ImprimerLe palissage s'oriente vers des fils présentant un faible allongement et une plus forte résistance à la charge. La mécanisation de nombreuses opérations viticoles conduit à cette évolution.
Le palissage est aujourd'hui mis à rude épreuve. Les travaux de la vigne sont de plus en plus mécanisés et les traitements phytosanitaires ne diminuent pas. 'L'objectif est de trouver des fils qui durent le plus longtemps possible au meilleur rapport qualité/prix', estime un distributeur du Val de Loire. La longévité du fil dépendra de sa résistance mécanique et de sa résistance à la corrosion.Les fils de fer ordinaires sont des fils galvanisés de classes A, B ou C. Ces classes correspondent à des masses de zinc au mètre carré allant croissant de A à C. Plus il y a de zinc, moins le fil se corrode. 'La classe A n'existe pratiquement plus et la classe B ne tient pas très longtemps', explique-t-on chez Trefilarbed (Val-de-Marne). Alors qu'à une époque, le fil de classe C était le nec plus ultra, il est aujourd'hui le fil de base. Il représente encore une part conséquente des ventes, sinon la plus importante. Il tient entre sept et quinze ans.'Ces fils ordinaires ont un allongement important nécessitant de les retendre régulièrement, explique Patrick Claine, chez Bekaert (Ardennes). Avec une mécanisation de plus en plus poussée, on retrouve des mous de fils, c'est-à-dire des boucles. Le fil se prend alors dans les machines et casse. Les fabricants s'adaptent en proposant des fils plus durs.' Ceux-ci, appelés fils techniques, sont plus résistants à la traction et moins sujet à l'allongement, ce qui diminue les besoins en main-d'oeuvre. 'Certains vignerons sont parfois réticents à opter pour ces fils, car ils sont plus fins', explique un fabricant. Pourtant, constitués d'une autre qualité d'acier, même s'ils présentent une section plus petite que les ordinaires, ces fils supportent des charges équivalentes. La couche de zinc les protégeant de la corrosion est plus épaisse que pour les fils de classe C. L'ajout d'aluminium améliore encore leur tenue dans le temps. 'Ces fils durent vingt à vingt-cinq ans', estime un distributeur.Fluidifil, produit par Dirickx (Mayenne), est non seulement protégé par une couche de zinc, mais aussi par du plastique. La fluidisation est une technique de plastification qui, contrairement au gainage, permet d'avoir une adhérence totale entre le plastique et l'acier, sans air entre les deux. 'Ainsi, s'il y a une blessure sur le revêtement plastique, le point de rouille qui se forme ne s'étendra pas, comme avec une gaine plastique', explique Catherine Lizé.Fluidifil peut être utilisé en fil porteur ou releveur. Son allongement est faible et sa durée de vie estimée à vingt ou vingt-cinq ans. Il existe en deux couleurs (blanc ou vert). Bekaert fabrique un fil protégé par une gaine en plastique, le Vignafil jaune. Il est utilisé en Champagne pour le relevage, sa couleur permettant de bien identifier les fils releveurs.Depuis un quart de siècle, l'Inox est utilisé pour le palissage. Aujourd'hui, il représente moins de 10% du marché. Il confère aux fils une très grande longévité. 'A la limite, s'il était facile de les dégager des vieux ceps, on pourrait réutiliser ces fils, explique Joseph Coquard, chez Soufflet Vigne, à Villefranche-sur-Saône. Pour des plantations nouvelles, je le conseille. En revanche, pour rafistoler les vieilles vignes, du galva ordinaire convient tout à fait.' Mais on dit beaucoup de choses sur l'Inox: il est cher, désagréable à manipuler; il peut couper la végétation; il nécessite l'usage d'accessoires en Inox; en cassant, il se comporte comme un élastique; il est difficile à réparer... Paul-Marie Morillon, de Chatelier viticulture (Gironde), ajoute que les vrilles ne tiennent pas bien sur le fil du haut lorsque celui-ci est en Inox. Les fabricants s'attachent à répondre à ces critiques: l'Inox est plus cher, mais il dure longtemps et nécessite peu d'entretien car il ne se détend pas.Gilles Alliot, de Sprint Métal (Ain), explique de plus que 'l'Inox est inerte quels que soient les accessoires. Une pointe en galva peut rouiller, l'Inox lui ne va pas rouiller, seulement se tacher au contact de la pointe. On ne préconise pas d'utiliser des accessoires en Inox car, lorsqu'ils sont de la même dureté que le fil, ils s'usent mutuellement.'Le fil en Inox, plus fin, meurtrit les mains. 'Mais rien n'empêche de porter des gants', lance Joseph Coquard. Gilles Alliot, quant à lui, retourne l'argument: 'L'état de surface d'un fil galvanisé au bout de quinze ans est une vraie râpe. Les personnes qui disent que les fils en Inox sont difficiles à réparer s'y prennent mal. Il existe une technique particulière pour l'Inox.' Et les vendeurs d'Inox agitent les risques d'enrichissements en sels métalliques en combinant machine à vendanger et fil de fer. Les expérimentations sur ce sujet datent. Elles montrent, les premières années de récolte mécanique, un enrichissement en fer qui s'estompe ensuite. 'Mais aujourd'hui, on ne voit plus de fils rouillés dans les vignes mécanisées, ils cassent!' ajoute Paul-Marie Morillon.Sur le marché, les vignerons trouvent également des fils en polyester. 'Ils ne rouillent pas, explique Michel Tellaroli, de la société De Lama (Dordogne). Sept fois plus légers que les fils de fer, ils sont très faciles à mettre en oeuvre et n'ont pas besoin d'être retendus. Ils sont inertes vis-à-vis des produits chimiques. Pour l'instant, nous n'avons pas beaucoup de recul pour évaluer leur durée de vie. Nous annonçons dix à quinze ans, mais nous espérons une longévité meilleure encore.' Ces fils sont essentiellement utilisés pour le relevage.Les fils de palissage sont souvent vendus en bobine de 25 kg, mais le prix d'un tel conditionnement ne permet pas de s'y retrouver. En effet, les diamètres de fil n'étant pas les mêmes, la longueur disponible dans une bobine de galva ordinaire est plus faible que celle retrouvée dans une bobine de fil technique. Pour des charges de ruptures voisines, on peut avoir 50% de longueur supplémentaire d'une qualité à l'autre, voir plus. Il faut donc comparer les prix au mètre. Les fils ordinaires constituent les premiers prix, puis viennent les fils techniques. S'ils sont plastifiés, ils coûtent un peu plus cher, l'Inox restant le plus onéreux.