec la bonne santé économique de la filière du vin, les vignerons bénéficient d'une trésorerie plus souple pour replanter. Par ailleurs, le Languedoc-Roussillon poursuit sa restructuration. De plus, les pays nouvellement convertis au vin ne sont pas limités par les droits de plantation et pèsent sur la demande. Ce sont logiquement les cépages internationaux (merlot, cabernet sauvignon, chardonnay et pinot noir) qui connaissent la plus forte demande. L'offre en greffons certifiés n'étant pas suffisante, les pépiniéristes entretiennent un important verger de bois standard où ils puisent pour produire leurs plants. Alors qu'en moyenne, le verger de vignes standards n'occupe que 5,2% des surfaces totales de vignes-mères de greffons, il représente 16,4% du verger de bois de merlot et de pinot noir, 26,7% de celui de cabernet sauvignon et 8,7% de chardonnay.

Le manque de greffons dans certaines variétés se double d'un problème au niveau des clones. Ces derniers ne sont plus toujours adaptés à la demande. C'est particulièrement vrai pour le verger de vignes-mères de greffons de grenache qui est, en majorité, composé d'un clone de catégorie C, très productif.
Aujourd'hui, la demande s'oriente plutôt vers des clones de catégorie A, plus qualitatifs et moins productifs. Mais faute de production suffisante, les vignerons souhaitant planter du grenache n'ont pas vraiment le choix. Ce déséquilibre existe aussi pour les autres variétés, mais dans une moindre mesure. 'Le problème, c'est que nous avons besoin de deux à trois ans pour réagir. Si nous percevons un déséquilibre dans une variété cette année, la situation ne sera pas réglée avant 2002, explique un pépiniériste. Entre temps, la demande aura peut-être évolué pour les vignes en vins de table et de pays, plus sensibles aux modes et aux fluctuations des cours que les AOC. Il y a quelques années, on ne jurait que par le sauvignon. Aujourd'hui, tout le monde plante du chardonnay. De même, tous les pépiniéristes greffent du merlot, mais est-ce que l'engouement pour ce cépage va perdurer?'
Les pépiniéristes souhaiteraient connaître le plus tôt possible les besoins des vignerons, et non plus une semaine avant la plantation. Or, les relations entre les pépiniéristes et les vignerons sont limitées, voire conflictuelles. L'Onivins constitue une passerelle entre les deux professions, mais les contacts demeurent insuffisants pour parler de partenariat.

Pour favoriser la production de greffons, le ministère de l'Agriculture autorise depuis deux ans la plantation de vignes-mères de greffons sans autorisation de récolte. En contrepartie, ces vignes ne nécessitent pas de droits de plantation.
Cette mesure, validée par un arrêté du 25 février 1999, ne rencontre pas le succès escompté. Sur 100 ha proposés, seuls 30 ha ont trouvé preneur cette année. Motifs invoqués par les professionnels? Trop de contraintes. Et ils n'ont pas vraiment tort. Chaque opérateur ne peut planter qu'un hectare qui, plus est, de cépages peu utilisés dans sa région. Conscient de ce cadre trop rigide, le conseil spécialisé des bois et plants de vigne de l'Onivins souhaiterait que le quota passe à deux hectares, pour des variétés plus en adéquation avec la demande.
Cet accroissement de 30 ha reste trop modeste pour rétablir l'équilibre sur le marché des greffons. Les contraintes sanitaires (douze années de repos du sol et isolement de la parcelle destinée à accueillir un verger) et la grande difficulté de trouver des droits de plantation limitent l'extension des vignes-mères. Pour trouver des viviers de production, les chambres d'agriculture et les pépiniéristes sont de plus en plus vigilants à répertorier les terrains conformes aux critères sanitaires et ayant des droits. Le pépiniériste peut alors établir un contrat avec le vigneron propriétaire des lieux. Outre une vendange classique, ce partenariat apporte un supplément de revenu au vigneron et fournit le pépiniériste en greffons.
En parallèle du souhait de développer ces accords, les pépiniéristes aimeraient qu'une partie des droits de plantation soit réservée aux vignes-mères de greffons avec récolte de fruit, à planter chez des vignerons habitués à cette production. Et pour cette requête, les pépiniéristes forment le voeu d'avoir le soutien des vignerons, visiblement peu sensibilisés à ce problème mais qui ont pourtant tout à y gagner...

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