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Avec des sols détrempés, seule la taille avance

La vigne - n°118 - février 2001 - page 0

L'hiver, doux et humide, rend les sols impraticables et retarde les travaux. Il pourrait aussi favoriser un débourrement précoce, rendant ainsi la vigne plus sensible aux caprices du printemps.

'Depuis octobre, il pleut. Ce temps n'a pas permis de rentrer dans les vignes. La seule chose qui a pu être effectuée, c'est la taille, regrette Gilbert Sanchez, conseiller à la chambre d'agriculture d'Aubenas (Ardèche). La pluviométrie de novembre affichait une hausse de 250 % par rapport à celle d'un mois normal. '' Les vignerons ont bien avancé la taille. Ils sont même peut-être trop en avance par rapport à la météo, mais ils ont taillé parce qu'ils ne pouvaient rien faire d'autre, ajoute René Bernard, son collègue du Var. Ils n'ont pas pu apporter les engrais. Le broyage des sarments n'a été possible que dans les parcelles enherbées. La pluviométrie de l'année 2000 a été très mal répartie. Lors des vendanges, il y avait un déficit par rapport à la moyenne ; ce déficit a été rattrapé, voire dépassé, au cours des trois derniers mois de l'année. ' En Champagne, l'épandage d'écorces fraîches, qui commence d'habitude au lendemain des vendanges, a pris énormément de retard, tout comme le broyage des sarments. En Alsace, Jean Schwach, à la chambre d'agriculture du Haut-Rhin, indique que les travaux de taille ont progressé rapidement. ' Entre 80 et 90 % des parcelles sont taillées, et certains ont déjà terminé le liage, annonçait-il début février, mais la mauvaise portance des sols a gêné les apports d'amendements organiques ou de compost. ' Dans les Pyrénées-Orientales ou en Ardèche, cette situation, si elle perdure, pourrait perturber les plantations programmées. Cette humidité s'accompagne d'une douceur exceptionnelle. L'herbe en profite pour proliférer, mais les vignerons angoissent. ' A part quelques gelées blanches, il n'y a pas eu de froid cet hiver, le débourrement risque d'être précoce si cela continue ', s'inquiète un conseiller de l'Aude. ' Avec le manque de froid, on craint un démarrage précoce, indique Jean-Louis Brosseau, conseiller dans le pays nantais, et pour nous, vignoble septentrional, cela signifie plus de risque de gel. ' ' Le repos hivernal s'est mal fait, et le débourrement pourrait être rapide ', ajoute Gilbert Sanchez. Avec des sols gorgés d'eau, les traitements d'hiver n'ont pu être réalisés. Début février, les techniciens, prévoyant un redémarrage proche de la végétation, ne pouvaient plus recommander un tel traitement. ' La climatologie est optimale pour les maladies du bois, poursuit André de la Bretesche, à la chambre d'agriculture de Gironde. Depuis deux ans, on a mis l'accent sur la flavescence dorée dans notre vignoble, mais il ne faut pas perdre de vue ces maladies. Quant aux oeufs d'hiver du mildiou, ils sont conservés dans des conditions idéales. 'Souvent, pour retarder le débourrement et tenter d'éviter les gelées de printemps, les vignerons retardent la taille des parcelles les plus sensibles au gel. Dans le pays nantais, cette stratégie est de plus en plus difficile à mettre en oeuvre. ' Ici, les densités de plantation sont de 7 000 pieds/ha, indique Jean-Louis Brosseau. Avec l'augmentation des surfaces par exploitation, la part de travail par personne augmente. Et il est de plus en plus difficile de trouver des tailleurs. Alors, les gens commencent la taille dès la chute des feuilles. ' Jean Schwach soulève le même problème : ' Les exploitations s'étoffent, mais on connaît une pénurie de main-d'oeuvre. Et rien n'est entrepris pour former des employés viticoles. Il faut pourtant des gens qualifiés. Une formation, mise en place il y a quinze ans, a ensuite été abandonnée ! ' ' Pour pallier ce manque de main-d'oeuvre, nous avons monté une formation avec l'ANPE dans le Loir-et-Cher et l'Indre-et-Loire, il y a une dizaine d'années, témoigne Jean-Marc Rolland, de la chambre d'agriculture de Tours. Nous formons ainsi une quinzaine de personnes par an. ' Le problème de ces employés viticoles se posent à deux niveaux : leur formation et leur rémunération. ' On offre le Smic à un ouvrier spécialisé, il ne faut pas s'étonner de ne trouver personne ', tempête un professionnel.

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