En dépit de l'investissement élevé que cela représente, plusieurs entreprises se sont déjà tournées vers la certification Iso 14001, une norme visant à réduire l'impact de l'activité viticole et/ou vinicole sur l'environnement.
La première certification environnementale concernant notre filière date de décembre 1998, avec la maison champenoise Pommery. Depuis, six autres entreprises de Champagne, de Gironde et de l'Aude ont obtenu leur certification, en incluant ou non le vignoble selon les cas. La plupart d'entre elles sont des structures de taille importante, qui sont aussi certifiées Iso 9001 et ont, en interne, un responsable qualité. Seule exception, le château de Boursault (Marne) dont la démarche a été entièrement menée par le régisseur, depuis les 18 ha du vignoble jusqu'à la commercialisation, avec l'aide d'un consultant extérieur.L'une des premières difficultés rencontrées par les candidats à la certification est de recenser tous les textes réglementaires s'appliquant à l'entreprise. ' Il existe de nombreux textes que nous sommes loin de connaître, constate Marie-Angèle Ndeby, responsable qualité pour les Vignerons de la Méditerranée (Aude), filiale du Val d'Orbieu. Par exemple, certains textes annexes ne sont pas liés directement à notre activité, mais à un produit ou à un équipement présent sur le site. Pour la chaudière, il faut prévoir un contrôle d'étanchéité de la cuve à fioul. Afin d'être certain de ne rien oublier, nous avons fait réaliser un audit réglementaire. ' Les Vignerons de la Méditerranée ont été certifiés Iso 14001 en juin 2000, depuis la réception des vins bruts jusqu'à la commercialisation. Une fois la certification obtenue, la réglementation continue d'évoluer ; il faut donc effectuer un travail de veille réglementaire. L'arrêté sur les installations classées spécifique aux caves produisant plus de 20 000 hl, signé en mai 2000, prévoit par exemple un calendrier de mise en conformité pour les installations existantes. ' Ces nouvelles dispositions devront, pour certaines, être intégrées à notre démarche environnementale ', explique Emmanuelle Pouchard, de la cave de Rauzan (Gironde), certifiée en janvier 1999. Pour connaître ces évolutions, il faut s'abonner à différentes publications environnementales et officielles. Cependant, l'interprétation des textes étant difficile, il peut être important de se faire aider par des organismes extérieurs, privés ou professionnels. L'obtention de la certification ne représente en aucun cas une fin en soi. En effet, le principe de l'amélioration continue constitue l'un des principes de base de la norme. Les audits permettent d'ailleurs de vérifier que l'entreprise se situe toujours dans une démarche d'amélioration. Chez Pommery, par exemple, on a constaté une réduction de la consommation d'eau de 37 % entre 1997 et 1999. Concernant les déchets, dix-neuf catégories font aujourd'hui l'objet d'un tri spécifique (contre quinze en 1997), et ils sont valorisés à 93 % (contre 78 %) soit par recyclage, soit par incinération avec récupération d'énergie. Dans toutes les entreprises, des améliorations ont été apportées au fur et à mesure de la mise en place dans les circuits de récupération des déchets. La terre de filtration, par exemple, peut aujourd'hui être reprise par la société Faure, déjà impliquée dans la récupération des solutions de détartrage. La valorisation de certains déchets (verre, carton, plastique notamment) permet de couvrir les frais de collecte et de transport. ' Grâce au tri, les volumes mis en décharge diminuent. Cela nous permet de réaliser des économies sur ce point, explique Marie-Angèle Ndeby. Les économies d'eau sont aussi à prendre en compte. Actuellement, nous travaillons à la réduction des consommations d'électricité et de gaz. ' Malgré tous ces efforts, la certification Iso 14001 coûte plus qu'elle ne rapporte. Il faut notamment prendre en compte les aménagement liés à la séparation des réseaux d'eau, les plates-formes de stockage des marcs aménagées pour récupérer les jus qui s'écoulent, la sécurité incendie, le conseil extérieur, le temps passé, l'adaptation du matériel, la maintenance... Selon la taille et la situation initiale de l'entreprise, les subventions obtenues, la sensibilité du milieu récepteur, l'investissement global varie de 500 000 à 15 MF. Notons toutefois que la plupart de ces points constituent des obligations réglementaires concernant tout ou partie des opérateurs selon leur taille et l'environnement de la cave, que ceux-ci s'engagent ou non dans une démarche de certification. D'un point de vue commercial, il ne faut pas attendre de résultats spectaculaires. ' Le vin produit dans une entreprise certifiée n'est pas meilleur qu'un autre, explique une responsable qualité. Ce n'est donc pas cela qui nous fera gagner des marchés ! En revanche, nous apportons un plus environnemental qui nous permet de nous démarquer de la concurrence. Cet argument est particulièrement apprécié par les acheteurs allemands et scandinaves. Ainsi, à qualité et prix équivalents, un acheteur choisira peut-être notre entreprise plutôt qu'une autre grâce à la certification. '