ImprimerLe climat de l'île de Tasmanie n'est pas idéal pour le développement du vignoble. Plusieurs types de vins sont élaborés, mais le terroir semble surtout convenir aux effervescents.
La Tasmanie possède l'un des vignobles les moins connus d'Australie. Pourtant, les premières vignes ont été plantées ici dans les années 1820 aux alentours de Hobart, la capitale. Mais avec le climat local difficile, cette activité n'a jamais décollé. Il faut attendre les années 1970 pour cela. L'industrie du vin est encore une activité naissante, mais avec un fort développement depuis dix ans. Lors des vendanges 1999, environ 3 000 tonnes de raisins ont été récoltés sur l'île. Avec ses 650 ha de vignes, la Tasmanie n'est qu'une fraction des 110 000 ha du vignoble australien. On y a planté 78 ha en 1999.Les vignes se concentrent autour des villes de Launceston (nord de l'île), et Hobart (sud). Les pentes des meilleurs vignobles sont orientées au nord, ce qui est la meilleure exposition dans cet hémisphère. On recense 69 wineries sur l'île, réparties sur cinq zones viticoles. Cependant, une grosse cave, Piper's Brook, détient à elle seule plus de 200 ha.Le climat est aussi froid qu'en Champagne, mais de longues journées ensoleillées permettent d'obtenir une bonne maturité. Frais et tempéré, il convient bien au pinot noir qui arrive à maturité avec des acidités très élevées. Le mûrissement des vignes est lent et régulier, amenant des intensités aromatiques intéressantes. Les degrés alcooliques sont plutôt élevés (autour de 13,5 %). Une extraction de couleur et de tanins poussée aboutit à des vins concentrés et complexes, capables de supporter un élevage en barriques. Pour cette raison, la Tasmanie a été assimilée à une ' nouvelle Bourgogne ', argument commercial amplement utilisé sur place. Des cépages comme le cabernet-sauvignon ou le merlot sont présents. Sur des coteaux drainants lors d'années bien ensoleillées, ils donnent des résultats intéressants et inattendus, même si leur avenir n'est pas des plus prometteurs. Les gewurztraminer, sauvignon et riesling (dénommé ici rhine riesling) se révèlent aussi bien adaptés. Les vins blancs tasmaniens sont très acides et bien équilibrés. Ils ont des arômes vivaces et d'une belle délicatesse. Le riesling, très floral au nez, atteint sa maturité avec de fortes acidités, le rendant apte au vieillissement. Ses potentialités ont stimulé certaines caves à développer une stratégie de haute qualité : des ' premium ' ou ' ultra-riesling ' voient le jour. Cette récente approche incite la région à se comparer à l'Alsace... Décidément, la France reste la référence. La production de sparkling wines (vins effervescents) de qualité est en plein essor depuis 1993. La Tasmanie semble avoir un avenir prometteur sur ce créneau. Les grandes entreprises australiennes souhaitant développer leur production de mousseux achètent des raisins ou des moûts sur l'île pour élaborer leurs vins de base, du chardonnay et du pinot noir essentiellement, avec une acidité naturelle élevée. En Tasmanie, les équipements de cave sont plutôt modernes, même si on trouve encore d'anciens entrepôts de pêche où les containers à homards sont reconvertis en cuves à chardonnay, comme chez Apsley Gorge Vineyard. Les modes de conduite reprennent volontiers la lyre et le Scott-Henry (couvert végétal divisé verticalement, donnant deux plans de palissage superposés, l'un tombant, l'autre vers le haut). L'irrigation au goutte-à-goutte existe, même si la sécheresse n'est pas un souci. C'est le vent marin qui en est un. Le climat est donc favorable à l'oïdium et au botrytis. Les animaux posent aussi des problèmes aux vignerons. Des walabbies (petite espèce de kangourou) abondent. Ils sont régulièrement chassés pour limiter les dégâts causés aux jeunes plantiers. Lorsque les raisins sont proches de la maturité, des canons sont utilisés pour les éloigner. Durant les campagnes précédentes, les baies éclatées par les oiseaux ont été fortement atteintes par les champignons. Les raisins de Tasmanie sont parmi les plus chers sur le marché australien. Les prix des vins sont plutôt élevés. Il faut compter en moyenne 100 francs français pour une bouteille de riesling ou de chardonnay. Les taxes sur l'alcool (41 % en Australie) sont en partie responsables de cette situation. Du coup, les vins tasmaniens sont très peu exportés, essentiellement vers le Japon, Hong Kong, Singapour et le Royaume-Uni. Localement, leur écoulement est surtout assuré par la promotion touristique. L'accueil des visiteurs y ait bien assuré. Dans la plupart des caves, on trouve une restauration intégrée et des boutiques de vente d'objets divers. Une wine route balise le vignoble. La presse et la radio diffusent de fréquents reportages sur le vignoble de l'île, présenté comme l'un des loisirs-phare. Il faut dire que la Tasmanie est l'île des vacances pour beaucoup d'Australiens.