D'après les observateurs, la cochylis semble gagner du terrain depuis deux ou trois ans. Lorsqu'elle prédomine dans une parcelle habituellement occupée par l'eudémis, le vigneron doit adapter sa stratégie de lutte.
'Jusqu'en 1999, nous avions des situations uniquement concernées par l'eudémis. Aujourd'hui, ce n'est plus vrai ', écrivait la Protection des végétaux bourguignonne au mois de juin dernier. Même chose dans le Bordelais, où la prédominance d'eudémis n'est plus de mise, notamment dans le Médoc où la cochylis progresse. ' Depuis deux ou trois ans, on n'attrapait rien dans les pièges d'eudémis et on avait pourtant des vers de la grappe, raconte Cécile Laval, conseillère viticole en Dordogne. C'était de la cochylis. ' Ces observations tendent à montrer une montée en puissance de cochylis.Pierre Speich, rapporteur national tordeuses à la Protection des végétaux, relativise. ' 2000 est surtout une petite année d'eudémis, explique-t-il. Chez nous, dans la vallée du Rhône, c'est la première année que nos essais ne sont pas exploitables, faute d'une population suffisante... La cochylis s'est un peu moins affaissée que l'eudémis. Le poids relatif des deux espèces apparaît donc modifié. ' Pierre Speich note cependant que dans la moitié sud de la France, la cochylis a gagné du terrain, notamment dans la région bordelaise. Comment l'expliquer ? Beaucoup avancent des conditions météorologiques plus favorables à la cochylis, ou une lutte insecticide plus efficace sur l'eudémis que sur cochylis, avec des traitements mieux positionnés et des produits plus performants. ' Ponctuellement, ces phénomènes ont pu jouer, mais ils n'expliquent pas tout, considère Pierre Speich. Les conditions météorologiques ont été différentes dans des vignobles où l'on note pourtant la même évolution. On est loin de tout expliquer ! ' ' Des inversions de populations ont déjà été observées, indique Isabelle Renaudin, à la Protection des végétaux du Val de Loire Cela arrive de manière cyclique. 'Sa collègue, Danielle Legall, dans les Charentes, confirme : ' Cochylis a connu une phase d'extension à partir de 1992-1993. Mais aujourd'hui, on vit une superposition des deux espèces, avec une présence d'eudémis qui s'aggrave. On est revenu à la situation d'avant 1985. ' Son exceptionnelle pression en première génération, dans de nombreux vignobles, a renforcé le sentiment d'une montée en puissance de la cochylis. Cette situation a fait craindre le pire, et pourtant, la population s'est complètement affaissée en seconde génération. ' C'est une tendance lourde, ajoute Pierre Speich. Certains attribuent encore ce phénomène aux conditions météorologiques, mais elles ont été différentes dans des régions qui ont pourtant connu le même effondrement. ' Ce changement de population implique un changement de stratégie du vigneron. ' Il faut savoir quelle est la population dans la parcelle, en faisant des observation en G1, avant la fleur ou à la fleur, ou bien, au moment des vendanges ', explique Lionel Delbac, à l'Inra de Bordeaux. Ainsi, l'année suivante, les diffuseurs adéquats pourront être installés dans les parcelles sous confusion sexuelle. Les traitements chimiques devront, eux aussi, être adaptés. Tous produits confondus, la régularité des insecticides est moindre sur cochylis que sur eudémis. Et dans le cas d'une prédominance de la cochylis, certains insecticides sont à éviter.