Les vins de glace canadiens sont issus de raisins récoltés à des températures inférieures à - 8°C. La congélation est interdite. Au pressurage, seuls les jus sucrés coulent.
Régulièrement, les autorités canadiennes protestent contre la législation européenne. Elles contestent un article (n° 68) du règlement de l'OCM des vins, qui interdit l'importation de produits titrant plus de 15 % vol. d'alcool total (alcool acquis et en puissance). Cette disposition réduit les débouchés commerciaux de leurs vins de glace (icewines) aux Etats-Unis et au Japon. Comme leur nom l'indique, ils sont issus de la récolte et du pressurage de raisins naturellement gelés. Pour que les vins bénéficient de la dénomination icewine, les grappes doivent être ramassées par des températures inférieures à - 8°C. A la sortie du pressoir, leurs jus doivent titrer au minimum 32° Brix, soit environ 19 % vol. d'alcool probable. Ils dépassent donc 15 % vol. De ce fait, ils ne peuvent être importés qu'à titre dérogatoire et à raison d'un maximum de 1 000 hl par an.Le 11 octobre, le ministre canadien de l'Agriculture rencontrait Franz Fischler, commissaire européen à l'agriculture, lors d'une réunion internationale dans la province d'Alberta. Il lui a répété que les obstacles à l'importation des icewines doivent être éliminés. Jusqu'à présent, l'Union européenne rétorquait qu'en l'absence de définition de la dénomination, elle ne pouvait pas accéder à la demande canadienne car elle se devait de protéger de toute concurrence déloyale les producteurs allemands et autrichiens d'Eiswein. A l'avenir, elle ne pourra plus user de cet argument car, en juin, le syndicat des viticulteurs allemands (DWV), son homologue autrichien (ÖWV) et l'institut du vin canadien (CWI) se sont accordés sur une définition des vins de glace. De plus, selon l'ambassade du Canada en France, l'Ontario, principale province productrice, aurait adopté, depuis cette année, une législation relative à ces vins. Cette loi reprend et impose à tous les producteurs des normes auxquelles chacun était libre d'adhérer. Pour appuyer leurs revendications, les Canadiens avancent d'autres arguments. Ils se disent victimes d'un commerce déséquilibré. En 1999, ils ont importé pour 545 millions de dollars canadiens (CAD, environ 2,7 milliards de francs) de vins de l'Union. Dans le même temps, leurs exportations vers l'Union n'ont rapporté que 400 000 CAD (2 millions de francs). Les Canadiens affirment également que leurs vins de glace comptent parmi les meilleurs vins du monde. Pour vous en convaincre, ils vous déballent la longue liste des prix remportés lors de concours internationaux. Ils vous annoncent des prix moyens de vente de 50 CAD (250 F) par bouteille de 37,5 cl, le seul contenant qu'ils utilisent. En 1998, ils ont tiré 3,2 millions de bouteilles. Pour l'instant, leurs arguments ont laissé de marbre les autorités européennes et françaises. Ces dernières s'opposent à la conclusion d'un accord limité aux vins de glace. ' La France freine des quatre fers ', remarque-t-on à l'ambassade du Canada. Notre pays milite pour que les négociateurs abordent tous les problèmes au rang desquels figurent l'usurpation d'appellations et l'emploi de pratiques oenologiques interdites au sein de l'Union européenne. Les tractations se poursuivent.