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La Touraine soigne sa nature et cherche des crus

La vigne - n°117 - janvier 2001 - page 0

En 1999, la Touraine avait suscité une attention médiatique inhabituelle. L'appellation Touraine Amboise avait conclu avec Carrefour un accord commercial, incluant des clauses de respect de l'environnement et considéré, de ce fait, comme novateur. Rien de tel en 2000. En l'absence d'événement spectaculaire, les projecteurs se sont détournés de la région. Cela ne l'a pas empêchée de poursuivre dans une voie qu'elle explore déjà depuis quelques années.Les fédérations viticoles des deux départements se sont engagées dans des programmes de traitement des effluents de cave. Par ailleurs, deux associations de production intégrée ont vu le jour. L'une (Apiv 41) regroupe 60 vignerons du Loir-et-Cher. L'autre (Apivis) compte 24 adhérents en Indre-et-Loire et en Sarthe. Elles ne partagent pas la même philosophie. Celle d'Indre-et-Loire entretient des liens étroits avec les syndicats d'appellation de Chinon et de Bourgueil. Elle estime que le respect d'un cahier des charges est secondaire au regard de l'appartenance à une appellation. ' Le mot d'ordre a été donné de ne pas en faire un argument commercial ', indique un adhérent. Les syndicats de Chinon et de Bourgueil, soucieux de ne pas être en reste vis-à-vis de celui d'Amboise, ont mûrement réfléchi à la demande de l'Inao d'intégrer, dans leurs décrets d'appellation, des dispositions en faveur de l'environnement. Ils pourraient interdire le désherbage en plein, imposer l'enherbement des tournières et limiter l'usage de certaines matières actives, dont le cuivre. Dans le Loir-et-Cher, l'esprit est différent. L'association regroupe des producteurs de vins de pays et d'appellation qui comptent bien faire connaître les efforts accomplis et en tirer un bénéfice. Ses adhérents espèrent utiliser la marque Terra Vitis. Cependant, en fin d'année, ils n'étaient pas certains d'en obtenir le droit car les négociations n'avaient pas abouti. A ces divergences correspondent deux économies distinctes. L'Indre-et-Loire vit de crus dont la notoriété est établie ou se renforce, à l'image de celle d'Amboise. Bourgueil, Chinon, Saint-Nicolas-de-Bourgueil et Vouvray ont connu une campagne de ventes stables ou en légère progression. Seul Chinon voit quelques nuages s'accumuler. L'appellation a perdu des parts de marché à l'export. Ses stocks ont progressé pour la seconde année consécutive. Fin août, ils correspondaient à une récolte. Avec Cheverny et les coteaux du Vendômois, promus au rang d'AOC, le Loir-et-Cher détient aussi deux crus en bonne santé. Mais ils représentent moins du dixième de sa récolte. La majorité de ses vignerons vivent d'abord de l'AOC Touraine, puis des vins de pays. Or, la première est l'une des moins valorisantes de France. Lors de la campagne 1999-2000, le touraine rouge s'est vendu en vrac à 564 F/hl en moyenne, perdant 6 % par rapport à la période précédente. Malgré cette baisse des prix, les stocks ont progressé de 12 % pour atteindre les trois quarts d'une récolte, proportion trop élevée pour un vin à boire jeune. En automne, il a fallu d'urgence faire de la place dans les caves. Des vignerons ont bradé des cuves bien en dessous de 500 F/hl. Le gamay est à la peine. En fin d'année, de nombreux opérateurs redoutaient qu'il s'effondre. Tous les espoirs reposaient sur le sauvignon 2000 jugé vif, aromatique et gras. L'appellation régionale Touraine manque de notoriété. Elle a associé son nom à celui de ses deux cépages les plus courants : le gamay et le sauvignon. Les vins de pays ayant misé sur la même stratégie, elle se trouve prise au piège d'une confrontation directe. Les vignerons cherchent à en sortir. La communication sur un mode de production respectueux de l'environnement est l'une des directions qu'ils explorent. L'autre est le retour vers les terroirs par le biais d'une hiérarchisation. Le syndicat de l'appellation d'origine contrôlée Touraine a pris ce dossier à bras le corps, organisant de multiples réunions. En fin d'année, son conseil d'administration s'est prononcé en faveur d'un projet qui ne devait pas être rendu public avant février 2001 et que beaucoup considéraient comme l'ultime chance de l'AOC Touraine. Selon certaines sources, il est question de bâtir des appellations autour de communes hébergeant des châteaux célèbres, comme Chaumont-sur-Loire ou Chenonceaux. Les rouges de ces crus seraient des assemblages de cépages tanniques (cabernet franc, cot) et tendres (gamay, pinot noir). Les blancs seraient des sauvignons. Dans les deux cas, il n'y aurait aucune mention de cépage. Reste à savoir si ce projet correspond à la nouvelle doctrine de l'Inao en matière de hiérarchisation.

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