Aujourd'hui, un négociant ne peut pas se contenter de se battre sur les prix. Il doit s'intéresser à la qualité, constate Jean-Paul Malinge, responsable des achats chez Rémy Pannier. Le meilleur moyen est d'aller en amont.Tel est le credo de cette maison de négoce du Val de Loire, qui a pris un premier virage stratégique en 1996 en se lançant dans la vinification pour son compte. En quatre ans, elle est passée de 33 000 à 70 000 hl vinifiés. 'Dans le même temps, nos produits se sont vus attribués plus de médailles, affirme Jean-Paul Malinge, Nous voulons aller plus loin en proposant aux vignerons notre charte 'Raison et terroir'.' Ce second virage a nécessité l'embauche de deux techniciens. Concrètement, cette stratégie vise trois objectifs: assurer des apports de qualité, garantir le process via une traçabilité et les normes HACCP, et assurer une viticulture durable grâce à la production raisonnée.Les moyens mis en oeuvre sont différents selon la qualité finale attendue: vins vendus sous le nom de Terroir de la vallée (haut de gamme) ou Dame de la vallée (entrée de gamme). 'Pour un même cépage, deux cahiers des charges existent. Par exemple, le chenin destiné au haut de gamme proviendra d'une vigne de plus de neuf ans, avec des rendements limités (40 à 45 hl/ha pour une AOC et 70 à 75 hl pour un VDP) et une sélection des terroirs. Celui destiné à l'entrée de gamme répondra à un cahier moins strict.' Plus globalement, les contrats pourront aborder le transport des raisins (interdiction des bennes à vis, éventuellement utilisation de gaz inerte...), la récolte (vendanges de nuit, si nécessaire). La charte prévoit une reprise des directives de l'Organisation internationale de lutte biologique intégrée.Le suivi au vignoble est assuré par des visites des techniciens. 'Cela va permettre aux producteurs d'avoir des conseils gratuits.' Concernant la plus-value financière, celle-ci n'est pas encore fixée. Le négociant reconnaît que la nouvelle façon de travailler augmente le temps passé au vignoble, 'qu'il faudra prendre en compte'. Pour l'instant, il reste difficile de garantir un niveau de rémunération. 'On manque de recul pour assurer un minimal. On peut penser que la valorisation espérée se situera dans une fourchette de +4 à +25%, suivant la qualité des raisins et des moûts apportés.' Les négociations sur le sujet sont en cours.