Le profil de sol permet d'évaluer l'impact des pratiques culturales sur une vigne en place et de préparer au mieux une plantation.
Le profil de sol peut être utilisé dans différentes situations. Sur une vigne en pleine santé, cela permet de mieux connaître son sol et de voir si les pratiques culturales retenues vont dans le bon sens en termes de structure, de colonisation du sol par le système racinaire, de fertilisation... Le profil de sol apporte aussi de précieux renseignements lorsqu'une vigne est malade et que l'observation du système aérien n'apporte pas de réponse. Cependant, dans certains cas, les problèmes découlent d'erreurs commises lors de la préparation du sol avant plantation et ne sont pas toujours récupérables. C'est pourquoi de nombreux conseillers et techniciens insistent sur l'importance du profil avant plantation.Le profil de sol donne trois types d'informations. Le profil pédologique renseigne sur le sol, sa mise en place, son évolution. Le profil cultural montre l'impact des techniques culturales. On voit par exemple très nettement les zones de tassement. Enfin, le profil racinaire donne l'occupation des différents horizons du sol par les racines et donc la façon dont la plante explore le sol. Pour réaliser ces observations, la fosse doit impérativement être creusée perpendiculairement au sens du rang. De cette manière, on peut comparer la structure sous le rang où les roues ne passent pas et entre les rangs. L'emplacement à choisir dans la parcelle dépend de l'objectif poursuivi. S'il s'agit de caractériser un sol et de mieux comprendre son fonctionnement, on choisit une zone représentative de la parcelle en évitant les bordures, les éventuelles ruptures de pente, les mouillères... Des sondages réalisés à la tarière donnent une image générale de la parcelle et aident à trouver la meilleure zone. En revanche, si le profil doit permettre de résoudre un problème précis (de la chlorose par exemple), on creusera si possible une fosse dans la zone à problème et une autre dans une partie de vigne saine pour comparer. Selon la configuration du vignoble et les caractéristiques du sol, une minipelleteuse peut être utilisée. Cependant, en vignes étroites et en sols assez caillouteux, pioche et courage sont de rigueur ! Pour réaliser un profil sur vigne en place, l'hiver reste la saison la plus souvent retenue pour plusieurs raisons. On évite la période végétative pendant laquelle le tracteur doit pouvoir passer pour rogner et traiter. On évite aussi l'été car le sol sec est très difficile à creuser. Il est parfois nécessaire d'attendre la sortie d'hiver lorsque l'eau gravitaire s'est écoulée, faute de quoi la fosse se remplit rapidement ! Jean-Pierre Argillier, de la chambre d'agriculture de l'Hérault, préconise la fin de l'été ou le début de l'automne car c'est la période où l'on distingue le mieux les zones restées fraîches des zones sèches. ' Cela dépend aussi de la disponibilité du producteur, explique Karim Riman, consultant installé dans le Vaucluse et qui réalise des diagnostics et des suivis de fertilité des sols. Il est en effet essentiel que le vigneron soit là et qu'il descende dans la fosse avec moi pour visualiser les différents horizons du sol, les zones de tassement... ' Un avis partagé par Lorenzo Maini qui réalise des profils de sol pour les adhérents du Groupement d'étude et de suivi des terroirs (Gest), implanté à Volnay en Côte-d'Or. ' Le rapport qui est ensuite remis à chaque vigneron n'est qu'un aide-mémoire car l'essentiel de l'échange se fait sur le terrain. ' Toujours dans cette optique pédagogique, Lorenzo Maini regroupe ses interventions par lieu géographique, puis organise une journée de terrain avec l'ensemble des vignerons concernés. ' On observe ainsi différents sols sur une même appellation. Par ailleurs, chaque domaine ayant sa façon de travailler, cela permet aussi de comparer l'impact des pratiques culturales retenues par chacun. ' De l'avis général, le profil le plus utile est celui que l'on fait sur une vieille vigne avant l'arrachage et la replantation. ' Si des erreurs sont faites lors de la préparation du sol ou du choix du porte-greffe, on ne pourra plus y faire grand-chose. L'observation du comportement de la vieille vigne, de la répartition des racines dans les différents horizons du sol, de la structure du sol permet de faire les meilleurs choix. Ceci est d'autant plus important que l'on dispose aujourd'hui de techniques modernes qui permettent de bouleverser très profondément le sol, ce qui est rarement souhaitable. Il est donc essentiel de pouvoir déterminer à l'avance la technique la plus adaptée ', confirme conseillers et techniciens. ' En sols calcaires, on observe parfois des traces de carbonates qui remontent par capillarité et se cristallisent. Dans ce cas, il ne faut surtout pas retourner le sol car on les amènerait en surface. Un ripper à une dent qui éclate en profondeur sans remonter semble alors le meilleur outil. La profondeur de travail sera déterminée par les observations de terrain. Enfin, dans le cas où le sol serait laissé au repos avant replantation, il est aussi possible d'envisager un défoncement biologique avec un couvert végétal ', souligne Jean-Pierre Argillier. Dans le cas d'un sol constitué d'une mince couche organique posée sur un horizon d'argile épais, on évitera aussi de faire remonter l'argile en surface. Selon la profondeur exploitable par les racines, on choisira un porte-greffe plus ou moins vigoureux. Le régime hydrique du sol doit aussi être pris en considération à ce niveau. ' Sur une vigne en place, un profil de sol permet enfin d'aider le vigneron dans le choix de ses itinéraires techniques. En effet, passer du désherbage au travail du sol peut avoir un impact très négatif sur la vigne si les racines sont majoritairement superficielles. Il faut donc y aller doucement et éventuellement envisager d'enherber. En cas de tassement important, un engrais vert à racines pivotantes peut améliorer la structure du sol. En revanche, si les racines sont bien réparties, le travail du sol n'a pas d'inconvénients et le profil permettra de déterminer la profondeur jusqu'à laquelle on peut descendre ', précise Karim Riman.