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Beaujolais, vers un nouveau primeur

La vigne - n°117 - janvier 2001 - page 0

La météorologie aura été à la hauteur des ambitions des vignerons pour le millésime 2000. Excepté quelques orages de grêle, le soleil des mois d'août et septembre laissera un excellent souvenir de cette récolte 2000. Le ban des vendanges a été proclamé le 28 août, du jamais vu dans le Beaujolais, avec à la clé, un millésime coloré et qualitatif. ' Avec la qualité de ce millésime, nous allons revivre en 2001 la situation de 1977, précise Michel Rougier, secrétaire général de l'UIVB (Union interprofessionnelle des vins du Beaujolais). En effet, le millésime 1976 était très réussi. Tous les acheteurs s'étaient donc précipités sur celui de 1977. Il n'est pas interdit de penser que cela se renouvellera en 2001 et que nous pourrons peut-être atteindre le cap des 500 000 hl de beaujolais nouveau. ' Cette année, 450 000 hl de beaujolais nouveau, soit 35 % de la production totale, ont été vendus.Pour Michel Rougier, la qualité du millésime 2000 aura probablement des effets à plus long terme : ' L'année 2000 constituera un tournant dans l'histoire du beaujolais nouveau. Pendant plusieurs décennies, le beaujolais primeur a été porté par l'enthousiasme de la presse et l'attente des consommateurs, sans que l'on s'aperçoive que nous pouvions y perdre une partie de notre âme. Nous en avons pris conscience. Le besoin des consommateurs de retrouver des produits avec plus de typicité s'est exprimé d'une façon déterminante cette année. Le message a été perçu par les producteurs, comme en témoigne la qualité du millésime 2000, amplifiée par le beau climat. Le beaujolais avec trois jours de cuvaison et un goût de bonbon acidulé, c'est terminé. Nous allons probablement nous orienter vers la production d'un primeur avec une durée de cuvaison comprise entre cinq et six jours, qui se rapprochera de celle du beaujolais de garde. Cette nouvelle conception du primeur constitue une révolution dans les mentalités. ' Reste à savoir comment l'idée va être appliquée à la base... notamment les années plus tardives où le temps presse. ' L'autre révolution concerne la perception du gamay, notre unique cépage. On en a dit beaucoup de mal, mais quand on maîtrise les rendements agronomiques - le nerf de la guerre - les vins sont réussis. Je suis optimiste pour les années futures car en termes de style, le beaujolais est le vin du troisième millénaire ', ajoute notre interlocuteur. Autre concrétisation du retour aux racines, l'interprofession multiplie les initiatives pour reconquérir le coeur des Lyonnais. Du 23 septembre au 1 er octobre, un grand cuvage a été installé dans le centre de Lyon. 10 000 kg de gamay ont été vinifiés en direct, dans deux grandes cuves, avec les explications des vignerons. Près de 20 000 Lyonnais ont pu ainsi découvrir les différentes étapes de la macération carbonique. Ce choix de vinification a été l'objet de nombreuses discussions en 2000, avec le débat sur l'éventuelle introduction de la machine à vendanger pour les beaujolais non primeurs. Pour le comité national de l'Inao, le respect du savoir-faire ancestral du Beaujolais passe par la vendange manuelle. Le vote de novembre a été sans appel : 36 voix contre la vendange mécanique sur 43 votants. Cette décision n'est pas du goût de nombreux vignerons du Beaujolais. Ils comprennent difficilement qu'après quatre années d'essais et un vote positif du conseil d'administration de l'UVB (Union viticole du Beaujolais) en mars 2000, l'Inao ait pu se prononcer contre la modification du décret, qui stipule l'apport de grappes entières. Un comité de défense des nouvelles pratiques viticoles s'est créé en novembre. Ce comité souhaite, entre autres, la publication des essais relatifs à la récolte mécanique et une nouvelle présentation du dossier de modification du décret d'appellation au comité national de l'Inao en mai 2001. Quelques membres de l'UVB devaient aussi rencontrer le président de l'Institut début janvier. ' Le problème de la machine à vendanger est délicat à apprécier, résume un vigneron. Apparemment, les dégustations à l'aveugle étaient plutôt flatteuses pour les vins issus de récolte mécanique. Mais ce qui est vrai à titre expérimental n'est pas toujours reproductible sur un vignoble. Pour les essais, les machines étaient bien réglées, avec une vitesse lente. Les vignerons auront-ils la sagesse d'aller lentement, notamment en cas de vendanges tardives ? Cette crainte a dû motivé le comité national a voté contre la machine ', indique un responsable.Dans ce climat tendu, la condamnation d'un vigneron pour la non-conformité du logement de ses vendangeurs ravive la lassitude des producteurs face aux contraintes des vendanges manuelles. Ce vigneron a logé sept personnes de plus par rapport à la surface, ce qui lui a valu une amende de 7 × 300 F. ' De plus, un couloir trop sombre a été sanctionné d'une autre amende de 300 F, poursuit Louis Pelletier, directeur de l'UVB. Quand on compare les règlements des différents modes de logements, on s'aperçoit qu'il est beaucoup plus contraignant de loger des vendangeurs que de monter un gîte d'étape ou une autre forme d'accueil. C'est ridicule. '

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