Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2000

A la recherche de l'origine de cépages cultivés en France

La vigne - n°110 - mai 2000 - page 0

Des analyses génétiques ont déjà permis de retrouver les parents du chardonnay ou du cabernet-sauvignon. D'autres travaux amènent à s'interroger sur l'origine de certains cépages, dont la syrah.

La vigne est une espèce très diversifiée au sein de laquelle 5 000 à 6 000 cépages sont répertoriés. Le conservatoire ampélographique du domaine Inra de Vassal (Hérault) en maintient environ 2 300. Récemment, des études sur l'ADN des cépages ont été conduites. Elles permettent de définir des empreintes génétiques. Celles-ci caractérisent spécifiquement et individuellement chaque cépage. Dans certains cas, leur étude a permis d'établir des liens de parenté précis: à l'aide de la technique dite de microsatellite (voir encadré), il a ainsi été démontré que le chardonnay est issu d'un croisement entre le pinot et le gouais blanc. Mais ce type d'analyse a des limites: il est indispensable que les parents possibles existent encore. Ainsi, grâce à la collection du domaine de Vassal, nous avons pu démontrer qu'une quinzaine de cépages du nord-est avaient les mêmes parents que le chardonnay.
Les techniques d'analyse génétique permettent également de savoir si des cépages sont proches ou distants les uns des autres. Afin de connaître les liens de parenté, nous avons analysé, par microsatellite, 300 cépages d'origine diverse.
Les résultats de cette analyse au niveau des 44 principaux cépages français sont intéressants. Ces cépages ont des origines géographiques diverses. Certains proviennent de pays étrangers. Les muscats blanc à petits grains et d'Alexandrie sont originaires des Balkans. Le carignan et le grenache noir ont vu le jour dans la péninsule Ibérique. Le sylvaner, le riesling et le gewurztraminer sont supposés venir d'Europe Centrale. Mais la majorité des cépages cultivés en France en sont originaires. Dans leur cas, on distingue des origines régionales.
En analysant les données obtenues à l'aide de treize marqueurs microsatellites, on observe ainsi un regroupement des cépages du nord-est. Ce n'est pas étonnant car les cépages analysés de cette région sont issus de croisements entre le pinot et le gouais. Les cépages ibériques et ceux du Midi méditerranéen sont de même regroupés. En revanche, les cépages d'Europe Centrale et de la vallée du Rhône sont dispersés. Le gewurztraminer se retrouve avec les cépages atlantiques, très proche du gros manseng. La syrah côtoie le cabernet-sauvignon et le cot du groupe atlantique. Nous espérons éclaircir ce résultat en partant à la recherche des parents de la syrah. Une autre surprise est la proximité du cabernet franc avec les cépages bourguignons. On peut également remarquer que le grolleau est voisin des cépages ibériques et méditerranéens. Cependant, ces premiers résultats demandent à être confirmés.

Des analyses moléculaires sont en cours sur un plus grand nombre de cépages. Elles devraient apporter des informations capitales dans le cadre de la gestion des ressources génétiques de la vigne et permettre de comprendre son évolution. Ces analyses ont également des implications plus directes pour les vignerons, avec la possibilité d'identifier des cépages lorsqu'on ne dispose que de bois ou de grappes. Ainsi des identifications de cépage ont déjà été réalisées cette année à partir des grappes de raisins de table par la répression des fraudes de Montpellier.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :