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Les mycorhizes

La vigne - n°119 - mars 2001 - page 0

Les mycorhizes augmentent la surface de contact des racines avec le sol et améliore donc la nutrition de la plante hôte en eau et en minéraux peu mobiles dans le sol.

Truffes, cèpes, girolles ou bolets... voici des champignons mycorhiziens qui font saliver ! On parle ici d'ectomycorhizes dont la fructification donne les merveilles gastronomiques que l'on sait. En ce qui concerne la vigne, en revanche, la mycorhize appartient au groupe des endomycorhizes ; le champignon est microscopique et ne fructifie pas d'aussi belle manière. Privée d'atouts culinaires, la micozrhisation conserve cependant tout son intérêt agronomique. Les micorhizes sont connues depuis plus d'un siècle, mais en viticulture, les travaux sont assez récents. ' Les premières études ont débuté lorsque les réponses classiques face à des problèmes d'enracinement ou à des accidents de végétation ont montré leurs limites. Ces difficultés pourraient résulter indirectement de la détérioration de la qualité biologique du sol. Or, les champignons (mycorhiziens entre autres) contribuent à cet équilibre ', dit Rachida Nouaim, du laboratoire de microbiologie du sol de l'Inra de Dijon (Côte-d'or).A ce jour, peu de travaux ont été consacrés spécifiquement à l'association mycorhizienne sur la vigne, mais de nombreux résultats obtenus sur d'autres cultures pérennes peuvent être transposés. L'intérêt de la symbiose plante-champignon n'est ainsi plus à démontrer. Le champignon mycorhizien reçoit de la plante, à laquelle il s'associe, les sucres indispensables à son développement. Le champignon développe de nombreux hyphes (ou mycélium) à l'extérieur de la racine. Cela augmente considérablement le volume de sol prospecté par le système racinaire, et donc la surface de contact sol-plante. ' Pour une même réserve en eau du sol, un plant mycorhizé parvient à pomper davantage d'eau dans le sol ', constate Jean Parat de la société Biorize (Dijon), qui commercialise un inoculum d'endomycorhize sous licence Inra. La présence de mycorhizes améliore également la nutrition minérale de la plante, notamment en éléments peu mobiles dans le sol, comme le phosphore, et certains oligo-éléments. Le mycélium aurait aussi une incidence sur la structure du sol en termes d'agrégation et de porosité, mais également en alimentant la flore du sol lorsqu'il dégénère. Les pratiques culturales ont une incidence nette sur le fonctionnement de la symbiose mycorhizienne. Les apports de phosphore la défavorisent. ' En effet, explique Rachida Nouaim, si le phosphore est présent en quantité importante dans la solution du sol, la plante n'a pas besoin d'entretenir le champignon pour l'aider à puiser cet élément. ' Les fongicides, notamment ceux qui contiennent du cuivre, ont aussi un effet négatif sur les champignons du sol. Certains essais montrent d'ailleurs qu'il existe un effet cumulatif d'une année sur l'autre. Le couvert végétal du sol peut aussi influer sur la mycorhization. Le champignon mycorhizien est un symbiote obligatoire, ce qui signifie qu'il ne peut vivre que sur une plante vivante. La présence d'herbe dans les parcelles (notamment dans un enherbement naturel maîtrisé) serait donc susceptible d'améliorer le taux de mycorhization des plants.Enfin, la désinfection des sols déprime très nettement les champignons mycorhiziens qui mettent ensuite des années à réapparaître. ' En désinfectant un sol, on constate parfois que les pathogènes reviennent plus rapidement que les organismes bénéfiques à la vie et à l'équilibre du sol. Par ailleurs, le fait de laisser le sol nu pendant la période de repos réduit encore plus la population de champignons mycorhiziens. Il faudrait donc préférer un repos du sol avec un couvert végétal aux propriétés nématifuges. En maraîchage, on utilise l'oeillet d'Inde ', remarque Rémi Chaussod, du laboratoire de microbiologie des sols de l'Inra de Dijon. Les méthodes permettant d'évaluer les populations de champignons mycorhiziens dans les sols sont diverses et, pour certaines, coûteuses. Outre la présence du champignon, il faut en effet mesurer son aptitude à mycorhizer la plante. ' L'évaluation du taux de mycorhization du système racinaire en profondeur, sur une vigne en place, serait la mesure la plus pertinente. Cela reste cependant difficilement réalisable dans la pratique ', observe Rachida Nouaim. La société Biorize propose un certain nombre d'analyses pour effectuer un diagnostic. Si les champignons mycorhiziens sont faiblement présents ou inactifs, cette société commercialise un inoculum. ' Lors de la plantation, la présence de mycorhizes améliore le taux de reprise et la vigueur des jeunes plants, surtout dans le cas d'une complantation où la concurrence est rude ', explique Bachar Blal, de Biorize. Dans le cas où des plants en pots sont utilisés, l'inoculation peut se faire en pépinière. Cela suppose que les acheteurs acceptent le probable surcoût entraîné par la mycorhization. Pour les plants racines nues, il n'est pas question d'utiliser des plants mycorhizés en pépinière. En effet, les mycorhizes se trouvent essentiellement au niveau des petites racines qui sont coupées court au moment de la plantation. Dans ce cas, un apport au trou de plantation est proposé. Plusieurs chantiers sont suivis par Biorize. A l'éventuel risque de standardisation qui pourrait découler de l'utilisation d'un même inoculum sur des terroirs différents, Bachar Blal oppose l'argument suivant : ' Des essais sur des arbres forestiers montrent qu'avec le temps, les souches locales dominent celles apportées. L'inoculum sert uniquement à aider le plant dans ses premières années, puis l'équilibre se fait avec les microorganismes locaux. '

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