Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2000

Des coûts de production élevés

La vigne - n°114 - octobre 2000 - page 0

Le mildiou a beaucoup sévi cette année. Dans certains vignobles, on compte deux à trois passages supplémentaires par rapport à une année normale. En faisant ses comptes, le vigneron s'aperçoit que les dépenses en pulvérisation ont augmenté.

Le mildiou a donné beaucoup de souci aux vignerons au cours de cette saison. En effet, sa présence a été particulièrement virulente dans de nombreuses régions viticoles. D'ailleurs, les traitements contre ce champignon sont devenus presque systématiques.A la chambre d'agriculture de Cognac, on a effectivement constaté que les vignes ont été traitées dix à onze fois en moyenne, alors qu'une année normale nécessite sept à huit passages. Les vignerons n'ont pas eu le temps de se plaindre : il leur était nécessaire de dépenser plus en produits phytosanitaires et de passer plus de temps à leurs pulvérisateurs. A la chambre d'agriculture de Touraine, d'après Jean-Marc Rolland, les deux, voire trois traitements supplémentaires ont induit une augmentation du coût de production. Il évalue le prix d'un traitement, de manière simplifiée : ' Entre le coût du fioul et l'amortissement du matériel, le traitement d'un hectare revient à 150 F. Si un hectare est traité en 30 min, on peut chiffrer le salaire du conducteur à environ 100 F, la mise en oeuvre de la pulvérisation à 300 F/ha, les fongicides à 300 F/ha : un traitement revient à environ 600 F. En moyenne, les vignerons auront donc dépensé 1 200 F supplémentaires pour cette année, en Touraine. ' Une année moyenne, nécessitant huit traitements, coûte 4 800 F. Encore faudrait-il que ces traitements aient effectivement permis de protéger la vigne. Les vignerons attentifs à la qualité de leur pulvérisation, ont bien positionné leurs interventions par rapport aux prévisions météorologiques ; ils étaient mieux placés pour affronter efficacement le mildiou. Les autres ont utilisé autant de produit et passé autant de temps sur leurs tracteurs, mais ils n'ont pas réussi à traiter au moment opportun et ont vu une part de leur récolte engloutie par le mildiou. Cette année, le raisonnement se situait plutôt sur le positionnement du traitement pour qu'il soit efficace. Mais le champignon étant continuellement virulent, il n'y avait plus aucune raison d'observer son cycle de développement en fonction de la pluviométrie. De plus, quand la météo annonce des orages, il est difficile de prévoir s'il va pleuvoir 50 mm ou si la parcelle va être épargnée. Les prix des produits phytosanitaires évoluent durant toute l'année. Ils sont généralement au prix le plus bas durant les mois de janvier et février. Les firmes incitent donc à l'achat pendant l'hiver alors que ces produits ne sont pas encore utilisables dans les vignes. Les fongicides sont au prix maximal durant l'été, et les insecticides durant le printemps. Cette année, pour réaliser leurs traitements supplémentaires, les vignerons ont dû se réapprovisionner en été, au prix fort. D'après l'Insee et la SCEES (Service statistique du ministère de l'Agriculture), la courbe des prix des fongicides a montré une évolution normale au début de l'année 2000. Les prix des insecticides et des herbicides ont plus augmenté au printemps 2000 qu'à cette même période les années précédentes.D'après des études Agreste, toujours du ministère de l'Agriculture, (Conjoncture La note de septembre 2000), en viticulture, les produits pétroliers représentent 6 % des consommations intermédiaires (l'équivalent des dépenses en plants de vignes), contre 15 % pour les produits phytosanitaires. Depuis le mois de janvier 1999, le tarif consommateur du fioul domestique n'a cessé d'augmenter. Il est passé de moins de 2 F à plus de 3 F/l en août 2000. En plus de la hausse du prix du baril, la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) a une action amplificatrice sur la variation des prix. En effet, la taxation du fioul domestique est plus faible que pour les autres carburants. Ironiquement, cette taxation amortit alors moins les fluctuations du pétrole brut. Le prix du fioul domestique (au tarif consommateur) a augmenté de 49 % entre juin 1999 et juin 2000, tandis que celui de l'essence (super sans plomb 98) n'a augmenté ' que ' de 22 % durant la même période. La diminution de 30 % de la TIPP sur le fuel domestique, décidée après les manifestations des professionnels concernés, devrait réduire la tendance à son augmentation. Cette mesure sera appliquée de manière rétroactive depuis le 1 er janvier 2000. Avec la baisse de la TIPP, on devrait voir le prix du fioul diminuer de 15 c seulement. Mais pour un prix supérieur à 3,50 F/l TTC, il demeure beaucoup plus cher qu'avant. On attend toujours une baisse significative du prix du baril de pétrole. En parallèle, des mesures d'encouragement au développement des biocarburants ont été décidées.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :