Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2000

Le mildiou s'attaque aux grappes

La vigne - n°111 - juin 2000 - page 0

Des épisodes orageux en alternance avec des périodes chaudes : le mois de mai a réuni les conditions idéales pour permettre au mildiou d'accroître sa pression. Début juin, ses fructifications étaient visibles sur les feuilles, mais aussi sur les grappes. La météo favorable au champignon s'est installée alors que la vigne atteignait un stade de grande sensibilité. Dans les parcelles, la situation était très variable : certains ont su maîtriser une pression forte, d'autres se sont laissés dépasser sans que l'on sache toujours expliquer pourquoi. Pour parer ces attaques, les Avertissements agricoles ont souvent conseillé de resserrer les cadences de traitement.Dans le Pays nantais, malgré une pression sensible très tôt en saison, les vignerons ont dans l'ensemble bien réagi. D'après la chambre d'agriculture, même si ponctuellement des accidents existent, le mildiou a globalement était bien maîtrisé. Cependant, les cadences ont dû être resserrées pour y parvenir. Dans le Vaucluse, même constat : dans l'ensemble, le mildiou était à peu près contenu début juin, malgré une pression jugée la plus forte de ces cinq dernières années. Dans le Beaujolais, le mildiou est arrivé tôt, l'épidémie a ensuite été explosive, avec des cycles très courts. ' Malgré ce qui s'est passé l'an dernier, les vignerons se sont laissés surprendre ', explique Nicolas Besset, au Comité de développement du Beaujolais. ' Le mildiou est le problème dominant, ajoutait Nathalie David début juin, au château de Mons dans l'Armagnac. La pression est très forte, comme en 1999, voire plus si c'est possible ! ' Dans cette région, les toutes premières tâches sont apparues le 3 mai. Il y a eu ensuite de gros orages. ' Il est tombé parfois une centaine de millimètres ', poursuit Nathalie David, suivi derrière d'une sortie de taches impressionnantes. ' La pression mildiou est relativement forte, avec des contaminations quasi permanentes à la faveur d'épisodes pluvio-orageux depuis fin avril, précise Bertrand Bourgouin, à la Protection des végétaux de Midi-Pyrénées. Dans notre région, les zones les plus touchées sont l'Armagnac et le Frontonnais, poursuit-il. La pression mildiou est moindre à Gaillac et à Cahors. Localement, il y a eu des pluies très fortes qui expliquent l'évolution de la maladie. ' ' Ça commence à chauffer, racontait début juin Arnaud Descôtes, à l'interprofession champenoise. Le mildiou est présent un peu partout, mais les situations sont variables, et bien corrélées à la pluviométrie. ' ' Les sorties de taches sur feuilles sont parfois spectaculaires. Certaines parcelles sont fortement touchées, notamment celles où l'on se trouvait en fin de persistance d'action du fongicide. Les pluies du dernier week-end ont permis un repiquage sur grappes : des symptômes de rot gris sont observés dans de nombreux secteurs ', pouvait-on lire sur le bulletin d'avertissement aquitain daté du 31 mai. Ce rot gris est signalé un peu partout. Dans l'Aude par exemple, les attaques étaient peu importantes sur feuilles, mais très fortes sur grappes. ' Les dégâts sont de plus en plus faciles à repérer sur grappes, expliquait-on à la Protection des végétaux des Charentes le 6 juin. Leur importance est très variable selon les secteurs, mais surtout d'une parcelle à l'autre. Dans certains cas, on observe jusqu'à 30 % de grappes attaquées... Si la zone atteinte est située en haut, la grappe est condamnée, par dessèchement du pédoncule qui n'alimente plus. Si elle se trouve en bas ou sur une aile, une partie de la grappe peut en réchapper. ' En plus de cette pression importante, le mildiou est arrivé plus tôt que d'habitude : dans le Pays nantais, les vignerons appliquaient début juin leur quatrième traitement. ' D'ordinaire, à cette époque, ils n'ont fait que deux antimildious ', expliquait Jean-Louis Brosseau, à la chambre d'agriculture. En Alsace, où le risque mildiou est également jugé fort cette année, les premières taches ont été trouvées vers le 12 mai ' Habituellement, le concours mildiou est gagné fin mai-début juin ', indique-t-on à la Protection des végétaux. Des échecs de traitement ont été observés un peu partout. Ils ont parfois des conséquences sévères. ' J'ai vu une parcelle détruite à 75 %, raconte Nicolas Besset. Le vigneron a traité trop tard, avec des produits de contact qui ont été lessivés. ' Pour expliquer ces dégâts, les conseillers mettent souvent en cause la qualité de la pulvérisation. De plus, avec les pluies, les traitements n'ont pu être renouvelés à temps. Lorsque la pression est forte, il n'y a aucun droit à l'erreur. Cependant, ces raisons n'expliquent pas tout. ' La date de positionnement du produit était très importante cette année, juge Arnaud Descôtes. Comme en 1997, cela s'est joué à pas grand chose. ' Cependant, il existait fin mai des régions où la pression mildiou n'était pas encore jugée élevée. Dans le Var, les attaques n'étaient que très ponctuelles et, comme l'année dernière, ce vignoble semblait échapper à la pression du mildiou, la préoccupation majeure étant plutôt l'oïdium. En Bourgogne, la côte de Beaune subissait une pression importante, alors qu'en côte de Nuits, les techniciens ne notaient que quelques taches éparses. Dans l'Yonne, le mildiou restait encore discret, de même en Savoie, où les attaques étaient limitées. Mais les précipitations survenues au cours du week-end de l'Ascension ont pu changer la donne. Fin mai, des températures plus fraîches ont parfois ralenti le champignon. Cependant, il n'était pas question de lever le pied : le mildiou restait bien présent, et les taches étaient prêtes à se réactiver à la faveur de conditions climatiques plus favorables : en Charentes, les pluies de la nuit du 30 au 31 mai ont été suivies d'un crachin. Les taches de mildiou, qui ne fructifiaient plus, ont alors été réactivées.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :