Sur le front de la viticulture raisonnée, l'ITV, l'Onivins et l'Inao ont travaillé pour définir un référentiel commun à toute la filière. Il contient un engagement strict: ne pas brûler ou enterrer les emballages de produits.
Le document fait quatre pages et s'intitule 'Agriculture raisonnée, socle commun pour la viticulture'. La viticulture raisonnée a maintenant une définition nationale et donc un 'visage'. Ce sujet a mobilisé les énergies depuis plusieurs mois (voir La Vigne n° 107, février 2000) et fait l'objet de cacophonies. Entre les initiatives locales, nationales (Farre...) et commerciales (grande distribution), cela partait dans tous les sens. Sur la base du rapport Paillotin, ce document fixe maintenant une vraie ligne directrice.A l'examen du contenu, il ne faut pas s'attendre à des séries de normes ou de chiffres. On y trouve surtout des principes et des méthodes. Le préambule l'explique: 'L'objectif général de la viticulture raisonnée est de responsabiliser le viticulteur sur l'amélioration des itinéraires techniques mis en oeuvre sur son exploitation avec le souci d'un meilleur respect de l'environnement. La recherche d'une traçabilité est au centre de cette orientation'. On trouve sept chapitres dans le texte: traçabilité, établissement du vignoble, fertilisation, entretien du sol, protection sanitaire, application des produits phytosanitaires, effluents et déchets. Chacun est décliné en trois parties: les objectifs, le minimum nécessaire (engagement strict) et les recommandations. Voyons quelques exemples. Dans le chapitre sur la fertilisation, l'engagement minimum stipule notamment une analyse de sol par unité pédologique représentative tous les six ans; du côté des recommandations, exclusion des composts trop chargés en métaux lourds; pour l'entretien du sol, on recommande l'enherbement de l'interrang dans tous les terroirs le permettant; sur le front de la protection sanitaire, on peut lire un engagement strict sur la limitation des apports de cuivre; on y recommande alors l'utilisation de panneaux récupérateurs et une limitation à 4 000 g de Cu/ha/an; pour les déchets, engagement strict à ne pas brûler ou enterrer les emballages.Sur la portée à donner à ce texte, plusieurs consensus se sont dégagés au sein du conseil de direction de l'Onivins, qui a mené le travail de synthèse. D'abord, l'agriculture raisonnée n'est pas une niche supplémentaire, mais une démarche de masse et doit être rapide; on ne veut pas de viticulture à plusieurs vitesses. Ensuite, elle ne doit pas donner lieu à une communication à caractère commercial. Elle deviendra la règle de toute l'agriculture. Il n'y aura donc pas à l'indiquer sur l'étiquette. Enfin, les efforts du producteur ne devront pas altérer sa compétitivité.Le ministre de l'Agriculture a annoncé que la question de l'agriculture raisonnée ferait l'objet d'un cadre réglementaire. Il faut maintenant attendre que les autres filières remettent leur socle aux pouvoirs publics, la nôtre ayant pris de l'avance. Un texte devra valider tout cela, même si ni le calendrier ni la forme (une loi?) ne sont encore définis. 'On imagine mal un polyculteur pratiquer du 'raisonné' dans son atelier viticole et être en traditionnel sur la partie céréales, par exemple', explique un responsable.Ce socle commun de la viticulture ayant vocation d'être complété par des prolongements locaux, on pourra aller plus loin en fonction des spécificités de chaque vignoble. C'est là que devra se trouver l'articulation avec ce qui se pratique déjà en Alsace ou dans le Beaujolais, par exemple. Sur le plan général, il faudra assurer la cohérence du dispositif avec les CTE (contrats territoriaux d'exploitation). 'On pourra y inscrire le financement de panneaux récupérateurs, par exemple', indique-t-on. Enfin, si rien ne concerne ici l'oenologie raisonnée, il faudra ouvrir ce dossier.