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Une démarche nécessaire

La vigne - n°108 - mars 2000 - page 0

Le SAQ est né d'une réflexion sur l'agrément. Il répond à des objectifs fixés par les organisations professionnelles de la filière, en accord avec la DGCCRF.

Il y a dix ans, le SAQ n'aurait pas pu voir le jour. Aujourd'hui, la filière est mûre pour l'appliquer. Cette réflexion émane d'un responsable professionnel, l'une des têtes pensantes à l'origine du SAQ. Une origine qui remonte à 1995, année où les AOC se sont retrouvées sur la sellette, essuyant les critiques anglo-saxonnes lors du comité de l'Inao qui, pour la première fois, avait lieu à Londres, puis celles de la presse nationale.Cette tension entre les professionnels du vin et ceux de la presse, porte-parole des consommateurs, s'explique par un désaccord sur la notion d'appellation. Pour les premiers, 'l'AOC est la garantie de conditions de production, l'expression d'une typicité'. Pour les seconds, dans l'esprit des consommateurs, l'AOC est un signe de qualité et ils se sentent trahis si elle n'est pas au rendez-vous.Partant de ce constat, il est apparu nécessaire de compléter le système des appellations par une procédure de suivi de la qualité, en aval de la dégustation d'agrément. Entre l'obtention de l'AOC et l'achat de la bouteille par le consommateur, il peut se passer plusieurs mois. Pendant ce temps, le vin peut s'altérer. 'Soit parce qu'il y avait un problème au départ que la dégustation d'agrément n'a pas révélé, soit parce que des opérateurs en aval n'ont pas su préserver la qualité initiale du produit, explique Jérôme Agostini, directeur du Cniv (Comité national des interprofessions des vins). Dans les deux cas, cette bouteille porte l'étiquette AOC sans en avoir la qualité et donne une mauvaise image des appellations. Le SAQ vise à éviter ce type de contre-publicité.''Le SAQ est né dans l'esprit des responsables de la filière, mais ce sont les fraudes qui ont provoqué son accouchement, sourit un proche du dossier. Faute de propositions de la part des professionnels, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes) nous aurait imposé son propre système de contrôle.' Pour éviter cela, fin 1997-début 1998, les deux familles, réunies au sein du Cniv, s'engageaient à mettre en place leur auto-régulation.Après quelques réunions de remue-méninges entre la Cnaoc (Confédération nationale des appellations d'origine contrôlées), EGV (Entreprises des grands vins de France) et le Cniv, la filière propose un système suffisamment pédagogique pour ne pas effrayer les opérateurs, mais avec un ultime maillon répressif pour être validé par les fraudes. 'On a regardé ce qui se faisait ailleurs et on a inventé notre système, explique Jérôme Agostini. Le contrôle des produits reste de la compétence des professionnels. Notre filière est suffisamment responsable pour s'auto-contrôler. Lorsqu'elle est inévitable, la sanction doit venir des pouvoirs publics. Le but du SAQ n'est pas de condamner, mais de faire progresser la qualité. Avant de punir, on doit chercher à comprendre.' Une fois rédigée, la synthèse du système est envoyée aux interprofessions. A charge pour chacune d'entre elles de mettre en place son propre système pour tenir compte des particularités régionales.Le schéma comprend trois étapes. Des prélèvements sont organisés au stade de la commercialisation finale. Plusieurs régions avaient déjà leur observatoire de la qualité. Le SAQ vient en prolongement. Tous les circuits sont en principe concernés: grandes surfaces, restauration, cavistes... Les bouteilles sont dégustées à l'aveugle par des professionnels.Une analyse chimique de l'échantillon est ordonnée systématiquement, ou en cas de problème. Si le vin a un défaut, l'opérateur qui en est responsable est informé. 'A ce stade, il s'agit uniquement de délivrer une information et de chercher avec l'opérateur l'origine du problème pour éviter qu'il ne se reproduise', explique un responsable. Les produits de l'opérateur averti font l'objet d'une surveillance plus étroite: ils sont contrôlés au prochain prélèvement.Si un nouveau problème est décelé, un contrôle complet des vins de l'opérateur est effectué sur le terrain. L'interprofession peut proposer un plan d'assistance technique, comme cela existe d'ailleurs pour 'les habitués du recalage à l'agrément'. 'Soit les choses s'améliorent, soit le responsable montre de la mauvaise volonté. Dans ce cas, on laisse les Fraudes intervenir', explique-t-on. Ces grandes lignes, qui constituent le tronc commun du SAQ, ont dû être adaptées sur le terrain.

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