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Maladies du bois, une nouvelle vague

La vigne - n°122 - juin 2001 - page 0

L'hiver doux et humide a, d'une part, favorisé la propagation des champignons et, d'autre part, empêché le traitement des vignes.

Cet hiver, les périodes pendant lesquelles les traitements contre l'esca étaient possibles ont été très courtes. L'hiver fut trop arrosé pour que les sols soient praticables. Au printemps, entre l'attente exigée pour le ressuyage des sols et la reprise végétative estimée très précoce, le positionnement des traitements à l'arsénite de sodium s'est avéré délicat. Le débourrement de la vigne a finalement eu lieu plus tard que prévu, mais tout de même avec de l'avance. L'hiver a été suffisamment doux pour que la vigne ne marque pas un arrêt végétatif complet. L'emploi d'arsénite risquait alors de provoquer des problèmes de phytotoxicité.A Cognac, une autre difficulté est venue se greffer aux pluies. Il fallait programmer ses interventions en fonction de deux phénomènes : les vignes grêlées en 2000 qui ne pouvaient pas être traitées, et les parcelles précoces qui ne pouvaient déjà plus l'être. Des traitements ont été annulés alors que le seuil d'intervention avait été dépassé. Les vignerons ont accepté l'idée que leurs vignes ne pouvaient pas être protégées cet hiver. Que le vigneron ait recours à des prestataires de service ou qu'il traite lui-même ses vignes, la planification des traitements a posé quelques problèmes. Les traitements auraient dû se faire pendant une période trop brève. Dans les parcelles les plus humides du Beaujolais, les vignerons n'ont disposé que de deux semaines pour les effectuer. La lutte recommandée contre l'esca s'articule sur deux traitements successifs sur deux ans, suivis d'une année sans traitement. Un conseiller en viticulture explique : ' Etant donné que l'arsénite de sodium va être interdit, c'était la bousculade pour effectuer deux passages deux années successives avant 2003. ' De plus, pour certains professionnels, il est probable que l'absence de traitement cet hiver engendre une perte économique. Cela concerne les parcelles traitées en 2000, et pas traitées cette année. Ces dernières devront donc être traitées en 2002 et 2003. Le traitement de 2000 peut alors être considéré comme inefficace, et donc superflu. Cela n'inquiète pas un vigneron dans l'Aude qui n'a pas effectué tous ses traitements : ' J'ai stocké mes produits. Ce n'est pas plus mal dans le cas où l'Ecotaxe monte. ' Il est encore trop tôt pour effectuer un bilan concernant les surfaces dont les traitements ont été annulés. Du côté des distributeurs, on estime parfois jusqu'à 30 % la baisse des ventes d'arsénite. Dans une série régulière de traitements, si le passage de 2001 n'a pas eu lieu, les conséquences seront moins importantes. A la station viticole de Cognac, François Desaché se veut rassurant : ' L'esca est préjudiciable seulement si les vignes n'ont pas été traitées pendant de nombreuses années. Il est possible de sauter deux années consécutives, sans trop de conséquences. Il est encore trop tôt pour se prononcer sur le développement de cette maladie, car il faut une conjugaison de nombreux facteurs pour qu'elle se développe. La protection aura été inférieure au risque. Il faut continuer à inciter les vignerons à traiter. ' L'eutypiose effectue un retour en force. Si l'on en croit les hypothèses de Bernadette Dubos, de l'Inra de Bordeaux, la libération des spores a été massive dès le début de l'hiver. ' L'humidité accélère la maturation des périthèces. Les vignes taillées précocement semblent avoir été réceptives au moment où le potentiel de contamination était au plus haut. On peut imaginer que les champignons ont épuisé très vite leur stock par la suite. ' Les contaminations se seraient donc déroulées surtout au début de l'hiver. En contrepartie, les ceps qui ont beaucoup pleuré sont restés faiblement réceptifs. Le printemps pluvieux a favorisé l'expression des symptômes : des bras morts sont déjà observables. ' Nous assistons aussi à un retour de l'excoriose. Le respect des seuils d'intervention reste primordial. Les vignerons semblent avoir tendance à l'oublier ', observe Bernadette Dubos. Pour couronner le tout, le black dead arm devient menaçant. Cette maladie du bois, dont les symptômes sont proches de ceux de l'esca, pourrait exploser dans certaines parcelles déjà atteintes. ' Elles représentent un problème économique important dans nos vignobles, confirme-t-elle. Pourtant, la recherche sur ce sujet n'est pas prioritaire en France. D'ici à 2003, nous n'aurons sans doute pas encore trouvé d'alternative à l'arsénite de sodium. La propagation actuelle des maladies du bois va peut-être secouer les pouvoirs publics. '

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