Les Français ont bien intégré le message ' le vin c'est bon pour la santé '. Ils définissent même leur perception d'une consommation modérée - 3,3 verres de 12 cl par jour. Un seuil qui semble cependant plus élevé que ce qui est médicalement acceptable.
C'est plutôt une bonne nouvelle pour les vignerons, l'une de celles qui met du baume au coeur dans un contexte général plutôt morose de surproduction notoire et de mévente persistante : deux tiers des Français (exactement 64 %), toutes classes sociales confondues, en sont désormais convaincus, le vin ' c'est bon pour la santé '.C'est ce qui ressort des interprétations analytiques de l'enquête 2000 Onivins-Inra, diffusées au mois de juin 2001, sur la perception par le grand public français des différents messages sur le vin et la santé. Elles entérinent une tendance initiée depuis plusieurs années, à savoir que le message autour des bienfaits du vin sur la santé passe bien, solidement renforcée au lendemain de la mise en évidence du french paradox au milieu de la décennie et de la très large communication qui a suivi. En 2000, 44 % de nos compatriotes estiment qu'une consommation modérée de vin peut avoir des effets bénéfiques et prévenir de certaines maladies, au premier rang desquelles et de très loin pour les trois quarts de ces optimistes, les maladies cardio-vasculaires qui ont fait l'objet de très nombreux articles de presse ces dernières années. En revanche, dans cette dernière catégorie, ils ne sont guère plus de 2 % à établir un rôle préventif vis-à-vis des maladies digestives, neurologiques, le cancer ou contre le vieillissement... La communication sur le french paradox a décidément laissé son empreinte. Par ailleurs, une grosse moitié des Français défend bec et ongles une consommation modérée de vin : ils sont 54 % à nier qu'elle puisse favoriser les maladies. Parmi les 27 % qui affirment l'inverse, 64 % (soit 18 % de la population globale) accusent le vin de favoriser les maladies digestives qui comprennent la cirrhose, 20 % (soit 5 % de nos compatriotes) craignent les maladies neurologiques, et 18 % (4 % des Français) estiment que le vin favorise les maladies cardio-vasculaires. Les plus jeunes sont les plus récalcitrants et les plus méfiants. ' Globalement, ils prennent davantage en compte les effets d'apparition de maladies que les adultes ou les seniors ', analyse Patrick Aigrain de l'Onivins, co-auteur de l'étude. Et ils représentent même plus de la moitié (56 %) dans la tranche d'âge de 15 à 17 ans, à désapprouver l'affirmation le vin ' c'est bon pour la santé '. ' Ils ont un usage plus irrégulier du produit, estime notre interlocuteur. Ils sont moins connaisseurs et, surtout, ils sont beaucoup plus sensibles à la communication publicitaire, aux messages de santé publique de lutte contre l'alcoolisme (souvenez-vous des campagnes de prévention ' tu t'es vu quand tu as bu ') ou aux articles de presse. Ils n'ont pas acquis l'expérience des adultes qui possèdent un certain recul vis-à-vis des messages diffusés. ' En revanche, et c'est sans doute le revers de la médaille de cette bonne nouvelle, à la question ' c'est quoi une consommation modérée de vin ', 97 % des Français savent répondre et ils le font toujours par référence à une consommation régulière, quotidienne, par jour ou par repas. Ils l'expriment en nombre de verres par jour. Le verdict est de 3,3 verres de 12 cl par jour, soit une moyenne annuelle de 143 litres avec de faibles variations entre 120 et 185 litres par an. La réponse est étonnamment précise, et même les non-consommateurs sont capables de définir une ' dose '. ' Indépendamment de leur comportement personnel de consommation, les Français ont intégré un message de santé publique qui se définit en termes de seuil, de 3,3 verres par jour, analyse Patrick Aigrain. Une quantité qui est médicalement parlant contestable. ' Cela signifie qu'un message est passé. Finalement, les Français ont intégré, pour le vin en général, le discours lié au french paradox et plus particulièrement aux maladies cardio-vasculaires. Car, globalement en termes de prévention publique, ' on ne devrait pas communiquer sur un seuil mais sur les facteurs de risques réels (corpulence, forme du corps, masse graisseuse, capacité de l'individu à dégrader l'alcool, grossesse...) ', poursuit Patrick Aigrain. L'enseignement de cette enquête montre bien que même si le milieu médical ne met jamais en avant des seuils appliqués à une pathologie donnée, c'est un seuil qui en ressort. ' On est face à un problème de communication en terme de santé publique ', conclut Patrick Aigrain.