Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2000

Un intérêt croissant pour le synthétique

La vigne - n°108 - mars 2000 - page 0

De plus en plus de professionnels utilisent ou testent les bouchons synthétiques, à la demande de leurs clients, pour lutter contre des goûts de bouchon ou encore pour développer un habillage particulier.

Avec des bouchons en liège entre 40 et 80 centimes l'unité, le taux de goût de bouchon est important, quel que soit le fournisseur. On se situe généralement entre 1 et 4% de bouteilles atteintes et je ne parle ici que des goûts de bouchon francs. Bien souvent, la situation est sous-estimée car peu de clients prennent la peine de le signaler. Et lorsque j'entends certains professionnels dire qu'ils n'ont aucun problème, je crois tout simplement qu'ils n'ont pas de retour d'information. J'ai donc fait des essais pour trouver une solution plus satisfaisante et, désormais, tous mes bordeaux sont bouchés avec des synthétiques, explique un négociant bordelais.Même constat chez un producteur du Beaujolais qui a, lui aussi, sauté le pas. 'Mais, comme l'explique un négociant du Mâconnais, il ne s'agit pas de remplacer le liège. Simplement, sur certains vins comme les appellations génériques, nous trouvons un produit plus satisfaisant en synthétique qu'en liège. Car nous éliminons non seulement les goûts de bouchons traditionnels mais aussi les faux goûts dus à des dérivés liégeux qui font que le vin n'est pas aussi bon qu'il devrait l'être et déçoit le consommateur.'Certains se sont aussi lancés dans le bouchage synthétique à la demande d'un client. En effet, les pionniers français de l'utilisation de bouchons synthétiques sont les fournisseurs des grandes chaînes de distribution anglaises. Depuis quelques années, Marks & Spencer, suivi depuis par ses confrères, exige qu'aucun vin ne soit bouché avec des bouchons colmatés ou agglomérés. Les fournisseurs ont donc le 'choix' entre le liège naturel ou un matériau synthétique. Or, sur des gammes vendues à moins de 4 £, le liège naturel revient trop cher. 'Il faut considérer le problème tout simplement en terme de rapport qualité-prix. Et actuellement, pour un prix donné de 20 à 30 centimes, on est mieux servi en synthétique qu'en liège', résume le responsable d'une cave coopérative des Pyrénées-Orientales. La majorité des fournisseurs de ces chaînes britanniques n'utilisent d'ailleurs des bouchons synthétiques que pour ce débouché. En effet, l'acheteur étant dans ce cas demandeur, il n'y a pas à craindre de réactions négatives.Certains professionnels particulièrement satisfaits du résultat ont peu à peu développé ce type de bouchage sur d'autres marchés.Un négociant de Loire-Atlantique commercialise tous ses vins de pays, muscadet et rosé d'Anjou avec des bouchons synthétiques sur tous ses marchés, excepté le circuit CHR (café-hôtel-restaurant) français pour une question d'image.Pourtant, d'après un autre professionnel, 'l'accueil en restauration est excellent pour des vins ne dépassant pas 40-45 F. Les restaurateurs sont ravis car ils n'ont plus de pertes dues aux goûts de bouchon. A l'ouverture, cela ne change rien et, la plupart du temps, leurs clients ne remarquent même pas la différence'. La grande majorité des utilisateurs de bouchons synthétiques déclarent n'avoir eu aucune réaction négative à ce sujet, mais on reste ici sur des vins à rotation assez rapide.Sur des vins haut de gamme, le liège reste le bouchon de référence pour des raisons à la fois techniques et commerciales. 'Au départ, nous avions décidé de boucher tous nos vins avec du synthétique, explique le directeur d'une cave du Vaucluse. Finalement, nous préférons attendre d'avoir davantage de recul pour les vins haut de gamme.' Même remarque de la part d'un vigneron du Centre. Tout en appréciant la qualité du bouchage avec des synthétiques, il s'interroge sur les risques de migrations de solvants soulevés par l'étude du laboratoire Excell, en Gironde (voir La Vigne n° 98, p. 54).Se pose donc le problème du choix du bouchon synthétique car, comme pour le liège, il en existe à tous les prix et de toutes les qualités. De nombreux essais sont en cours dans les caves pour trouver la solution. Certains utilisent déjà des bouchons synthétiques sur leurs vins à rotation rapide et les testent sur des vins plus haut de gamme. D'autres comparent les différents bouchons existants avec des bouchons en liège aux mêmes prix... Il n'existe évidemment pas de solution universelle.Certains bouchons synthétiques, très peu chers, conviennent pour des vins consommés dans les six mois qui suivent. Au-delà, le vin peut présenter un vieillissement prématuré. D'autres, au contraire, bouchent tellement hermétiquement que le vin n'évolue pas, ou très peu, et peut éventuellement, après un certain temps, présenter des caractères de réduction. Il faut donc les réserver à des vins dont on souhaite, par exemple, préserver le fruit. Dans certains cas, cela peut aussi permettre d'utiliser moins de SO2 au moment de la mise en bouteilles.Du point de vue de la mise en oeuvre, la plupart des bouchons synthétiques ont un retour élastique plus lent que les bouchons en liège. Il est donc impératif de laisser les bouteilles debout. Autre point à prendre en compte: la teneur du vin en CO2. 'S'il y en a beaucoup, le bouchon peut être légèrement repoussé. Au contraire, si le vide est trop poussé, le bouchon peut être un peu aspiré vers l'intérieur', constate un utilisateur.La quasi-totalité des utilisateurs de bouchons synthétiques sont également des acheteurs de bouchons en liège et, pour eux, il ne doit pas y avoir de concurrence entre ces produits différents et complémentaires. 'L'utilisation de synthétiques sur certaines catégories de vin devrait au contraire permettre de faire baisser la pression qui existe sur le marché du liège, et donc de rehausser la qualité générale des bouchons proposés.'En dehors de toutes les considérations techniques, le synthétique permet aussi de mettre au point des emballages particuliers pour un marché, souvent la Grande-Bretagne, ou un événement spécifique comme le passage à l'an 2000. Pour l'exportation, on supprime la capsule et pour le marché français, il est possible d'utiliser des capsules thermorétractables transparentes qui laissent le bouchon visible.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :