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archiveXML - 2001

Avec une pulvérisation de qualité, Bernard Bonnet choisit de réduire ses doses de phytos

La vigne - n°121 - mai 2001 - page 0

La dose homologuée est garante de l'efficacité d'un traitement. Certains prennent le risque d'appliquer une dose inférieure en s'entourant de multiples précautions.

'Tout se joue sur la qualité de la pulvérisation ', affirme Bernard Bonnet. Pour lui, si le traitement se fait de manière irréprochable, rien ne l'empêche de diminuer les doses de matières actives en pleine végétation. Au pire, il ne les baisse ' que ' de 10 % par rapport à celles prescrites par les firmes. Depuis l'achat de son nouveau pulvérisateur, Bernard Bonnet les a réduites en moyenne de 15 %. Il a commencé avec précaution en ne les diminuant que de 10 %, puis de 15 % en 1994 et 1995. Qu'il s'agisse de traiter le mildiou, l'oïdium, les acariens ou les cicadelles, il applique toujours le même principe : ' La pression et le seuil d'infestation de la maladie déterminent si la réduction de dose sera de 10 ou de 20 %. 'Bernard Bonnet a une démarche complète l'autorisant à baisser les doses sur ses 22 ha de vignes. Elle concerne la qualité de la pulvérisation, qui doit être irréprochable. Ici, quand on parle de pulvérisation, il ne s'agit pas que du réglage du pulvérisateur. Tous les paramètres favorisant la pénétration des produits phytosanitaires doivent être à leur optimum. La conduite de la vigne en est un. Elle passe par la maîtrise de la vigueur et la répartition homogène du feuillage. En premier lieu, le pulvérisateur fait l'objet de réglages minutieux. ' Ses mains sont judicieusement inclinées vers l'arrière afin de soulever les feuilles plutôt que de les plaquer ', explique Bernard Bonnet. Il limite d'ailleurs sa vitesse d'avancement à 5 km/h. Des tests avec du papier hydrosensible sur les deux faces des feuilles informent sur leur accessibilité et sur la bonne répartition du flux. ' Tous les deux ans, je vérifie moi-même la qualité de mon pulvérisateur avec du papier hydrosensible. Cela me prend deux heures. Mon fournisseur m'a formé quand j'ai acheté ce matériel. ' Bernard Bonnet a d'ailleurs collaboré à la conception de son outil. Il a opté pour un modèle visant simultanément six faces sur trois rangs, afin de traiter l'ensemble de ses 22 ha en une seule journée. ' Si j'ai décidé de traiter, je traite. Grâce à un réglage adapté, la rosée et le vent ne sont plus gênants. ' Seule la pluie l'empêche de traiter. Mais il surveille la météo et les modèles de prévision. Il s'est équipé d'un pluviomètre pour connaître précisément la quantité d'eau qui tombe sur ses parcelles et estimer le lessivage des produits. Il peut donc adapter les conseils extérieurs aux particularités de ses vignes. Même si le pulvérisateur est réglé avec minutie, une vigne trop touffue sera mal couverte par un traitement. C'est pourquoi Bernard Bonnet s'applique dans la conduite de ses vignes. ' Je réduis la vigueur grâce à un enherbement total. Je ne détruit l'herbe que si la vigne risque une carence. ' La répartition du feuillage est maintenue homogène et aérée afin de favoriser la pénétration du produit. ' Je taille en éventail avec deux flèches courtes. La vigne perd ainsi un peu en vigueur. Dans la région, on trouve plutôt le Guyot simple ou double. J'effectue aussi de l'ébourgeonnage en vert. Je dégage la zone fructifère, les contre-bourgeons et les pousses sur les vieux bois. Certains cépages nécessitent un effeuillage. Je soigne aussi mon palissage. ' Ici, la végétation monte jusqu'à 2,20 m, soit environ 30 cm de plus que la moyenne dans la région. Le feuillage s'étale donc sur une hauteur de 1,40 m. ' Je rogne afin de maintenir l'épaisseur à 50 cm. C'est important pour la pénétration du produit. ' Cette démarche globale encadrant la pulvérisation conforte notre vigneron dans sa décision de réduire ses doses. Depuis qu'il travaille ainsi, il n'a pas eu plus de frayeurs qu'à la normale. Et il n'a pas non plus accéléré ses cadences. Mais alors, quand baissera-t-il ses doses de 25 % ? A ce niveau-là, Bernard Bonnet se pose des questions concernant la rémanence des produits. Il ne connaît pas suffisamment les matières actives pour aller plus loin. Un seuil qui ne pourra être franchi qu'avec les fournisseurs.

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