La route est longue pour qui souhaite hiérarchiser. Les plus impatients iront plus vite grâce à l'identification parcellaire.
Hiérarchiser un vignoble, ce n'est rien d'autre que reconnaître une nouvelle AOC, dotée de sa propre dénomination et de son décret, au sein d'une AOC existante. En pratique, c'est le fruit d'un long travail dont l'infographie ci-contre donne un aperçu. ' Il faut parfois dix ans pour qu'un dossier franchisse l'étape finale de la parution du décret au Journal officiel ', précise un agent de l'Inao. ' Face à une démarche aussi longue, il n'est pas toujours aisé de motiver ses troupes ', confie un président de syndicat. Pourtant, sans cette motivation, la hiérarchisation n'a aucune chance d'aboutir. ' L'Inao ne fait que reconnaître un état de fait. C'est aux vignerons d'apporter la preuve de l'existence de niveaux hiérarchiques ', martèle un responsable.' L'investissement humain est très important. Si autant de producteurs jouent le jeu, c'est qu'ils pensent que cela finira par payer ', constate un professionnel. La valorisation attendue peut n'être qu'indirecte. Pour de nombreux vignerons, la reconnaissance de quelques ' grands vins ' tirera vers le haut toute la collectivité. Mais attention au miroir aux alouettes. Hiérarchiser n'est pas sans risque. Si l'AOC existante - sur laquelle repose la pyramide - n'a pas une assise économique solide, tout le vignoble se trouve affaibli : dispersion des volumes, consommateurs désorientés, promotion concentrée sur une élite... Pour éviter cela, l'Inao recommande d'agir pas à pas. ' L'objectif est de permettre au comité national de vérifier la réussite ou l'échec de la hiérarchisation avant d'émietter une AOC existante ', dit Claude Sarfati, de la commission d'enquête nationale. On le voit, la hiérarchisation prend parfois des allures de labyrinthe procédural... L'une des façons de gagner du temps est de préférer l'identification parcellaire à la délimitation parcellaire. ' Il s'agit d'une technique déjà utilisée dans les appellations agroalimentaires. Son principal intérêt consiste à se centrer sur les parcelles en production. C'est une démarche volontaire entreprise par un producteur ', explique Philippe Doumenc, chef de centre à Hyères (Var). Celui qui fait une demande d'identification s'engage sur deux points : en premier lieu, respecter les conditions de production définies dans le décret ; en second lieu, produire sur des parcelles situées dans l'aire géographique et répondant aux critères d'implantation fixés par l'Inao. Cette procédure est bien plus rapide qu'une délimitation parcellaire, laquelle prospecte l'ensemble des terrains dans l'aire, qu'ils soient ou non déjà plantés. Certes, cette dernière a force de loi et peut être opposable aux tiers. Mais sa réalisation prend, en général, plusieurs années...