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Une charte pour les coteaux du Tricastin

La vigne - n°115 - novembre 2000 - page 0

Le syndicat des coteaux du Tricastin (Drôme) a mis en place une charte de qualité. Vite adoptée par les vignerons, elle devrait s'étoffer de pratiques pour le respect de l'environnement.

La présence majestueuse du château de Grignan et le sol riche en ' diamant noir ' local (la truffe) pourraient laisser à penser que le Tricastin est un pays de cocagne. D'un point de vue viticole, la réalité est moins séduisante : il y a encore quatre ans, le cours des coteaux-du-tricastin plafonnait à 4,80 F/l. Pour dynamiser cette AOC en manque de reconnaissance, son syndicat a entrepris, il y a trois ans, une vaste réflexion sur les actions à mener.L'amélioration de la qualité moyenne des vins et de leur typicité est apparue comme le seul levier possible. La charte de qualité était née. Représentant 70 % de l'appellation (2 500 ha plantés), les coopératives avaient un rôle important à jouer dans cette démarche. L'écho fut globalement favorable et certaines d'entre elles ont même décidé de majorer de 10 % la rémunération des adhérents à la charte, indépendamment d'une éventuelle valorisation auprès des négociants. ' Nous avons sensibilisé les producteurs sur la nécessité de produire des raisins de qualité, rappelle Patricia Picard, directrice du syndicat. Nous ne souhaitions pas faire des têtes de cuvées mais, au contraire, faire progresser l'ensemble de l'appellation. ' Moyennant de nombreuses visites et réunions d'information, cette politique a vite été adoptée : dès 1998, 70 producteurs, soit 20 % des vignerons de l'AOC, ont adhéré à la charte pour une durée minimale de trois ans. Les adhérents s'engagent sur la totalité de leur surface en AOC coteaux du Tricastin. Le suivi technique auprès de chaque exploitation se concrétise par deux visites annuelles d'un ingénieur de la chambre d'agriculture de la Drôme. La première entrevue a lieu au moment de la floraison, uniquement sur les cépages rouges, pour apprécier l'état sanitaire de la vigne, la hauteur de végétation (minimum 90 cm), le nombre de traitements et avoir un premier aperçu du rendement. Les parcelles ne répondant pas aux critères sont retirées de la charte. La seconde visite se déroule quelques jours avant les vendanges avec des groupes de vignerons, pour favoriser les échanges sur les techniques employées et les améliorations à prévoir. Les parcelles non conformes sont également éliminées. Entre la première visite et les vendanges, seules 64 % des surfaces sont retenues. Pour les nouveaux adhérents, une visite d'accueil a lieu en hiver. Le conseiller présente le cahier d'exploitation parcellaire, sur lequel doivent figurer les travaux effectués dans la vigne, puis fait le tour de l'exploitation avec le vigneron. Pour les cuves, un schéma de vinification a été mis en place avec le laboratoire oenologique de Suze-la-Rousse. Lors de la sortie du premier millésime, en 1998, le syndicat souhaitait créer une bouteille spécifique. Pour des raisons de coût, c'est un pendolin accroché au col de la bouteille qui a été choisi comme ambassadeur de la charte de qualité des coteaux du Tricastin. L'agrément des vins pouvant prétendre au pendolin s'effectue après l'agrément AOC, avec un jury spécifique et formé pour sélectionner les ' vins fruités de moyenne garde, à la couleur soutenue, au nez élégant et distingué, de bon équilibre avec une belle persistance aromatique ', définition inscrite dans la charte. En 1999, environ 15 % des vins ont été refusés. En parallèle de la charte, mais toujours dans la recherche de la typicité, le décret d'appellation a été modifié en juillet 1999. Chaque exploitation doit désormais produire 10 % de syrah, le syndicat ayant pour objectif - déjà presque atteint - de totaliser 20 % de syrah sur toute l'appellation. Deux ans après sa création, la charte compte 110 producteurs, soit le tiers des vignerons, et plus de la moitié de la surface de production. Preuve qu'une sélection est réellement appliquée, seuls 24 585 hl ont été agréés (20 % de l'AOC) en 1999. La charte étant maintenant bien installée, le syndicat envisage de franchir un nouveau cap pour le millésime 2001 : répondre aux normes de l'agriculture raisonnée. Cela se traduira par un nombre plus limité de traitements et la mise en place de certaines pratiques respectueuses de l'environnement, un travail sur l'observation et le comptage des vers de la grappe pour diminuer les traitements a débuté. Des formations sur le réglage des appareils à traiter devraient être proposées. Quant à l'objectif d'une meilleure valorisation des vins, il n'est pas encore atteint. ' Lors de la dernière campagne, les coteaux-du-tricastin se sont échangés à 530 F/hl en moyenne, alors que nous nous étions fixé une moyenne de 550 F/hl, commente Patricia Picard. Ceux issus de la charte parviennent à se vendre à 600 F/hl. La bonne nouvelle, c'est que de plus en plus de cuves se vendent à plus de 600 F/hl. '

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