Une récente étude dresse un état des lieuxde l'installation en viticulture. Une base de réflexion indispensable pour les organismes professionnels qui souhaitent améliorer les conditions d'installation des jeunes et des moins jeunes.
En 1998, l'ensemble des organismes et des syndicats viticoles ou agricoles (1) se sont réunis au sein d'un comité de pilotage avec, pour objectif : étudier la situation de l'installation en viticulture. Jérôme Despey, vigneron dans le Midi et vice-président du CNJA (Centre national des jeunes agriculteurs), était chargé d'animer le comité. L'étude a été réalisée en deux étapes. La première partie, menée à l'échelle du pays, a permis un bilan chiffré de l'installation à partir des données de la MSA, du casier viticole informatisé (CVI) et du Cnasea (Centre national pour l'aménagement des structures des exploitations agricoles). Dans cette première phase, seules les installations à titre principal en viticulture et hors transfert entre époux sont prises en compte. Sur trois ans (1996 à 1998), seulement 53 % de la population potentiellement concernée par la DJA (dotation jeune agriculteur) ont bénéficié de cette aide. Les 47 % restants ne l'ont pas demandée ou ont été refusés. La population cible est ici définie par les chefs d'entreprise âgés de 18 à 40 ans, s'installant en viticulture essentiellement et sur au moins une demi-SMI (surface minimum d'installation). D'importantes variations sont observées selon les secteurs de production. ' Le pourcentage est généralement supérieur dans les zones d'appellation. En effet, elles sont situées en zone de coteaux avec une DJA plus intéressante qu'en zone de plaine. Dans les zones de vins de table et de vins de pays du sud de la France, on observe une augmentation des installations aidées depuis qu'elles ont été rendues plus attractives par le changement de gestion des droits gratuits ', observe Jérôme Despey. Quatre départements, très différents quant à la structure, la taille et l'organisation des exploitations, ont été choisis pour mener une étude plus fouillée par le biais, notamment, d'un questionnaire adressé aux nouveaux installés : la Gironde, l'Hérault, le Maine-et-Loire et le Vaucluse. Dans cette partie, tous les parcours d'installation sont pris en compte : les viticulteurs à titre principal, les agriculteurs pour lesquels la vigne est un atelier secondaire, les pluriactifs pour lesquels l'agriculture est l'activité secondaire, et les cotisants solidaires travaillant sur moins d'un tiers de SMI. En ce qui concerne l'accès à la DJA, les disparités sont importantes d'un département à l'autre. La population cible (respectant les critères et donc susceptible de recevoir l'aide) représente 65 % des nouveaux installés en Gironde, 50 % dans l'Hérault, 84 % dans le Maine-et-Loire et 60 % dans le Vaucluse. En Gironde, 49 % de la population cible ont bénéficié de la DJA contre, respectivement, 38 %, 64 % et 5 % dans le Vaucluse. Ainsi, sur les quatre départements étudiés, seuls 46 % des nouveaux installés susceptibles de recevoir la DJA en ont bénéficié. Les autres ne l'ont pas demandée ou ne l'ont pas obtenue. L'enquête postale a permis d'affiner les motifs de non accès à la DJA. Parmi ceux qui se trouvent hors critères, le premier motif cité est la formation inadaptée. Deuxième raison citée, l'âge trop élevé. La limite étant récemment passée de 35 à 40 ans, certains devraient se retrouver dans la limite. Autre problème évoqué, la difficulté d'accès au foncier. L'une des réponses aux problèmes de formation et d'accès au foncier devrait venir de l'installation progressive. Parmi les personnes s'étant installées sans demander la DJA, la première raison citée est le manque de disponibilité pour se former, cas fréquent pour ceux qui ont déjà une activité professionnelle. Vient ensuite le refus de s'endetter. Un point surprenant car l'accès aux prêts bonifiés ne constitue pas une obligation d'emprunter ! ' L'étude soulève un certain nombre de problèmes que nous aimerions mieux comprendre par le biais d'entretiens personnalisés, indique Jérôme Despey. Il semble aussi important de faire davantage d'information sur l'installation aidée et les critères demandés... Pour l'instant, les 'points info' sont à la disposition de ceux qui les contactent. Peut-être faudrait-il aller au devant des jeunes, notamment par le biais d'informations dans les lycées. En effet, sur l'ensemble des jeunes qui se sont installés avec une DJA, tous secteurs confondus, le taux de réussite s'élève à 98 % dix ans après leur installation, entre autres grâce au suivi et à l'aide qui leur sont apportés. C'est pourquoi nous voudrions amener le maximum de personnes vers cette démarche d'installation encadrée et suivie. ' L'étude va maintenant être présentée en détail dans les quatre départements étudiés. Il est aussi prévu que d'autres départements puissent, s'ils le souhaitent, effectuer ce travail d'enquête. (1) Représentant les appellations d'origine, les vins de pays, les caves coopératives et particulières, la FNSEA, la Confédération paysanne, les chambres d'agriculture...