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Afin de prolonger la durée de vie des parcelles, Joël Cirotte prend le temps de soigner ses vieux ceps

La vigne - n°125 - octobre 2001 - page 0

Il est recommandé de débarrasser les ceps du bois mort pour diminuer leur dépérissement. Une taille minutieuse limitera la quantité de bois à sectionner.

'Les vieilles vignes méritent d'être pérennisées, déclare Joël Cirotte. Tout d'abord parce qu'elles expriment mieux le terroir que de jeunes vignes. Ensuite, parce qu'elles présentent un intérêt économique grâce à la plus-value sur les vins qu'elles produisent. Et enfin, d'un point de vue sentimental, je tiens à conserver les vignes qu'avaient plantées mon père et mon grand-père. C'est une façon de garder un patrimoine qui a tendance à disparaître. ' Malheureusement entre les années 1965 et 1970, ces vieilles vignes ont subi un changement de mode de conduite. Elles sont passées du cordon de Royat au guyot simple.
Comme pour tout coup de sécateur sévère, une partie du bois se retrouve inutile et dépérit. Au niveau de la plaie, le bois qui est mort va être à découvert et sujet aux agressions extérieures : pluie, bactéries, champignons et larves. Sa décomposition va commencer en haut du pied et progresser jusqu'au bas. Ce bois pourri peut devenir néfaste pour les parties encore vivantes.

' Il faut permettre à l'eau qui rentre ainsi dans le cep de s'échapper en enlevant le bois en putréfaction ', insiste Joël Cirotte. Lors de cette opération, il en profite pour frotter les ceps afin de les débarrasser du surplus d'écorce. ' Cela permet à des yeux dormants de partir. Les vieux ceps reprennent ainsi un peu de vigueur ', observe-t-il. Le bois restant vit dans un environnement plus sain. La partie vivante du bois recouvre mieux les zones qui avaient été dégagées.
Les bois morts peuvent être enlevés avec un coup de pied. Mais lorsqu'il s'agit du coeur du pied, il faut oeuvrer avec précision. Il faut évider cette zone et éviter que l'eau n'y stagne. Joël Cirotte utilise parfois une tronçonneuse pour le réaliser : ' On peut travailler avec la tête de la tronçonneuse et sculpter dans le bois mort. ' D'ailleurs, il est à la recherche d'une tronçonneuse plus petite, avec un circuit de lame moins large pour mieux épouser les formes des creux, pour diminuer la fatigue provoquée par la manipulation à même le sol de cet engin lourd. ' Si au bas du cep, une cuvette se forme, il faut effectuer un sillon avec la tronçonneuse pour permettre à l'eau d'être évacuée ', ajoute Joël Cirotte.
Ces opérations sont longues. Joël Cirotte s'y attèle avec ses employés à la fin de l'hiver, lorsque l'ensemble de ses parcelles est taillé. Ainsi les ceps sont plus visibles. Il marque les pieds pour les retrouver à la fin de l'hiver. Joël Cirotte ne tient plus à effectuer ce type de nettoyage au moment de la taille, car cela dégrade les sécateurs de nettoyer de trop gros bois et fatigue les manipulateurs.

Quand il n'utilise pas sa tronçonneuse, il se sert d'un marteau et d'un burin. Cela n'engendre aucune blessure au pied, car souvent la partie morte du bois se sépare en un unique morceau. ' Surtout si les larves dans le bois mort ont construit des cavités, remarque Joël Cirotte. Parfois, on a légèrement blessé le pied en essayant de le nettoyer, mais ce mal est bien moindre que les méfaits du bois mort en décomposition. Il faut toujours bien observer le pied pour bien le couper et limiter les accidents. '
' Ce n'est pas possible d'estimer le temps nécessaire pour nettoyer un vieux cep, car tout dépend de sa physionomie et du type d'opération qu'il faut lui faire. Cela donne des sculptures assez poussées, à un tel point que l'on reconnaît d'une année à l'autre les pieds que l'on avait façonnés. ' Les ceps ont parfois des allures très tarabiscotées, avec un pied en deux parties qui se rejoignent au niveau du premier fil de palissage, ou encore un pied en forme de gouttière aboutissant à un orifice. Possédant 2 ha de vieilles vignes, et 6 ha de vignes âgées entre vingt et trente ans, il lui a fallu trois saisons pour mener ce type d'entretien poussé avec ses deux ouvriers. Maintenant, il poursuit l'opération.
' Cela faisait longtemps que je voulais apporter ce type de soins à ces vieux ceps. Je regrette de ne pas avoir entamé ces opérations encore plus tôt ', remarque Joël Cirotte. Le nombre de manquants (hormis l'eutypiose et l'esca) n'a pas progressé depuis qu'il soigne ses vieux ceps. ' Les plus vieilles vignes, plantées en 1947 et 1959, vont pouvoir aller jusqu'à 60 à 70 ans. '





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