Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2000

Une perpétuelle remise en question

La vigne - n°109 - avril 2000 - page 0

Parti de son lycée viticole sans avoir achevé ses études, Alain Gallety s'est en grande partie formé sur le terrain.

En 1983, Alain Gallety interrompt ses études pour reprendre le domaine acheté en Ardèche par son père quelques années auparavant. Son métier de vigneron, il l'apprendra grâce à un important travail de recherche personnel.Bien que jeune lorsqu'il arrive sur l'exploitation, il sait ce qu'il veut. La première année, il s'attache les conseils d'un oenologue, mais cette collaboration ne durera qu'un an, les deux hommes n'ayant pas la même vision des choses. 'A l'époque, les côtes-du-vivarais étaient des vins légers, fruités, à consommer rapidement. Je souhaitais produire des vins de garde, avec plus de matière.' Cette direction, dont il ne s'écartera pas, lui valut quelques ajournements, ses vins étant jugés atypiques. 'Avec du recul, je comprends mieux les sanctions du syndicat de l'époque', avoue-t-il à 36 ans.Aujourd'hui, il commercialise deux cuvées de vin rouge, représentant chacune environ la moitié de sa production. Le Domaine Gallety est élevé en barriques. Son millésime 1996 est mis sur le marché actuellement au prix départ cave de 57 F. Dans la cuvée Haute Vigne, vendue 32 F (millésime 1998), entrent les raisins issus des vignes les plus jeunes.60% de ses clients sont des particuliers, 20% des restaurants, le reste partant à l'export. Malgré cette situation enviable, Alain Gallety se remet en question tous les jours. Son approche demeure très empirique. 'Il n'y a pas de recette, poursuit-il. Je travaille beaucoup sur la dégustation qui guide mes choix.' Cette dégustation est aussi un moyen d'ouverture. En goûtant des vins français, mais aussi étrangers, il travaille encore à améliorer la qualité de ses propres vins.Alain Gallety est très à cheval sur la qualité de la vendange. 'Ne doivent entrer dans les cuves que les raisins qu'on a envie de croquer', dit-il. En septembre, il fait toujours appel à des habitués. Ces vendangeurs effectuent un premier tri, puis les porteurs un second, lorsqu'ils vident les seaux dans les caissettes. Celles-ci sont ensuite transportées jusqu'à la cave toute proche, les vignes se trouvant autour du domaine. Alain Gallety et sa famille opèrent enfin un dernier tri très sélectif. Puis la vendange tombe par gravité dans les cuves. Chaque parcelle et chaque cépage sont vinifiés séparément. L'ensemble fournira à Alain Gallety une large palette pour réaliser au mieux ses assemblages.Aujourd'hui, ce vigneron souhaite rallonger le temps de vieillissement de ses vins en bouteilles, pour que s'écoule au moins un an entre la mise et la commercialisation. A ces fins, il envisage de construire un chai enterré contre la cave existante.Lorsque Alain Gallety est arrivé au domaine, sa première action fut de changer les modes de vinifications existants. 'Mais pour obtenir des vins encore plus concentrés, il fallait également modifier l'approche au vignoble.' Ainsi, à partir de la fin des années quatre-vingt, les efforts se portent aussi sur le vignoble. Les vignes sont enherbées, puis l'encépagement est orienté vers la syrah et le grenache, au détriment du cinsault et du carignan. Alain Gallety n'apporte pas d'engrais, taille court et vendange en vert. Le rendement moyen sur l'exploitation approche les 40 hl/ha. 'Sur les vieilles vignes, il est plutôt de l'ordre de 25 hl/ha', précise-t-il. Depuis l'an dernier, le domaine est agréé en agriculture biologique. 'Je faisais cela à titre expérimental depuis des années... Ce n'est pas un argument commercial, mais cela me permet de poser des jalons et de prouver, s'il arrive un jour un problème type vache folle, que je travaille ainsi depuis longtemps.'Dans le cadre du Pida vins sud Ardèche (voir encadré), des opérations de communication sont organisées. A cette occasion, l'un des journalistes invités a découvert la cuvée Haute Vigne. 'Ce vin, sans conteste la révélation de notre dégustation, porte à merveille les promesses de cette toute récente AOC', écrit-il dans l'un des derniers numéros de La Revue du vin de France consacré aux 500 meilleurs vins à moins de 55 F. Outre le volet notoriété des vins de l'Ardèche, l'un des objectifs du Pida est de favoriser l'installation des jeunes. 'Il faut leur montrer qu'on peut vivre du vin ici, et alors on n'aura plus de problèmes d'installation!' estime Alain Gallety.Aujourd'hui, ce jeune vigneron contingente les bouteilles attribuées à ses gros clients. Cependant, il ne souhaite pas s'agrandir. 'Je veux rester en contact avec toutes les phases et garder le côté plaisir.' L'aîné de ses enfants va entrer au lycée viticole. 'On verra avec lui plus tard, mais il ajoute: J'ai une très grosse demande pour des viogniers ou des chardonnays haut de gamme.' Si croissance il y a, elle passera par les blancs. Cette orientation nécessite de nouveaux investissements 'On est en train de chiffrer tout cela', explique-t-il.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :