Dans le cadre du Festival Off d'Avignon, Christophe Tassan, sommelier, proposait aux festivaliers une dégustation théâtralisée de huit vins de la vallée du Rhône.
Au mois de juillet, Avignon change de visage, les rues se couvrent d'affiches. Le Festival Off accueille plus de cinq cents spectacles, et chacun tente de sortir du lot à l'aide de tracts et de parades organisées dans les rues. Au cours de cette manifestation théâtrale, l'interprofession des côtes du Rhône, avait l'habitude d'organiser des dégustations de vins. Cette année, Philippe Verdier, le directeur du service marketing d'Inter-Rhône, a eu envie d'un vrai spectacle. Il a demandé à Christophe Tassan, sommelier en Avignon, de monter quelque chose. Pouvait-il refuser alors que par amitié pour sa famille, Jean Vilar, le créateur de ce festival, a écrit un poème lors de sa naissance ?Le spectacle né de cette idée se nomme Du vin sur les planches. Chaque soir, du 6 au 30 juillet, il a accueilli soixante personnes dans le cadre de l'hôtel de Rochegude, où siège la maison des vins. Dans une salle éclairée par quelques bougies, les amateurs de vins se trouvent assis autour d'une barrique transformée en table de dégustation. Le fond, sur lequel repose les verres des spectateurs, est recouvert d'une nappe ronde en papier glacé qui donne un avant-goût du spectacle : autour d'une carte des vignobles de la vallée du Rhône, on peut lire des textes courts sur le vin : ' Je ne connais de sérieux ici-bas que la culture de la vigne ', écrivait Voltaire ; ' Jamais homme noble ne hait le bon vin ', considérait Rabelais... La dégustation commentée de huit vins de la vallée du Rhône sera ainsi ponctuée de citations d'auteurs et d'anecdotes provençales. Christophe Tassan est un homme passionné qui parle avec amour et humour des vins des côtes du Rhône, en toute simplicité. Il raconte aussi comment son ' papé ' lui apprenait à trouver des truffes en observant les mouches voler et donne, entre deux verres de vin, la recette en alexandrins de la bonbine ardéchoise selon Jean-Victor Goubert. Mais il cite également Omar Khayyam, poète oriental du XII e siècle qui écrivait : ' Ecarte tes pas de tout chemin qui ne te conduira pas à la taverne ', et il reprend les phrases de Colette : ' La vigne, le vin sont de grands mystères. Seule, dans le règne végétal, la vigne nous rend intelligible ce qu'est la saveur de la terre. Quelle fidélité dans la traduction ! Elle ressent, exprime par la grappe les secrets du sol. ' Une Colette qui avouait que sa mère, rebouchant la bouteille entamée, contemplait sur ses joues la gloire des crus français. Lorsqu'il commente les vins, il sait trouver les mots pour permettre aux personnes qui dégustent avec lui d'associer une sensation à une expression : il parle de crayon à papier mâchouillé pour décrire les arômes balsamiques ; il profite du bouquet d'un côte-du-rhône village blanc pour évoquer les différentes saveurs des variétés de pomme. Tout paraît simple et évident : ce qu'il perçoit, le spectateur le ressent. Et c'est ainsi tous les soirs, avec chaque fois des vins différents. ' Les vignerons de la route des vins ont été sollicités pour donner des échantillons, explique Sylvie Boczkowski, d'Inter-Rhône, Et ceux qui le souhaitaient pouvaient participer à la représentation le soir où leur vin était servi. ' Le spectacle fut un succès, affichant complet pratiquement tous les jours. ' Bon voyage dans tous vos prochains verres de vin ', concluait Christophe Tassan, après deux heures de spectacle.