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Des hauts de gamme d'entrée de jeu

La vigne - n°119 - mars 2001 - page 0

La tendance à démarrer avec des produits haut de gamme va s'accentuer parce que leur offre s'élargit et que les utilisateurs de contacts ont rencontré des difficultés.

L'usage, déjà bien érodé, veut que l'on ouvre la lutte antimildiou avec des produits bon marché. Il y a peu de végétation et on ne risque pas encore de perdre sa récolte. S'il y a un moment où faire des économies, c'est bien celui-là. Alors autant appliquer des fongicides de contact. Ils ont un spectre large et ne coûtent pas cher. Mais ils restent en surface du feuillage et sont, de ce fait, lessivables. Après 20 à 25 mm de pluie, il faut reprendre son pulvérisateur. Les curzates (cymoxanil + contact) souffrent du même handicap. Un lessivage laisse le cymoxanil seul. Or, il persiste très peu. Pour protéger la vigne, il faut alors réduire à six jours l'intervalle entre deux traitements.Parce qu'ils dépendent à ce point des aléas climatiques, ces fongicides n'ont pas cessé de reculer (voir infographie). ' Les gens n'arrivent pas à les renouveler aussi vite qu'il le faudrait, précise un distributeur. Lorsqu'ils se sont faits prendre, ils s'aperçoivent qu'il est rentable de mettre plus cher dans un systémique pour être tranquille. ' L'expérience de l'année 2000 conforte ce raisonnement car, dans plusieurs régions, les programmes démarrant avec des contacts ont causé plus de soucis que les autres. C'est l'une des conclusions de l'enquête menée en Gironde par l'ITV. En fin de saison, l'institut observe nettement plus d'échecs que de réussites chez ceux qui ont fait leurs deux premiers traitements avec des fongicides de contacts. Il note autant de parcelles bien protégées que de malades chez les vignerons ayant démarré avec des pénétrants. En revanche, ceux qui ont appliqué d'entrée des systémiques ont eu, à l'arrivée, plus de parcelles saines que malades. Aux déconvenues viennent s'ajouter les assauts de nouveaux venus. Avec son Eperon, Novartis entend conquérir le début de la campagne. C'est le premier antimildiou aussi clairement et exclusivement positionné sur ce créneau de marché. Il s'emploie tous les dix jours quelle que soit la météo et protège les pousses nées après le traitement car il contient du méfénoxam, un anilide entraîné par la sève. Face à lui, Aventis lance sa gamme Fenomen. Elle sera peu disponible en raison de son homologation tardive. La firme ne la positionne pas sur une période précise. Les distributeurs se chargent de le faire au moment de construire leurs programmes. Certains vont recommander à leurs clients de débuter la lutte antimildiou avec Verita-Elicio, l'association de Fenomen et de fosétyl-Al. Ils ont été séduits par les résultats d'Aventis montrant que le premier vient renforcer le second dans la protection apportées aux pousses nées après un traitement. Autre nouveauté : le Clip de DuPont. Il associe la famoxadone au mancozèbe. Il se classe comme un contact amélioré car il résiste mieux qu'eux au lessivage, tout en restant strictement préventif.Voilà donc une quantité de bonnes raisons pour abandonner les contacts organiques. En reste-t-il pour les conserver ? Certainement. L'an dernier, la Protection des végétaux de Cognac a mis en comparaison le Dithane (mancozèbe), le Quadris duo (azoxystrobine + cymoxanil), le Mikal (fosétyl-Al + folpel) et un programme démarrant par deux Sandozèbe (mancozèbe), se poursuivant par six Altigan (fosétyl-Al + folpel) et se terminant par trois Trimiltox (cuivre + mancozèbe). Le Dithane fut appliqué onze fois et tous les dix àonze jours. Son efficacité sur grappe fut excellente tout comme celle des autres produits ou du programme. Aux feuilles âgées, il a apporté la même protection que le Quadris duo et le Mikal. Le Dithane n'a décroché qu'au regard de son efficacité sur les jeunes feuilles qui se maintient à un très bon niveau jusqu'à la fin juillet, puis chute vertigineusement. Ces résultats ont été obtenus contre une épidémie jugée ' précoce, puissante et de longue durée ', par la Protection des végétaux. Des essais antérieurs avaient déjà témoigné des performances des fongicides de contact appliqués à une juste cadence et renouvelés dès qu'ils ont essuyé 20 à 25 mm de pluie. Le tout est d'y arriver. Cela suppose des sols portants, comme les garrigues du Vaucluse. ' Ce sont des terrains qui se ressuient extrêmement bien ', observe Gilles Rouillon, le directeur de la coopérative d'approvisionnement de Sainte-Cécile-lès-Vignes (Vaucluse). A la majorité de ses clients, il recommande le Mikal. Mais aux vignerons qui cultivent ces sols, il conseille de travailler avec des fongicides de contact tout au long de la saison. ' On fait un pari sur la météo. S'il pleut moyennement, on est gagnant ; s'il pleut beaucoup, pas forcément. ' Dans ce dernier cas, il faudra un ou deux traitements de plus que prévu. C'est un moindre mal car jamais les vignerons ne seront empêchés de les faire : leurs parcelles sont accessibles dès le lendemain d'une forte averse. Sans une telle assurance, les utilisateurs de fongicides de contact s'exposent au mieux à des frayeurs, au pire à des accidents.

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