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Des grosses gouttes moins sensibles à la dérive

La vigne - n°119 - mars 2001 - page 0

Les buses à injection d'air produisent des gouttes chargées de bulles qui éclatent au contact du végétal. Le traitement est aussi efficace qu'avec des buses de désherbage classiques.

Comment obtenir une bonne couverture du traitement tout en limitant les phénomènes de dérive par le vent ? Avec des gouttes chargées de bulles. Elles sont produites par un nouveau type de buses à injection d'air, proposées par plusieurs sociétés (1). La buse est conçue pour que de l'air soit aspiré par effet venturi avec le passage du liquide, afin d'augmenter la taille des gouttelettes. Au moment du contact entre la gouttelette et le feuillage, elles éclateraient en multipliant leur nombre d'impacts. La couverture par le produit serait donc de bonne qualité.Une comparaison des dérives des différents types de buses a été réalisée par l'ITCF (Institut technique des céréales et des fourrages). Ce dernier a réalisé un désherbage à un débit de 0,8 l/min, avec une vitesse d'avancement de 10 km/h (soit une dose de 100 l/ha), en présence d'un vent de 3,5 m/s. Selon les marques testées, la baisse du volume de bouillie qui dérive peut aller de 38 à 71 % entre des buses à fente classique et celles à injection d'air. La performance des buses à miroir est comparable à celle des buses à injection d'air. Il a été noté que le déplacement des volumes dérivés des buses à injection d'air est moins important, contribuant aussi au meilleur respect de la dose envisagée. Parmi les buses antidérives (basse pression, pastille de calibrage et miroir), celles à injection d'air sont les plus efficaces. La sensibilité à la dérive dépend de la taille et de la vitesse de la goutte. Plus elle est petite, plus faible est sa masse, et moins sa vitesse est grande. Les plus petites gouttes sont donc plus sensibles à la dérive par le vent. C'est pourquoi l'ITCF a confronté le premier test avec une mesure du volume des gouttes de taille inférieure à 100 µm, qui correspond au volume de bouillie susceptible de dériver. Ces mesures ont surtout mis en évidence que le volume des gouttes pouvant dériver depuis les buses à injection d'air n'est que de 4,5 % du volume total. Les buses à fentes classiques transforment 19 à 26 % du volume de produit en gouttes de moins de 100 µm. Le volume de traitement pouvant dévier est donc quatre fois moindre pour une buse à injection d'air que pour celle à fente classique.Il est conseillé de combiner l'utilisation de buses à injection d'air avec des adjuvants qui contribuent à la limitation de la dérive. Mais la baisse de la dérive, grâce à une buse à injection d'air seule, est plus importante que celle due à un adjuvant. Par ailleurs, selon les tests, les grosses gouttes produites par ces buses ne favorisent pas forcément l'efficacité du désherbant. Ce test a démontré, contrairement à ce qu'on a tendance à croire, que le diamètre des gouttes n'est pas un critère déterminant pour l'efficacité d'un traitement herbicide, quel que soit son mode d'action. Quelques précautions doivent être prises avec l'utilisation de ces buses. Pour les installer, de par leur longueur plus grande que les autres, il est nécessaire d'effectuer quelques adaptations des supports des rampes. Il faut éviter que les buses soient en appui direct sur ceux-ci. Il faut adapter les supports pour que la rampe soit en appui dessus. Leur utilisation ne doit pas se faire à de trop haute pression car, composées de polymère, elles sont plus sensibles aux pressions élevées et s'usent plus rapidement. Enfin, le nettoyage est plus facile sur les buses à injection d'air les plus récentes car elles sont démontables, ce qui évite l'usage de l'air comprimé. L'air insufflé à contre-courant peut déplacer la pastille de calibrage et engendrer des refoulements au niveau de l'orifice d'aspiration. Le CIVC (Conseil interprofessionnel des vins de Champagne) va effectuer des essais sur ces buses durant la prochaine campagne. On aura donc encore plus de détails sur leurs performances pour le désherbage des vignes. (1) Les sociétés Albuz (Vincennes, Val-de-Marne), Arag (Rubiera, Italie), Billericay Farm Services (Essex, Royaume-Uni), Hardi-Evrard (Savigny-le-Temple, Seine-et-Marne), Lechler (Montreuil, Seine-Saint-Denis) et Teejet (Olivet, Loiret) proposent des buses à injection d'air.

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