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Pour remplacer ses manquants, Gérard Cazals pratique le marcottage

La vigne - n°122 - juin 2001 - page 0

Le marcottage est une pratique ancienne qui se perd peu à peu. Pourtant, elle permet de combler facilement les trous laissés par les ceps morts.

Le marcottage est une technique ancienne, très utilisée avant l'arrivée du phylloxéra, pour multiplier les vignes. Mais il se perd peu à peu, et plusieurs conseillers semblent réticents à le recommander, lui préférant la complantation. Pourtant, cette pratique garde des atouts, et peut ponctuellement rendre des services. Certains vignerons utilisent le marcottage pour remplacer les manquants dans leurs vieilles vignes, ayant moins de dix ans à produire. Ils peuvent ainsi les faire durer un peu plus longtemps. D'autres ont choisi cette solution pour remplacer les ceps morts dans les sols trop durs, où il est difficile de creuser des trous pour installer de jeunes plants.Dans l'arrière-pays biterrois, les vignes se trouvent sur des parcelles pentues dont le sol est parfois difficile à travailler. ' Ici, le travail est dur, il faut y être né pour y rester ', lance Gérard Cazals. Adhérent à la cave coopérative de Roquebrun, il exploite quinze hectares de vignes répartis dans la haute vallée de l'Orb. Dans l'une de ses parcelles, plantée en grenache, il marcotte pour remplacer les manquants. Ces plants sont morts, le plus souvent, à cause de l'esca. Gilbert Cazals a traité plusieurs fois à l'arsenite, ce qui a permis de limiter l'expression de cette maladie. Cependant, il estime avoir déjà réalisé mille marcottes dans cette parcelle de deux hectares, âgée d'une trentaine d'années, où les pieds sont plantés au carré à 1,65 m. Pour lui, cette opération est simple comme bonjour. ' Je fais ça en hiver ou au début du printemps. Il suffit de garder une bûche assez longue à la taille. L'idéal, c'est qu'elle parte du bas du cep, mais c'est rarement le cas. Ensuite il faut éliminer tous les bourgeons sur ce sarment, et en garder trois à l'extrémité. ' Puis, avec une pioche, Gérard Cazals creuse une tranchée entre le pied portant le sarment et l'emplacement du manquant. Il couche le sarment dans ce sillon, puis il le recouvre de terre en laissant ressortir son extrémité, qu'il attache à un tuteur. ' C'est tout simple. Il y en a pour dix minutes seulement, et ça marche à tous les coups ! Il arrive même que la souche mère crève mais pas la marcotte. On peut également effectuer plusieurs marcottes à partir d'un même pied ', explique-t-il. Cela marche à tous les coups, à condition de prendre quelques précautions. ' Parfois, le plant que l'on souhaite remplacer n'est mort que dans sa partie haute. Il arrive que le porte-greffe ressorte à l'emplacement de la marcotte, et il devient difficile de s'en débarrasser. Pour éviter cela, il faut creuser assez profondément et bien arracher le porte-greffe avant de faire le marcottage ', insiste-t-il. Il explique également que certains cépages semblent plus adaptés à cette technique que d'autres. Le grenache, par exemple, avec ses longs sarments, se prête bien au marcottage. ' En revanche, ça risque d'être un peu juste avec le cinsault. ' ' L'avantage, c'est que cette marcotte porte des fruits dès la première année ! ' poursuit Gérard Cazals. Il compare ce résultat à des complants qui, mis en place il y a trois ou quatre ans sur cette même parcelle, végètent toujours. La comparaison des coûts d'interventions est elle aussi très favorable à la pratique ancestrale. Des racines se forment ensuite au niveau des noeuds du sarment enterré. ' La marcotte se nourrit elle-même, par ses propres racines, mais elle est aussi alimentée par la plante mère. Il ne faut jamais couper cette liaison, à cause du phylloxéra. ' Ce cordon, qui plonge dans la terre et permet de garder la marcotte en vie, forme des entraves qui gênent le travail du sol. ' Une fois les marcottes en place, la parcelle ne peut plus être labourée ', confirme Gérard Cazals. La mécanisation devient elle aussi plus difficile. Des sangliers viennent parfois déterrer les sarments. Il arrive également que des pousses sortent de terre entre la marcotte et la souche mère, au niveau des noeuds du bois enterré. ' Malgré ces désagréments, insiste Gérard Cazals, le marcottage n'est vraiment pas compliqué à réaliser. '

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