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Le patrimoine génétique dans les Pyrénées-Atlantiques

La vigne - n°115 - novembre 2000 - page 0

Les conservatoires de vignes dans les Pyrénées-Atlantiques réunissent des cépages et des clones devenus rares. Les vignerons évitent leur disparition et préservent ainsi le potentiel génétique de l'espèce.

L'intérêt des vignerons des Pyrénées-Atlantiques pour les conservatoires de cépages locaux a déjà quarante ans, mais on assiste à un renouveau. Aujourd'hui, il existe sept conservatoires dans ce département. Leur utilité première résidait dans la possibilité d'étudier, puis d'agréer des nouveaux clones de cépages en AOC. Dans un second temps, les vignerons ont vu les conservatoires comme un moyen pour conserver la diversité génétique de la vigne.' Ne connaissant pas ce que nous réserve l'avenir, ni l'évolution du goût des consommateurs, ni l'apparition de nouvelles maladies à la vigne, il est important de connaître et de conserver nos vieux cépages ', explique Jean-Louis Lacoste, vigneron à Jurançon. Son collègue, Jean-Bernard Larrieu, ajoute : ' Nous conservons bien des vieilles bouteilles, pourquoi pas des vieilles vignes ! ' Dans un souci de renouvellement du vignoble, de nombreuses appellations ont énormément replanté. Avec les difficultés d'obtention de droits de plantation, l'installation d'une nouvelle parcelle exige l'arrachage d'une ancienne. Le patrimoine génétique des vignobles a donc diminué. ' Il est déjà trop tard pour certaines appellations ', déplore Pierre Blanchard, du service viticole de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques et responsable des conservatoires de cépages. Des parcelles plantées en 1794 et en 1898, composées de nombreux cépages différents, font actuellement l'objet d'une demande de statut de conservatoire pour éviter leur arrachage. Des précautions lors de l'installation d'un conservatoire sont nécessaires. Il faut une parcelle qui n'a pas été plantée en vigne ces dernières décennies, éviter de mélanger les clones et matérialiser leur emplacement avec des pancartes. Chaque clone est planté en cinq ou six exemplaires. Comme référence, des clones agréés sont aussi cultivés dans le conservatoire. L'installation d'un conservatoire présente donc un léger coût supplémentaire. Le temps consacré par les techniciens pour les observations nécessite le plus de financements. Les bois de clones originaux sont prélevés dans des vieilles parcelles, en France ou à l'étranger. Lors du prélèvement des bois de vieilles vignes, on est parfois surpris. Les pieds moins producteurs sur lesquels on prélève des bois sont souvent virosés. Leurs qualités apparentes sont parfois uniquement dues à l'âge du cep. Une fois regreffé, son expression peut changer. Les bois prélevés sur des vieilles vignes sont souvent trop fins et ont peu de réserves. Le besoin en eau lors du greffage est supérieur et le taux de réussite des greffages est plus faible qu'en conditions normales. Un porte-greffe trop vigoureux peut gêner l'interprétation de l'expression du greffon. ' On choisit généralement le porte-greffe le plus commun de l'appellation, explique Pierre Blanchard. Après les premiers tests, on s'oriente vers l'étude des effets des différents porte-greffe sur le clone. ' Les conservatoires permettent de répertorier tous les clones de tous les cépages locaux dans un seul lieu. Ils sont donc cultivés dans les mêmes conditions pour mieux les comparer aux clones agréés. ' En fonction des problèmes présentés par les clones agréés, nous en recherchons qui sont plus performants sur ces critères ', explique Pierre Blanchard. Dès qu'un clone donne de bons résultats, on peut envisager d'établir une parcelle expérimentale. Le département des Pyrénées-Atlantiques, qui ne compte que 2 500 ha de vignes, ne possède pas de structure suffisamment importante, autre que la chambre d'agriculture, pour soutenir un tel projet. Elle a trouvé des financements et a réuni le matériel végétal. Aujourd'hui, elle assure un suivi technique et veille à la pérennité des conservatoires. L'intégration de Pierre Blanchard parmi les professionnels facilite la recherche de clones originaux et assure un retour d'information sur ceux-ci. Le vigneron qui exploite un conservatoire passe un contrat avec la chambre d'agriculture. Elle le soutient dans ses démarches auprès des organismes, comme l'Onivins ou l'Inao, pour obtenir des droits de plantation pour l'expérimentation. La région Aquitaine subventionne la mise en place et le suivi agronomique des conservatoires. L'Inra et l'Entav (Etablissement national technique pour l'amélioration de la viticulture) sont partenaires de la chambre d'agriculture, pour effectuer l'identification de cépages, les tests sanitaires, ou pour conserver des ceps dans leurs conservatoires. Dans le passé, les vignerons effectuaient une sélection avec les possibilités de l'époque. Les moyens techniques et les connaissances chimiques se sont considérablement améliorés. ' Un regard nouveau sera porté sur ces clones, et nous allons les tester avec les moyens actuels ', dit Jean-Bernarnd Larrieu. Jean-Paul Ruiné, aussi vigneron à Jurançon, suggère : ' Il est important de tourner la page sans pour autant renier le travail de nos prédécesseurs. ' Rappelons qu'entre le moment où l'on prélève des bois dans de vieilles vignes et celui où un clone est commercialisé, il se passe environ vingt ans.

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