La Cnaoc propose l'instauration d'un rendement aberrant au-dessus duquel la parcelle surchargée serait déclassée. ' On ne doit plus être laxiste ', martèle son président.
C'est en Champagne qu'a eu lieu, cette année, le traditionnel conseil d'administration itinérant de la Cnaoc (Confédération nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie à AOC). C'était le 29 mai, la même semaine que le comité national de l'Inao. L'essentiel des travaux a été consacré à la réforme des rendements, sachant que le ministère a demandé leur réduction. La Cnaoc propose, et c'est une nouveauté, la mise en place d'un ' rendement aberrant ' contrôlé à la parcelle. ' On ne veut pas de baisse généralisée des rendements, mais pénaliser ceux qui produisent trop sur une parcelle, c'est-à-dire lutter contre les sur-rendements ', explique le président Philippe Feneuil, vigneron champenois. Alors que le rendement butoir définit de fait la quantité maximale que l'on peut ramasser (ramenée à l'exploitation), le rendement aberrant (à la parcelle) se situerait au-dessus. ' En Anjou, on envisage 15 à 20 % au-dessus du rendement butoir ', dit un responsable de cette région. A chaque syndicat de définir son rendement aberrant, qui pourrait varier selon la qualité des millésimes.Si une parcelle se situe réellement au-dessus de ce rendement aberrant, elle sera déclassée. ' Le système doit être opérationnel : aujourd'hui, on ne peut pas déclasser toute une propriété ; par contre, une parcelle donnée, oui. La sanction serait proportionnée ', annonce-t-on. Il faudra créer, par commune, canton ou appellation, des commissions de vignerons pour inspecter les vignes plusieurs fois par an et ' repérer ' les surchargées. Cela se fait déjà à Madiran (Gers) ou à Château-Chalon (Jura). Et avant la vendange, faire tomber la sanction... sans attendre la déclaration de récolte et le jeu des ' vignes éponges '. Pour cela, il faudra une décision de l'Inao et des textes de loi, ce qui est loin d'être fait. ' Et pour une application concrète à la vendange 2002, martèle le président. Je rencontre encore des vignerons champenois heureux de récolter 30 000 kg/ha ! Nous n'avons plus le droit d'être laxistes. Nous sommes observés par tous. Dans les villages, tout le monde se connaît, on sait qui travaille mal. Les syndicats prendront leurs responsabilités. Peut-être ne faudrait-il pas pénaliser dès la première fois, mais instaurer un système d'avertissements. ' Sur le front des plantations, la Cnaoc souhaite 4 500 ha de droits externes pour la campagne prochaine. Sachant que les vins de pays sont demandeurs de 2 000 et 3 000 ha, on est loin du plafond total souhaité par Jean Glavany, environ 5 000 ha ! Un bras de fer est engagé. A la Cnaoc, on refuse de parler de ' crise ' des appellations, comme c'est le cas pour les vins de table et de pays. ' Nous voulons être offensifs. Nous demandons toujours notre droit à la croissance. Les tableaux de bord doivent être impeccables et s'il y a des signaux négatifs, ne pas autoriser de plantations. 'Un autre dossier était au programme : le budget de l'Inao. L'Institut n'a manifestement pas les moyens de travailler, avec, en plus, l'incorporation récente des indications géographiques protégées (IGP). L'Etat ne mettra plus la main à la poche. On craint que les vignerons n'aient à le faire : c'est déjà officiel pour ceux qui planteront, avec des frais de dossiers passant de 500 à 800 F. Cela pourrait le devenir pour tous, alors qu'aujourd'hui, 40 ct/hl sont déjà versés. ' C'est inadmissible, alors que l'Etat récupère 800 MF/an via les droits de circulation ', explique le président Feneuil.