Le contrôle des pulvérisateurs pourrait devenir obligatoire à partir du 1er janvier 2003. Quelques régions commencent à s'organiser pour être en mesure d'inspecter régulièrement l'état mécanique des appareils.
Après les voitures, les pulvérisateurs. A leur tour, ils risquent d'être soumis à un contrôle obligatoire pour qu'ils puissent circuler et travailler librement dans les vignes. L'idée est agitée depuis longtemps, mais de manière vague, comme une sorte d'épouvantail. Elle pourrait se concrétiser dans un proche avenir.Le 4 avril, l'administration a annoncé qu'elle entreprenait une étude de faisabilité de la mise en place d'un contrôle obligatoire à partir du 1er janvier 2003. Ce fut lors d'une réunion entre les ministères de l'Environnement et de l'Agriculture et des représentants de la profession agricole (FNSEA, APCA, ACTA...). Si une mesure devait être prise, elle le serait au sein d'une réglementation nationale car tous les pays de l'Union européenne ne semblent pas encore d'accord pour légiférer sur le sujet.Aux dires des participants, l'administration n'a donné aucun détail quant à l'organisation ou à la fréquence des contrôles. Elle s'est contentée de préciser que ses objectifs étaient de garantir la sécurité de l'utilisateur, la protection des ressources en eau et le respect des limitations maximales de résidus (LMR) dans les denrées alimentaires. Cela suppose un diagnostic de l'état mécanique des appareils, suivi d'un contrôle de la régularité de l'application au champ.Quelques pulvérisateurs ont déjà été soumis à ce double examen lors de démonstrations organisées par des conseillers viticoles, notamment ceux des chambres d'agriculture. Cependant, s'ils peuvent indiquer la marche à suivre, ils n'ont pas les moyens ni la mission d'inspecter régulièrement le parc. D'autres personnes doivent s'en charger. Ce travail relève logiquement des concessionnaires ou des réparateurs de matériel agricole. Encore faut-il qu'ils soient qualifiés pour le faire et que leurs clients leur réclament un tel service.Pour l'instant, ni l'une ni l'autre de ces deux conditions ne sont remplies. Mais des vignerons prennent conscience de l'intérêt d'utiliser un pulvérisateur en parfait état et bien réglé. Timidement, une demande se fait jour. Parallèlement, au cours des deux dernières années, des mécaniciens ont été formés et agréés pour faire les contrôles prévus dans le cadre des opérations Phytomieux. Depuis l'an dernier, en Champagne, en Côte-d'Or, à Sancerre et en Touraine, quelques ateliers ont du personnel qualifié pour diagnostiquer l'état des pulvérisateurs. Dans les autres régions, on peut se tourner vers des techniciens de chambres d'agriculture. Au terme de leur inspection, ils délivrent une sorte de rapport indiquant, si nécessaire, les organes à réparer ou à changer, le régime moteur auquel la prise de force tourne effectivement à 540 tours/minute et les débits fournis par le pulvérisateur à différentes pressions lues au manomètre.Leurs interventions sont rarement facturées au delà de 600 F HT. Les vignerons de la région Centre, aidés par leur conseil régional, ne paient que 300 F HT. Le coût des diagnostics ne devrait donc pas être un obstacle à leur généralisation. En revanche, il risque d'entraîner des dépenses imprévues s'il met à jour la nécessité de changer des pièces. Le mécanicien remet alors un devis de réparation à son client.Il faut compter deux heures pour passer entièrement en revue un appareil. 'La première chose que nous faisons, c'est de vérifier s'il y a un manomètre et un protège-cardan, explique Bernard Guillobez, le gérant de VDP (Viticulture développement Pouillot), un atelier de mécanique viticole de Sancerre. Si le cardan n'est pas protégé, le contrôleur n'est même pas habilité à monter sur la machine. C'est une question de sécurité.' Au cours de cet examen visuel, le contrôleur inspecte également les différents organes (tuyauterie, filtres, cloche à air, pompe, ventilateur et rampes) pour détecter des fuites ou apprécier l'équilibre d'ensemble.Ensuite, il met le tracteur en route. La première vérification porte sur la vitesse de rotation de la prise de force. Ce travail peut paraître inutile car tous les tracteurs sont dotés d'un compte-tours étalonné. Pourtant, il ne l'est pas. Nous avons ainsi vu un technicien relever qu'il fallait monter le régime moteur d'un modèle récent (Massey Fergusson 364 V) jusqu'à 2 100 t/min alors que selon les données du constructeur, 1 850 t/min devaient suffire.Ce travail fait, commencent les minutieuses mesures de la pression et des débits. Elles démarrent par la vérification du manomètre installé sur l'appareil par comparaison avec les indications d'un autre manomètre. Sur les appareils à buses (pendillard et jet porté), elles se poursuivent par la lecture de la pression dans chaque tronçon lors de leur fonctionnement séparé ou en commun lorsqu'ils sont tous ouverts. Quel que soit le nombre de tronçons alimentés de bouillie, le régulateur de pression doit maintenir ce paramètre constant. On sera alors sûr que le pulvérisateur applique le même volume en plein champ et en bout de vigne lorsqu'une section seulement fonctionne.Les mesures s'achèvent par celles du débit de chacune des buses. Cette opération est nécessaire, même lorsqu'elles sont neuves car les buses ne sont pas toujours parfaitement calibrées.Sur les appareils pneumatiques, la méthode de contrôle des débits et des pressions est moins stricte. Certains se contentent de mesurer ces paramètres sur l'un des tronçons; d'autres le font sur chaque tronçon, voire sur chaque sortie. Pour travailler à ce niveau de détail, il faut que l'appareil s'y prête. Cela suppose que chaque orifice est précédé d'une pastille de calibrage, ce qui n'est pas toujours le cas. Certains appareils n'ont qu'une pastille par tronçon. Il n'existe alors aucun moyen de vérifier directement si toutes les sorties fournissent bien le même débit. La seule manière d'y parvenir est indirecte. Il faut amener le pulvérisateur dans les vignes et vérifier, à l'aide de papiers hydrosensibles, que les feuilles sont toutes couvertes de manière identique quelle que soit leur hauteur. Et même si l'on a pu mesurer avec précision tous les paramètres de fonctionnement de son appareil, le contrôle au champ reste le complément indispensable d'un bon diagnostic mécanique.