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Patrimoine mondial, une première à Saint-Emilion

La vigne - n°115 - novembre 2000 - page 0

La juridiction de Saint-Emilion (Gironde) et ses 5 400 ha de vignes sont inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco.

C'est une première mondiale : un vignoble fait partie intégrante d'un ensemble classé par l'Unesco. Il s'agit de Saint-Emilion, en Gironde. Le 2 décembre 1999, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture - dont le siège est à Paris - a inscrit au patrimoine mondial, au titre de paysage culturel, la juridiction de Saint-Emilion composée de huit communes. ' Elles constituent un ensemble d'une valeur monumentale et paysagère incontestable. C'est un exemple remarquable d'un paysage viticole historique qui est resté intact et en activité de nos jours ', peut-on lire dans l'argumentaire. Pour ses côtés architectural, paysager et humain, la juridiction de Saint-Emilion, ses 7 000 habitants, ses 5 400 ha de vignes et ses 830 vignerons se trouvent maintenant classés au même titre que la cathédrale de Reims ou le Mont-Saint-Michel !' C'est en 1992 que l'idée a germé à partir d'une réflexion sur la préservation de nos monuments, explique Jacques Bertrand, ancien président du syndicat viticole de Saint-Emilion. Le dossier a patiné avant qu'il ne soit relancé par le Sivom - syndicat intercommunal à vocation multiple. ' Echafaudé pendant plusieurs mois, le dossier est ficelé en juin 1998. Après la visite sur place d'un émissaire de l'Unesco, la bonne nouvelle est tombée en décembre dernier. ' Saint-Emilion a fondé le premier syndicat viticole de France en 1884. Il a instauré les premières dégustations d'agrément en 1954 et est également le seul vignoble qui revoit tous les dix ans le classement de ses crus. Nous avons l'habitude des premières ', énumère avec fierté un responsable. ' Dans le prolongement de la reconnaissance, nous construisons une charte patrimoniale, explique Jérôme Clair, secrétaire général du Sivom. L'Unesco est tenue au courant. Cette charte fixera des objectifs de gestion globale pour la juridiction, c'est une plate-forme d'actions. Par exemple, nous avons des problèmes avec les effluents viticoles : quels objectifs se fixe-t-on ? On réfléchit aussi à la mise en place d'un plan d'occupation des sols pour les cinq communes (sur huit) qui n'en ont pas. ' ' L'Unesco n'amène aucune aide financière mais sa reconnaissance peut aider à en trouver ailleurs. On commence à communiquer à l'extérieur sur ce classement mais on préfère y aller doucement ', ajoute-t-on. Mise à part une plaque déposée sur le clocher de l'église monolithe de la commune lors d'une cérémonie cet été, rien n'indique l'obtention du précieux label quand on arrive à Saint-Emilion. Une discrétion étonnante. A l'Unesco, on nous rappelle qu'il existe des principes régissant l'utilisation de l'emblème du patrimoine mondial. De cette ' déontologie de l'Unesco ', il ressort que l'emblème ne doit pas enlaidir les lieux, qu'il peut être utilisé par les autorités (papier à lettre, brochures...) mais pas par des privés à des fins commerciales (tasses, tee-shirts...) pour des produits sans valeur éducative. ' Cela me fait râler quand, arrivant sur un site classé, je constate le peu de communication autour de ce label alors qu'il est difficile à décrocher et que la liste d'attente est longue ', constate une proche de l'Unesco. ' Des producteurs ont pris conscience de ce classement mais pour bien d'autres, l'Unesco, c'est un peu vague ', reconnaît Hubert de Boüard, l'actuel président du syndicat viticole de Saint-Emilion. ' Nous n'en sommes qu'au début. On le voit comme une brique de plus pour défendre autant le patrimoine viticole de chacun que celui de l'appellation, mais pas à des fins commerciales. On veut agir proprement, sans excès. ' Il est vrai qu'aujourd'hui les vins de Saint-Emilion se vendent bien... On rappelle aussi qu'il existe au sein du syndicat une commission des sols qui veille à ce qu'on ne défigure pas les paysages lors de mouvements de terrain. L'interdiction récente des bâches par l'Inao est également applaudie des deux mains. AOC et Unesco, même combat ? ' Nous ne sommes pas sous cloche : le paysage est en perpétuelle évolution mais celle-ci doit être bien réfléchie. C'est un capital commun ', ajoute le président. A l'office de tourisme, après avoir rappelé que la commune accueille entre 800 000 et un million de visiteurs par an, la directrice estime que ce classement n'est pas étranger aux + 12 % de visiteurs enregistrés durant la saison. ' Les étrangers sont beaucoup plus sensibilisés. L'an prochain, ce sera encore mieux puisque l'information sera dans les guides. Ceci rejaillit sur toute l'activité de la région y compris les ventes de vins. '

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