Encore une fois, le financement de l'Association nationale de développement agricole (Anda) est sur la sellette. Dans son rapport annuel, la Cour des comptes ne mâche pas ses mots et dénonce une dérive visant à financer davantage des structures que des projets. L'Anda a déjà connu plusieurs crises graves, dont la dernière en 1996. Les 'leçons' ne sont pas retenues. Depuis plusieurs années, la filière du vin, qui a mis la main au portefeuille à l'époque, demande un audit de cette association dont le budget annuel est 800 millions de francs. C'est le moment de jouer cartes sur table, mais en France, en agriculture comme ailleurs, on est peu enclin à la transparence sur le financement d'entités de ce type. Les agriculteurs savent-ils qu'à travers leurs chèques qui tombent dans le pot commun de l'Anda, ils financent la FNSEA, le CNJA et la coopération? Toute structure représentative a un coût de fonctionnement; pour être crédible, elle doit aussi jouer la clarté. Trop de cas peuvent 'pourrir' le climat et engendrer la suspicion. On se souvient de la MSA ou de l'ITV... De plus, de nature différente, ces affaires posent toutes la question du contrôle effectif par les professionnels mandatés. Prenons un autre exemple, les syndicats viticoles. Pourtant indispensables dans l'édifice des appellations d'origine, ils n'ont pas non plus un financement calé! C'est une nébuleuse, tournant autour du coût de l'agrément, avec des différences fortes par vignoble. Quand la réforme des agréments est venue sur le devant de la scène il y a quatre ans, une occasion claire de s'y pencher a été ratée. Bercy, lui, s'y intéresse et des procédures de contrôles fiscaux sont en cours. La filière se porte économiquement bien, ce serait le moment d'aborder sereinement ces questions de fonds.