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Pas plus de trois strobilurines

La vigne - n°108 - mars 2000 - page 0

Pour prévenir l'apparition de résistances à l'Az, au krésoxim- méthyl et à la famoxadone, les services officiels et les firmes émettent des recommandations cacophoniques.

L'an dernier, les indications des services officiels (CIVC, Inra, ITV et SPV) étaient vagues: dans leur note sur la lutte contre le mildiou, ils réfléchissaient à des mesures pour éviter l'apparition de résistances à l'azoxystrobine (Az), au krésoxim-méthyl ou à la famoxadone. Cette année, ils fixent des restrictions à l'emploi de ces matières actives. La somme des traitements impliquant l'Az et le krésoxim-méthyl ne doit pas dépasser trois, quelle que soit la maladie visée. Sont concernés: Stroby DF de BASF, Quadris et Quadris duo de Sopra. La somme des applications de famoxadone, elle non plus, ne doit pas excéder trois. Cela concerne l'Equation pro. Par ailleurs, il faut éviter la succession de séquences de strobilurines (Az et krésoxim-méthyl) et d'Equation pro.Ces mesures répondent à l'émergence de résistances aux strobilurines. Dès 1998, le krésoxim-méthyl perdait son efficacité envers des souches d'oïdium du blé sévissant dans le nord de l'Allemagne. En 1999, le phénomène s'est aggravé. On a découvert de l'oïdium du blé résistant aux strobilurines dans plusieurs pays d'Europe, dont la France. Au Japon et en Espagne, l'oïdium du concombre et du melon s'est rebellé. Un essai mené au Brésil a révélé du mildiou de la vigne résistant. Cependant, dans les vignobles français, les nouveaux produits n'ont pas encore faibli. Les services officiels optent donc pour la prudence.Leur position peut également être interprétée comme une tentative de synthèse des avis radicalement opposés des firmes. DuPont d'une part, BASF, Novartis et Sopra d'autre part, se disputent sur le statut de la famoxadone. Est-elle une strobilurine? Non, affirme DuPont depuis le lancement de son produit. De par son mode d'action, elle lui ressemble tellement, répliquent ses concurrents, qu'elle doit être traitée comme telle. Ils exposent leur point de vue au sein du Frac, le Comité d'action contre la résistance aux fongicides (www.gcpf.org/frac). Ce comité est une émanation de la Fédération mondiale de la protection des cultures (GCPF), qui représente les firmes vis-à-vis des organisations internationales, notamment l'Union.Le Frac est divisé en plusieurs groupes de travail. L'un d'entre eux se dénomme Star, ce qui signifie mode d'action de type strobilurine et résistance. BASF, Novartis et Sopra y participent, mais pas DuPont. La firme américaine explique qu'elle n'a rien à y faire car son produit n'entre pas dans la catégorie énoncée. Pour l'an 2000, le Frac recommande d'appliquer un maximum de trois traitements incluant de l'Az, du krésoxim-méthyl, de la famoxadone ou de la trifloxystrobine. Cette dernière provient de Novartis. Elle ne devrait pas arriver en France avant la fin de l'année. Elle est déjà commercialisée en Suisse où elle entre, en compagnie du cymoxanil, dans l'Eclair, un fongicide homologué contre le mildiou et l'oïdium de la vigne.La situation est assez piquante: trois sociétés donnent des recommandations sur l'utilisation d'un produit concurrent sans l'accord de son détenteur. Car DuPont ne semble pas prêt à se plier à l'avis de ses confrères, ni à celui des services officiels. En France, la firme s'en tient aux six traitements autorisés par le comité d'homologation pour l'Equation pro. Elle conseille simplement de ne pas les appliquer d'une seule traite. Après quatre Equation pro, elle recommande d'introduire un ou d'autres produits avant de l'utiliser à nouveau. DuPont maintient que les résistances à la famoxadone ont peu de chances de survenir en raison des qualités propres de sa molécule et parce qu'elle est associée au cymoxanil doté d'un autre mode d'action. De plus, la société a mis sur pied un réseau de surveillance du mildiou afin de repérer rapidement l'apparition de souches résistantes.Quel que soit l'avis auquel chacun se tiendra, il existe assez de fongicides pour bâtir des stratégies antirésistance sans nuire à l'efficacité des programmes.

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