Pour remplacer la lutte obligatoire et ses trois traitements, des études sont menées pour limiter le nombre d'interventions ou pour trouver une solution se substituant à l'utilisation d'insecticides.
Dans certaines communes, les vignerons ont produit de gros efforts et ont beaucoup arraché. Pourtant, ils doivent poursuivre les traitements contre la cicadelle, raconte un professionnel. De plus, cette stratégie à trois traitements va à l'encontre d'une démarche d'agriculture raisonnée. Mais Henri Guillemont insiste: 'On ne pourra pas penser à une alternative tant que le vignoble ne sera assaini. Elle consisterait à diminuer le nombre de traitements lorsque la situation le permet, en se basant sur la population de cicadelles et sur le nombre de foyers ou de ceps isolés, mais il est difficile de communiquer sur ce sujet.' 'Si on parvient à quelque chose, il faudra au moins deux à trois années d'étude', ajoute Jean-Michel Trespaillé-Barrau.Cette lutte raisonnée serait donc en partie fondée sur l'observation des parcelles avant et après les traitements pour évaluer la population de cicadelles s'y trouvant. Il est matériellement impossible que ce suivi parcellaire soit assuré par les techniciens. Il faudrait que les vignerons le réalisent. 'Mais il est rare qu'il observe toutes ses parcelles. Et dans le cas de la flavescence dorée, si des vignes passent au travers, il y a un risque, poursuit-il. Cette lutte raisonnée est possible, mais pas applicable par tous.'Dans l'Aude, pour mieux raisonner la lutte et l'organiser, la fédération des groupements de défense souhaite affiner l'image du vecteur et du phytoplasme. Le but est de créer une mémoire de l'évolution de la maladie à l'aide d'une cartographie remise à jour régulièrement grâce au GPS. Avec ce système, un foyer ou un cep isolé repéré sur le terrain par un technicien est, le jour même, signalé et enregistré. Munie du relevé cadastral, la fédération connaît alors le propriétaire de la parcelle en question. Elle peut être plus réactive, donc plus efficace. Cette cartographie permet aussi de rationaliser les chantiers d'intervention.Il reste beaucoup de choses à apprendre sur la flavescence. Quel est le temps d'incubation de la maladie? Comment se propage-t-elle à moyenne distance? Pourquoi les cépages ont-ils des sensibilités différentes? Comment s'exprime le phytoplasme dans la plante... En essayant de répondre à ces questions, la recherche tente de trouver des solutions autres que la lutte chimique pour combattre cette jaunisse.Les vignerons en agrobiologie fondent beaucoup d'espoirs dans l'utilisation de prédateurs de Scaphoideus titanus pour prévenir l'extension de la flavescence dorée. Dans la région dont est originaire cette cicadelle, l'Amérique du Nord, sa population est naturellement régulée. Le taux de parasitisme des larves y est nettement supérieur à celui observé sur le vieux Continent. L'étude de cette situation pourrait permettre de parvenir à une lutte biologique à moyen terme.L'Inra de Dijon travaille actuellement, avec un laboratoire italien, sur le rôle du porte-greffe dans l'expression des symptômes de flavescence dorée. Cela pourrait conduire, à moyenne échéance, à une stratégie portant sur les choix d'association porte-greffe-Vitis vinifera. 'Par ailleurs, nous travaillons sur l'effet d'élicitines, petites protéines produites par des champignons, qui ont un effet protecteur contre diverses attaques d'agents pathogènes. L'effet sur les phytoplasmes semble réel', indique Elisabeth Boudon-Padieu, à l'Inra de Dijon.A plus long terme, une meilleure connaissance du phytoplasme et des réactions qu'il engendre dans la plante permettrait de dérégler le système d'infection. Des travaux dans ce sens débutent à l'Inra de Dijon et de Bordeaux.En Gironde, les travaux conduits par Monique Garnier portent, pour l'instant, sur d'autres phytoplasmes que celui de la flavescence dorée. L'objectif est de mieux connaître le génome de l'agent pathogène, d'identifier les gènes impliqués dans la pathogénie et ceux impliqués dans la transmissibilité par les insectes. Les études concernent aussi les conséquences sur la plante de la présence du phytoplasme. Une autre stratégie consiste à induire un système immunitaire dans la plante et à lui faire fabriquer des 'planticorps' qui reconnaîtront le phytoplasme lors de l'infection et bloqueront son évolution. L'Inra de Bordeaux y travaille avec du tabac, mais les résultats pourraient être transposés à la vigne. L'un des objectifs est d'obtenir des porte-greffes qui produiront ces planticorps dans leurs racines, mais il s'agit là d'OGM...