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Des sarments indésirables

La vigne - n°118 - février 2001 - page 0

Après un important orage dans les vignes en coteaux, l'eau de ruissellement emporte facilement les sarments. Ceux-ci bouchent les avaloirs des aménagements hydrauliques collectifs. Pour cette raison, des communes ont interdit de les broyer.

Dans certains vignobles, les villages sont situés dans les creux des vallées au pied des coteaux de vignes. De fortes précipitations peuvent entraîner les sarments et les feuilles, obstruant les avaloirs des canalisations d'eau pluviale et des bassins de retenue. Il en résulte des coulées d'eau et de boue dans les bourgs, voire de grosses inondations.Des dégâts ont pu être constatés dans des villages au sein de l'appellation Sancerre, et en Champagne. Ainsi, à la suite de sinistres, les communes de Bué, de Verdigny et, en partie, de Sury-en-Vaux (Cher), d'Epernay et de Pierry (Marne) ont mis en place des arrêtés municipaux interdisant le broyage des sarments. Ces arrêtés sont plus ou moins récents : 1991 pour Verdigny, 1999 pour Pierry. Il était facile d'incriminer les sarments : comme preuve, il a suffi de constater leur accumulation en paquets, mêlés à d'autres débris végétaux et à de la boue, bouchant les conduits d'évacuation. Puligny (Côte-d'Or) souffre aussi des sarments. Peu de parcelles étant concernées, aucun arrêté n'a été mis en place. Mais le risque existe. ' Il faudrait faire comprendre aux vignerons concernés les problèmes engendrés par cette pratique en aval de ces parcelles ', explique le maire. Pour les vignerons qui pratiquaient l'incinération des bois de taille, la mise en place d'un tel arrêté n'a pas posé de problèmes. Mais ceux qui les broyaient ont dû modifier leurs pratiques culturales. ' Les vignerons comprennent le raz-le-bol des habitants face à la boue et à la terre déversées après chaque orage dans leur village. Malgré les difficultés engendrées par cet arrêté, les vignerons l'acceptent et s'adaptent ', explique un conseiller viticole champenois.Pour brûler les bois, la brouette est revenue dans les vignes en attendant de trouver, sur le marché, un broyeur équipé d'un dispositif de récupération. ' Il nous faudrait des broyeurs produisant de gros morceaux qui ne soient pas entraînés par les pluies. Ou alors couper les sarments en trois à la main au cours de la taille ', explique Joël Cirotte, vigneron à Bué, dans le Sancerrois. Au Conseil interprofessionnel des vins de Champagne, Arnaud Descotes explique : ' La réduction des risques ne peut s'effectuer que par un aménagement hydraulique collectif pour évacuer les eaux, combiné à l'aménagement individuel des parcelles. ' Il existe quelques dispositions préventives : la limitation de la longueur des rangs, s'ils sont dans le sens de la pente ; la construction de monticules de terre en haut des parcelles pour éviter que l'eau ne dévale toute une colline ; l'épandage de mulsh entre les rangs permet de retenir la terre ; l'enherbement contribue aussi à la retenue des morceaux de sarments lors de fortes précipitations. Mais d'autres vignerons ont trouvé beaucoup mieux pour éviter tous ces problèmes. Autour de la commune de Gland (Aisne), une quinzaine d'entre eux se sont associés pour organiser la surveillance des bouches de leur système hydraulique. ' Les premiers orages de printemps et d'été forment des coulées, emportant les feuilles du rognage et les sarments. Quand ces débris végétaux bouchent un avaloir, l'eau passe par dessus ou à côté de celui-ci. Le conduit d'évacuation n'a plus sa fonction. Les pluies d'hiver nous menacent moins, car les débris végétaux sont imbibés d'eau et ne bougent quasiment pas ', explique Brunot Billion, l'un des vignerons participant à l'opération. La surveillance a été décidée au printemps 2000, lors d'une réunion des vignerons conscients du danger représenté par les sarments sur l'installation hydraulique, construite depuis 1996. Les vignerons et certains riverains, munis de râteaux, se rendent sur leur secteur prédéfini, vers la fin de l'orage. Ils dégagent alors les grilles encombrées. ' Il ne s'agit pas de mettre nos vies en danger ', souligne Claude Métivier, président du système hydraulique. En effet, ces vignerons se mobilisent pour veiller à la sécurité des riverains, mais ne doivent pas pour autant oublier la leur.

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