Il subsiste deux points faibles dans la lutte contre l'oïdium: la qualité de la pulvérisation et le respect des cadences de traitements. Ils surviennent pendant la période où la vigne est la plus sensible à la maladie.
Commencez tôt la protection contre l'oïdium. S'il est un conseil que les spécialistes ne cessent de répéter, c'est bien celui-là. Qu'ils se rassurent, ils sont entendus. Selon les statistiques des firmes, l'an dernier en France, il y aurait eu, en moyenne, deux interventions avant le stade boutons floraux séparés. Dans les vignobles du Nord et de l'Ouest, il y a là matière à faire des économies. En effet, la Protection des végétaux a démontré que les traitements précédant le stade boutons floraux séparés sont inutiles. Malgré cela, ils risquent d'être maintenus car bon nombre d'entre eux font intervenir le soufre, matière active polyvalente qui combat également l'excoriose, l'acariose et l'érinose.Dans le Midi, les chiffres diffèrent. Lors des deux précédentes campagnes, les vignerons n'ont traité, en moyenne, qu'une fois avant le stade boutons floraux séparés. Les premières feuilles sont donc moins protégées que dans les autres régions. Néanmoins, elles le sont suffisamment. Le démarrage trop tardif de la protection n'est plus invoqué comme un motif important d'échec. Il n'explique que des attaques ponctuelles ayant frappé quelques parcelles ou domaines. 'Dans l'ensemble, les deux premiers traitements sont assez bien faits, constate Stéphane Czerep d'Audecoop, une coopérative d'approvisionnement de l'Aude. Le résultat est là. L'oïdium à drapeaux a presque disparu. On en voit bien moins qu'il y a cinq ou dix ans.' D'autres distributeurs partagent ce constat. Ils signalent que l'augmentation du nombre d'interventions, notamment en début de campagne, explique l'amélioration récente de la maîtrise de l'oïdium.Voyons ce qui se passe par la suite. A partir du stade boutons floraux séparés commence la période cruciale. Elle dure jusqu'à la fermeture de la grappe dans la majorité des cas, et jusqu'à la véraison des cépages sensibles implantés dans des zones à forte pression de maladie. Il s'écoule alors au moins deux mois pendant lesquels l'oïdium peut progresser à une vitesse fulgurante car la vigne est très réceptive. En l'absence de méthode d'évaluation des risques, les parcelles doivent être protégées de manière continue.Selon plusieurs observateurs, c'est au cours de cette période que subsistent les deux plus importantes causes d'échecs. La première tient à la qualité de l'application. Bien des pulvérisateurs sont mal réglés. Le nombre de rangs par passage est souvent trop élevé. Or, il doit être réduit au fur et à mesure que la végétation se développe, car elle constitue un écran de plus en plus difficilement franchissable par les bouillies. La meilleure couverture est obtenue en traitant chaque face d'un rang.La seconde cause provient du manque de respect des cadences ou des doses. A la différence du premier, ce problème est plus commun dans le Midi que dans le reste du pays. Entre les stades boutons floraux séparés et fermeture de la grappe, selon les statistiques, en moyenne en France, on a appliqué 4,5 traitements l'an dernier.Dans le Languedoc-Roussillon, au cours de la même période, les vignerons n'ont fait que quatre interventions alors qu'ils affrontent un oïdium plus virulent. Il en fut de même en 1998. Ces chiffres correspondent à des intervalles de seize jours, voire un peu plus entre deux sorties. Aucun produit ne peut donner pleine satisfaction à de tels rythmes, et surtout pas le soufre dont les propriétés restent souvent surestimées. Les cadences mériteraient donc d'être resserrées, quitte à cesser plus tôt la protection lorsqu'en juillet, le vignoble est indemne d'oïdium.Au milieu des années 90, une autre cause d'échec était évoquée: les souches résistantes aux IBS. Si l'on en croit les distributeurs de produits phytosanitaires du Midi, elles ont fait leur temps. Aucun de ceux que nous avons interrogés ne juge qu'elles sont à l'origine de dégâts récents. Au contraire, d'après eux, on leur a accordé trop d'importance au détriment de la qualité de la pulvérisation ou du respect du calendrier de traitement. Pour autant, elles n'ont pas disparu. Le laboratoire national de la Protection des végétaux de Villenave-d'Ornon (Gironde) détecte toujours des souches résistantes dans les échantillons qu'il reçoit. Les restrictions à l'utilisation des IBS doivent être maintenues, faute de quoi elles pourraient resurgir.