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Le premier ennemi du vignoble français pèse un milliard de francs

La vigne - n°109 - avril 2000 - page 0

Un milliard de francs, c'est le prix de la lutte contre le mildiou l'an dernier. Elle a porté ses fruits. Les pertes de récolte furent insignifiantes. Mais il a fallu une vigilance de tous les instants pour en arriver là.

Le mildiou, c'est la peur et la honte. La peur de perdre sa récolte et la honte lorsqu'on a raté ses traitements. Quand vos vignes sont prises, tout le monde le voit. Quand vous avez de la pourriture, vous êtes le seul à le savoir, note un distributeur charentais. On croirait un discours d'un autre âge. Il nous a pourtant été tenu il y a quelques jours. Malgré la batterie de fongicides dont on dispose, l'ennemi continue d'inspirer la crainte. Heureusement, il ne parvient plus à ses fins. Comme leurs confrères, l'an dernier, les vignerons de la région de Cognac ont eu bien plus de peur que de mal, sinon à leurs portefeuilles. Ils ont sauvé leur récolte. Avec un peu moins de 12 millions d'hectolitres, elle est la plus importante depuis 1992. Ce volume correspond à des rendements moyens de plus de 140 hl/ha. Le mildiou n'a donc rien emporté.A l'échelle nationale non plus. En revanche, il a alimenté les caisses de l'industrie phytosanitaire. Certaines firmes annoncent 900 millions de francs. D'autres estiment que les recettes de leur industrie étaient plus proches du milliard. Recettes pour elles, mais dépenses pour les vignerons. C'est le prix qu'ils ont payé pour se fournir en antimildious. Jamais la maladie n'avait coûté aussi cher. Et aucun autre parasite n'entraîne de telles dépenses. L'oïdium, qui vient en second lieu, n'a pesé que la moitié du mildiou en termes de ventes de fongicides. Il a fallu un traitement de moins pour s'en protéger et les produits sont bien meilleur marché. L'écart s'explique ainsi.En 1999, le mildiou s'est distingué par la précocité de ses attaques. Dès le mois de mai, il s'en prenait aux feuilles, puis il se propageait sur les jeunes grappes avant même la floraison. Il fallait intervenir tôt et sans relâche pour maintenir un parfait état sanitaire. Durant cette première partie de la campagne, les alertes étaient moins chaudes sur les bords de la Méditerranée qu'ailleurs.Après la première décade de juin, la vague de pluies généralisée à l'ensemble du territoire prenait fin. Des averses éparses lui succédaient, engendrant une importante variabilité des risques. Chacun devait surveiller de près la pluviométrie sur son domaine. Fin juillet-début août, de nouvelles intempéries arrosaient l'ouest de la France. En Gironde, on parlait de climat tropical: humidité saturante et température de l'ordre de 25°C. Dans ces conditions, le mildiou effectue un cycle en quatre à cinq jours. Il a profité de toutes les erreurs pour apparaître sous forme de mosaïque et sur les entre-coeurs.Comme toujours lors de saisons difficiles, des produits furent critiqués. Cette fois, les attaques ont visé le fosétyl plus que toute autre matière active. Selon les divers experts qui se sont penchés sur la question, ses performances réelles ne sont pas en baisse. Les échecs tiendraient surtout à une surestimation de ses performances.Au bout du compte, les vignerons ont réalisé, en moyenne, un peu moins de huit passages contre le mildiou. A l'heure où l'on parle de production raisonnée, on aimerait faire mieux, c'est-à-dire moins. Mais les voeux pieux sont une chose et les nécessités de la protection d'une récolte, une autre.

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